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Actualités - REPORTAGES

Le concours de l'Etat est indispensable pour le développement des PME libanaises (photo)

On l’a déjà dit, le projet Med-BN, aussi ambitieux et important soit-il, a suscité quelques réserves durant la réunion de Milan. C’est peut-être son côté général qui gêne mais sûrement pas au point de constituer un obstacle pour la réalisation d’un réseau jugé capital pour l’ensemble des pays de la région euroméditerranéenne : Med-BN est considéré comme étant un élément moteur pour l’institution d’un tissu économique qui se renouvelle. Mais des zones d’ombre persistent : «Il y a beaucoup de questions qui sont soulevées et auxquelles il aurait fallu répondre plus tôt», constate Mme Daisy Baddoura, directrice de l’Institut de formation par alternance franco-libanais à la CCIB. Mme Baddoura représentait la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban à la réunion de Milan. Elle s’arrête sur le nombre d’opérations fixées par an pour le financement de projets s’inscrivant dans le cadre du réseau Med-BN et le juge très limité. «Il s’agit de 20 entreprises réparties sur les douze pays du sud de la Méditerranée. Va-t-on entreprendre des formations pour deux entreprises par pays ? Ce n’est pas très clair», estime-t-elle. Le Maroc, au nom duquel M. Rachid Balafrej s’est-exprimé, s’interroge sur la circulation des personnes et des marchandises qui constitue, selon lui, «un handicap, dans la mesure où la circulation des marchandises est ouverte dans les deux sens entre le nord et le sud méditerranéens mais pas celle des personnes». Des contraintes sont toujours imposées au voyage des ressortissants du sud vers l’Europe alors que ce n’est pas le cas pour les Européens, fait-il valoir. «Dans tous les pays de la Méditerranée et au Liban, on sait que le tissu économique est pratiquement formé par des PME, des entreprises de moins de 10 employés. Comment pourront-elles faire face à la mondialisation des marchés et à la concurrence ? C’est la grande question qui se pose», renchérit Mme Baddoura, sans contester bien sûr l’importance du projet, surtout pour le Liban. «C’est la première fois qu’un projet de réseau s’intéresse spécifiquement aux PME. Il existe d’autres projets de coopération entre l’Union européenne et le Liban, mais ils s’inscrivent dans le cadre de relations de partenariat, de joint-ventures ou encore des relations d’échange commerciales. L’intérêt de ce projet de Med-BN réside dans le concept lui-même : comment une PME du Maroc, de Barcelone ou de Tunisie peut-elle avoir des échanges ou devenir partenaire avec une PME libanaise ? C’est un concept qui est relativement nouveau et son succès dépend de sa bonne application» . Med-BN, un défi pour le Liban Mme Baddoura insiste sur l’importance que la Chambre de commerce de Beyrouth, et particulièrement son président M. Adnane Kassar, accorde à la concrétisation de Med-BN. Il convient de rappeler dans ce cadre que M. Kassar avait récemment été décoré à Crans-Montana, en Suisse, pour sa contribution à la paix, ainsi qu’au développement des PME. Pour le Liban, Med-BN s’avère être un véritable défi puisqu’il commande l’établissement d’une structure administrative et institutionnelle solide, indispensable pour soutenir le programme d’aide de la CCIB aux PME libanaises. Il commande immanquablement aussi le concours de l’État, même s’il s’adresse particulièrement au secteur privé. Ne doit-il pas contribuer au développement économique du pays ? «Il faut voir comment nous allons participer au niveau de la planification, comment nous établirons nos besoins et nous rassemblerons nos ressources pour faire partie de ce réseau, souligne Mme Baddoura. C’est le vœu du président Kassar de créer au sein de la Chambre de commerce une structure d’aide et de soutien au développement des PME. Ce sont des structures qui existent déjà dans les Chambres de commerce européennes. Elles consistent à soutenir le développement des PME depuis leur création et tout le long de leur cycle de vie, au niveau de la formation continue. Nous avons commencé à aider les entreprises au niveau du recrutement de leur personnel, de la recherche et du