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Sécurité routière - L'Etat brille par son absence et les automobilistes par leur inconscience Les chemins de la mort illustrés par les statistiques de la SRF
Par TUFENKJI Antoine, le 12 juillet 2000 à 00h00
À coups d’embardées ou de virages à 140 km/heure, ils roulent à tombeau ouvert, faisant des routes libanaises les nouveaux chemins de la mort. Au volant d’une voiture ou à moto, ce sont les jeunes qui sont généralement friands de sensations fortes. C’est ainsi que, chaque année, près de 500 personnes trouvent la mort sur nos routes, alors qu’aucune mesure n’a encore été prise par l’État, qui brille par son absence, pour enrayer les accidents de la route. Née d’une initiative privée, pour pallier la carence de l’État dans ce domaine, la SRF ou Scientific Research Foundation a été créée en 1997 par les jeunes et pour les jeunes, avec pour objectif principal de prendre des mesures préventives pour juguler ce fléau que sont les accidents de la route. Recherches, congrès, études et conférences sont organisés à cet effet par cet organisme. «Il était indispensable au départ de rééduquer les conducteurs de manière approfondie, tout en réclamant l’application de la loi», explique le jeune président de la fondation, Youssef Heneiné. Composée d’une équipe de recherche formée de statisticiens, d’ingénieurs, d’avocats, d’infirmières et de médecins, l’association travaille sur le terrain et prélève indices et informations lui permettant de cerner de près les causes les plus évidentes des accidents de la route. L’expérience d’autres pays sert également de référence à la fondation qui met sondages et statistiques à la disposition de l’État libanais. Pour sonder le degré de connaissance du code de la route, la SRF s’est tournée vers les milieux universitaires. Et là, les résultats sont spectaculaires. En effet, 66 % des étudiants interrogés ne sont pas capables d’identifier plus de 2 panneaux de signalisation. Alors que seulement 2 % des étudiants parviennent à reconnaître 5 panneaux routiers. D’autre part, deux études statistiques effectuées en 1998 et 1999 ont révélé que les règles fondamentales et élémentaires de sécurité sur les routes libanaises sont négligées, telles que le port du casque, le respect des signaux lumineux et la position de l’appui-tête, les personnes interrogées considérant ces mesures de sécurité comme inutiles. Les résultats de ces études ont été publiés lors des congrès nationaux organisés par la SRF au palais de l’Unesco en 1998 et 1999, congrès qui avaient regroupé plus de 600 participants et près d’une centaine d’institutions gouvernementales et privées. Des mesures décisives ont été envisagées au cours de ces congrès, comme la limitation de la vitesse, le contrôle des routes par les Forces de l’ordre, l’instauration de l’alcootest et le port obligatoire du casque pour les motards. La SRF a, de plus, proposé la majoration du montant des contraventions, une application plus rigoureuse des sanctions, et surtout un contrôle sérieux des voitures au service de la mécanique, d’autant plus que la taxe sur les voitures est payée aux guichets des banques. Il a été également demandé au ministère des Finances de réduire les taxes sur l’importation des sièges-autos pour enfants. L’association s’est aussi intéressée au port de la ceinture de sécurité dans les voitures privées. En 1999, seuls 9,3 % des conducteurs en reconnaissaient la nécessité et l’utilité. Quant aux conducteurs des voitures de transport payant, ils en ignoraient complètement l’usage. Dernièrement, la fondation a élargi son champ d’action, et ses statistiques ont englobé toutes les régions libanaises, afin de mieux cerner les dimensions de ce fléau national. Soutenue techniquement par la compagnie internationale de statistiques Taylor Nelson Sofres, la SRF a effectué un sondage d’opinion et adressé un questionnaire de 36 questions relatives à la sécurité routière à un échantillon représentatif de 1 000 citoyens libanais. Les résultats définitifs de ce sondage pourront confirmer la gravité du problème. Ainsi, plus de 84 % des personnes interrogées jugent la conduite dangereuse au Liban, voire extrêmement dangereuse. «C’est surtout l’excès de vitesse qui est à l’origine des accidents graves, selon les sondages de la SRF, insiste M. Heneiné, quand ces accidents ne sont pas dus à l’excès d’alcool au retour d’une soirée tardive». Finalement, et «afin de contribuer à réduire la gravité des accidents routiers, l’association s’est engagée à diffuser les numéros de téléphone d’urgence à travers tous les médias, ajoute le président. En effet, les résultats des sondages effectués par la SRF et Sofres indiquent que seule une infime minorité de la population libanaise connaît les principaux numéros à contacter en cas d’urgence, comme la Croix-Rouge libanaise, la Défense civile, les Forces de sécurité intérieure et les pompiers». Si une grande partie de la responsabilité incombe à l’État, la famille, l’école et les médias ont eux aussi leur rôle à jouer dans l’éveil des jeunes aux dangers de la route. Il est grand temps de réagir, pour épargner ces jeunes qui paient de leur vie le prix de la négligence et de l’incurie.
À coups d’embardées ou de virages à 140 km/heure, ils roulent à tombeau ouvert, faisant des routes libanaises les nouveaux chemins de la mort. Au volant d’une voiture ou à moto, ce sont les jeunes qui sont généralement friands de sensations fortes. C’est ainsi que, chaque année, près de 500 personnes trouvent la mort sur nos routes, alors qu’aucune mesure n’a encore été prise par l’État, qui brille par son absence, pour enrayer les accidents de la route. Née d’une initiative privée, pour pallier la carence de l’État dans ce domaine, la SRF ou Scientific Research Foundation a été créée en 1997 par les jeunes et pour les jeunes, avec pour objectif principal de prendre des mesures préventives pour juguler ce fléau que sont les accidents de la route. Recherches, congrès, études et conférences sont...
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