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Actualités - REPORTAGES

Place des Omeyyades, la ferveur du dernier pèlerinage (photos)

Damas n’a presque pas dormi. Jusqu’aux aurores, une noria incessante de voitures a sillonné les rues de la capitale syrienne. À bord des véhicules, juchés sur les portières, des centaines de manifestants brandissent les portraits du président disparu et de son fils Bachar, en hurlant leur douleur de la perte d’un chef et criant des slogans à la gloire du successeur annoncé. L’aube qui se lève découvre un ciel sans nuage, puis sans aucune transition, un soleil qui dégage une chaleur écrasante, comme pour ajouter à l’accablement d’une population encore hébétée par le choc. La ville qui s’éveille, elle, est entièrement drapée de noir : édifices publics, balcons des immeubles et réverbères à l’ancienne des grandes artères, rien n’échappe à la couleur d’un deuil qui va durer quarante jours. Les rues sont désertes, les administrations fermées, les magasins aussi. Mais très vite, en milieu de matinée, les grands boulevards s’animent et les manifestations reprennent. À pied, en voiture, la foule – une marée pratiquement noire – strictement encadrée, se dirige vers la place des Omeyyades qui jouxte le quartier al-Raouda où repose la dépouille du président défunt, dans une modeste villa de deux étages qui lui servait de domicile. L’endroit est entouré d’un cordon de la Garde présidentielle, fer de lance du régime. La douleur des manifestants est aussi vive que celle de la veille, mais empreinte d’une certaine réserve comme pour marquer le respect. Beaucoup de femmes, mais aussi des hommes, le front ceint d’un bandeau noir pleurent doucement, presque en silence. La cérémonie des obsèques Vers 14 heures, les cortèges s’espacent. Dans les maisons aux fenêtres ouvertes, la télévision, allumée en permanence, diffuse sans arrêt des versets du Coran. En milieu d’après-midi, un présentateur annonce que le parti Baas au pouvoir a officiellement présenté la candidature de Bachar el-Assad à la magistrature suprême. Parallèlement, les quotidiens de Damas arborent en première page de grands portraits du président Assad. «Le Grand de la nation auprès de Dieu», «la nation pleure son dirigeant», titre as-Saoura. «Hafez el-Assad a lutté jusqu’à la dernière minute pour récupérer les droits de la Syrie et des Arabes», écrit le quotidien Techrine dans un éditorial. Puis les médias détaillent le programme de la cérémonie officielle des obsèques qui auront lieu demain. Portée d’abord à bout de bras dans les rues de la capitale, la dépouille mortelle du président sera ensuite transportée sur un affût de canon, jusqu’à l’aéroport de Damas, d’où un avion l’emmènera à Lattaquié. Le cortège funèbre prendra ensuite la route de Qerdaha, à une quarantaine de kilomètres, où le défunt sera inhumé dans son village natal. En attendant, au ministère de l’Information, une des rares administrations ouvertes hier, des fonctionnaires, qui visiblement n’avaient pas dormi de la nuit, expédiaient d’un air triste et las les formalités nécessaires pour que les journalistes étrangers puissent accompagner la dépouille présidentielle jusqu’à sa dernière demeure.
Damas n’a presque pas dormi. Jusqu’aux aurores, une noria incessante de voitures a sillonné les rues de la capitale syrienne. À bord des véhicules, juchés sur les portières, des centaines de manifestants brandissent les portraits du président disparu et de son fils Bachar, en hurlant leur douleur de la perte d’un chef et criant des slogans à la gloire du successeur annoncé. L’aube...