développement technologiques. Le réseau Med-BM devrait normalement nous aider dans ce sens, grâce aux portails d’Internet». Ces sites fournissent des éléments d’information divers : la formation, l’aide au financement des PME , le recrutement, le conseil. Il s’agit, de manière générale, de tous les services qui peuvent aider au développement des PME et auxquelles ces entreprises ne peuvent pas avoir accès individuellement en raison de leurs ressources limitées, explique Mme Baddoura, précisant qu’une nouvelle structure qui comprendrait ces différents services est en voie d’établissement. Une volonté politique La question est de savoir si le Liban aura le temps de s’organiser en quelques mois pour s’intégrer au réseau et d’achever à temps les préparatifs qu’un tel projet commande. Pour Mme Baddoura, le problème ne se pose pas s’il y a une volonté réelle de mettre en place le dispositif qui permettra au pays de s’intégrer parfaitement à Med-BN. Cette volonté est d’ordre politique, insiste-t-elle. «Au Liban, nous trouvons tout genre de compétences et nous n’avons pas besoin de gens qui nous disent quoi faire. C’est à ce niveau qu’on se démarque des autres pays. Beaucoup de Libanais installés à l’étranger rentrent travailler au pays. Leurs expériences sont souvent très riches. Le niveau de la formation universitaire est aussi excellent. Nous ne manquons pas de compétences. Ce dont nous manquons, c’est l’application et l’exploitation de ces compétences». Une fois cette volonté exprimée, il n’y a pas à craindre, à ses yeux, pour l’intégration au réseau euroméditerranéen. «De toute façon, poursuit-elle, le projet s’adresse à 12 pays de la région. Certains d’entre eux sont plus avancés dans ce processus que d’autres. Je ne pense pas que ce projet donnera les mêmes résultats dans les 12 pays». Après avoir indiqué que les PME représentent 95 % du nombre d’entreprises libanaises, Mme Baddoura souligne qu’elles sont les plus génératrices d’emploi. Et d’insister : «Si nous avons les structures en place qui peuvent bénéficier de ce que le réseau Med-BN peut apporter, nous pouvons nous attendre à un important développement économique, ce qui n’est pas le cas si nous nous contentons de recevoir ce que les autres ont à nous donner. Notre participation à un réseau n’a de sens que si on y est actif. Il faut que l’État suive une politique concrète pour le développement des PME». Elle donne l’exemple du Maroc où «les instances économiques et l’État ont œuvré ensemble et mené une action concrète conjointe afin de développer leurs petites et moyennes entreprises». Mme Baddoura plaide en faveur d’un établissement d’instances représentatives des PME pour prendre connaissance de leurs besoins et les aider à devenir des acteurs dans le cadre de la mondialisation qui se prépare. Pour elle, il est tout aussi important, pour le Liban, parallèlement aux projets de partenariat avec l’Europe, de s’ouvrir vers d’autres horizons. «D’autres réseaux peuvent être établis avec la diaspora libanaise qui constitue une force incroyable si elle est bien exploitée ou avec les pays voisins également, conclut Mme Baddoura. Il faut établir des alliances avec les gens qui nous sont les plus proches, en raison de leurs origines ou des relations de voisinage» . L’importance de ces alliances ? C’est simplement d’aider le Liban à faire face à des réseaux mondiaux et à mieux s’armer en prévision de la mondialisation.
On l’a déjà dit, le projet Med-BN, aussi ambitieux et important soit-il, a suscité quelques réserves durant la réunion de Milan. C’est peut-être son côté général qui gêne mais sûrement pas au point de constituer un obstacle pour la réalisation d’un réseau jugé capital pour l’ensemble des pays de la région euroméditerranéenne : Med-BN est considéré comme étant un élément moteur pour l’institution d’un tissu économique qui se renouvelle. Mais des zones d’ombre persistent : «Il y a beaucoup de questions qui sont soulevées et auxquelles il aurait fallu répondre plus tôt», constate Mme Daisy Baddoura, directrice de l’Institut de formation par alternance franco-libanais à la CCIB. Mme Baddoura représentait la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban à la...