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Baalbeck - Company Segundo et Orquesta Aragon Cuba Folk (photos)
Par HERT MAYA GHANDOUR, le 09 août 2000 à 00h00
Tout Baalbeck ondulait. Certains des hanches, d’autres des bras, les plus timides des doigts seulement. L’énergie étant au rendez-vous, en cette soirée de fiesta cubana. Tant du côté de la scène que de celle du public. Même la nouvelle génération semblait se retrouver dans ces tubes d’un autre âge. Il faut dire que Orquesta Aragon et Compay Segundo et ses «compadres» ont tout fait pour. Opération réchauffement avec l’Orchesta Aragon. 21h10. Douze musiciens en vestes multicolores, suivis par un danseur emballé et emballant s’approprient la scène. Le rythme se propage vers les 4 500 spectateurs, lentement mais sûrement. On commence à taper des mains, les pieds prennent vite le relais et c’est au tour des hanches. Le principe de cette Charanga est presque aussi vieux que le siècle. À savoir le mélange d’un quatuor de violons, d’une flûte traversière d’inspiration classique et des percussions dans le plus pur style afro-cubain. Le tout rehaussé par des parties vocales très expressives. À ce jeu, l’Orquesta Aragon est l’une des plus anciennes institutions, la formation originelle ayant vu le jour en 1939. Depuis, bien sûr, les cadres se sont renouvelés mais l’esprit n’a guère varié, à ceci près que ledit orchestre a fait siens les modes successives qui ont pénétré Cuba : cha-cha-cha, descarga, jazz, salsa et rumba. Ce sont ses ingrédients que mixe avec talent le combo dirigé désormais par Rafael Lay Bravo, digne fils de son père violoniste qui dirigea l’orchestre, pour une musique qui flirte avec les bals pop, et qui fleure bon les années 50 sans jamais jouer la carte d’un kitsch facile et désuet. Destination la piste de danse. À deux, s’il vous plaît Compay et ses compadres Le jour, Francesco Repilado roulait les cigares. La nuit, il grattait ses tubes dans les gargotes de La Havane. Petit garçon, à Santiago, il avait tant écouté les trovadores qui sillonnaient les campagnes cubaines... Le mythe de La Havane nous a fait écouter ses racines en interprétant une musique qui plaît à la fois aux vieux et aux jeunes comme Chan Chan, Macusa…. Ces racines trouvent leurs origines dans les campagnes où les musiques venues d’Afrique, d’Espagne et de France ( via Haïti) ont donné naissance dès le début du XXe siècle au «Son», style musical désormais traditionnel dont on dit qu’il est à la musique cubaine ce que le blues est à la musique américaine. Comme dans le blues, on chante le quotidien. Comme dans le blues, les guitares acoustiques ont un rôle primordial pour accompagner le chant. Le reste de l’orchestre étant souvent composé de très ou de quatro, petites guitares des Caraïbes, de la contrebasse et des percussions ( maracas, guiro, bongos et clave). Le «Son» est donc essentiellement acoustique et les guitaristes dialoguent avec le chant selon un schéma traditionnel de questions-réponses où l’ improvisation est l’occasion de se mettre en valeur. Compay Segundo est le plus illustre et le plus vieux représentant du «Son» : guitariste, compositeur, chanteur, showman vedette depuis les années 40, premier à enregistrer un 78 tours en 1937 et Disque d’or 60 ans plus tard dans le monde entier grâce à Wim Wenders et le guitariste américain Ry Cooder. Imprégné des musiques des «trovadores» qui sillonnaient la campagne cubaine, Compay Segundo a popularisé ce style dans les villes. Il est l’un des principaux artisans de l’évolution du «Son» au cours de ce siècle. Pour imposer son style, il «costumisa» sa guitare en lui ajoutant une septième corde, doublant le Sol à l’octave. Il lui donna le nom d’«harmonico». De belles ballades menées par sa voix chaleureuse : sarandonga, mujeres de Mayari… Il n’y a aucun doute sur la beauté de cette tradition d’antan, ressortie de derrière les fagots, sa mélancolie voluptueuse, sa vertigineuse langueur. Nul doute non plus quant à l’engouement du public: en témoignent les quatre mille personnes déchaînées. Sans doute la bière et le vin (qui coulaient à lot) aidant… En 1997, à l’ occasion de ses 90 ans, il a reçu la Orden Felix Varela, plus haute distinction honorifique du monde des arts à Cuba. Le doyen du son cubain Compay Segundo savoure sa gloire avec la gourmandise d’un gosse. Ajoutons que l’homme, doyen mondial des musiciens sous contrat, est d’une gentillesse désarmante et l’étincelle de son œil est toujours vive : il nous a confié qu’il avait une fiancée de 43 printemps. Et qu’il travaillait activement sur son sixième enfant….
Tout Baalbeck ondulait. Certains des hanches, d’autres des bras, les plus timides des doigts seulement. L’énergie étant au rendez-vous, en cette soirée de fiesta cubana. Tant du côté de la scène que de celle du public. Même la nouvelle génération semblait se retrouver dans ces tubes d’un autre âge. Il faut dire que Orquesta Aragon et Compay Segundo et ses «compadres» ont tout fait pour. Opération réchauffement avec l’Orchesta Aragon. 21h10. Douze musiciens en vestes multicolores, suivis par un danseur emballé et emballant s’approprient la scène. Le rythme se propage vers les 4 500 spectateurs, lentement mais sûrement. On commence à taper des mains, les pieds prennent vite le relais et c’est au tour des hanches. Le principe de cette Charanga est presque aussi vieux que le siècle. À savoir le mélange...