Actualités - CHRONOLOGIE
Les sorties de la semaine A l'affiche : Clint Eastwood et Helen Mirren(photos)
Par GOUX PELLETAN Jean Pierre, le 12 mai 2000 à 00h00
Le cinéma restant un indicateur fiable du climat général, force est de constater que le box-office est loin de faire merveille. Heureusement, Julia/Erin a continué de faire des ravages... Et «Est-Ouest» se tire (relativement) bien d’affaire : d’où prolongation. Cette semaine, sortent «True Crime», de, et avec, Clint Eastwood (un bon film), et «Teaching (ex-«Killing» !) Mrs. Tingle», de Kevin Williamson, un produit «calibré ado», mais où joue l’excellente Helen Mirren. Et peut-être aussi «The Third Miracle»... mais il en faudra un (de miracle) pour que le film passe : nous le présentons à tout hasard. Quant à Mrs. Mirren/Tingle, c’est Ziyad Makhoul qui la prend en charge, si l’on ose dire. Prévisions pour la semaine prochaine : jeudi 18, «October Sky» (Joe Johnston) – vendredi 19, «The Hurricane» (Norman Jewison) – et «Music of the Heart» (Wes Craven). Sous réserve, comme d’habitude. Eastwood au carré True Crime, de Clint Eastwood «Au carré», parce que Eastwood se retrouve à la fois derrière et devant la caméra. Ce n’est certes pas la première fois – il s’en faut – mais, ici, cette double présence est particulièrement importante. Avant d’aller plus loin, des questions irritantes (d’autant qu’elles ne recevront pas de réponses) : pourquoi ce retard pour sortir ce film, réalisé en 98 ? Pourquoi cette absence totale de promotion (ni documentation ni même photos de presse, tout juste une projection préalable) pour un film pourtant produit et distribué par une «major» d’Hollywood? Étrange, vraiment étrange... Tout cela souligné, True Crime (titre français : Jugé coupable) n’est pas un «grand» film et d’ailleurs ne cherche nullement à passer pour tel. À partir d’un scénario apparemment «standard», Eastwood, metteur en scène et technicien de talent, a fait une œuvre attachante, marquée de sa personnalité et, à cet égard, souvent révélatrice (un peu, comme l’étaient, à d’autres niveaux, High Plains Drifter en 73, Sudden Impact en 83, ou encore Unforgiven en 92, sans parler de son rôle dans le film de Richard Tuggle, Tightrope, en 84). True Crime fait partie de ce qu’on pourrait appeler le «second cercle» du cinéma selon Clint Eastwood, à savoir ces films plus proches des critères hollywoodiens habituels auxquels revient le cinéaste lorsque ses essais plus ambitieux essuient un échec commercial (dernier exemple en date : Midnight in the Garden of Good and Evil, en 97). À propos de son image (Eastwood identifié au personnage qui vit sur l’écran), on a écrit [1] : True Crime, son film le plus iconoclaste depuis longtemps, malmène l’acteur Eastwood comme jamais. C’est négliger Unforgiven, qui traînait littéralement son antihéros dans la boue. Mais c’est vrai que, dans True Crime, le journaliste/reporter Steve Everett (Eastwood, donc) n’en mène pas large, à bout de souffle, à bout de course, presque à bout de vie. Ennuis conjugaux – il trompe sa femme aussi facilement qu’il avale une bière (il est alcoolique) – et professionnels : sans l’appui de son patron de presse (James Woods, comme toujours parfait), il serait pratiquement à la rue. Or, se présente un sujet d’enquête criminelle qui va redonner du tonus à Everett : un Noir injustement condamné à mort, mais il ne reste que douze heures à peine pour empêcher son exécution. Suspense. L’affaire est impeccablement montrée, démontée... et gagnée. Ce qui permet à Eastwood, en marge de l’autre volet du scénario (le quotidien pitoyable d’Everett), de filmer un témoignage efficace contre la peine de mort. On voit qu’une histoire a priori banale peut donner matière à un film complexe, que l’on suit avec attention de bout en bout. Parce que ces hommes et ces femmes «existent», parce que c’est aussi cela, le cinéma : savoir donner vie à des silhouettes s’agitant sur une toile blanche. Clint Eastwood a le don. [1]: Jérôme Larcher, dans Cahiers du cinéma (avril 99). (CONCORDE, PLANÈTE/ABRAJ/ZOUK) All About Eve Teaching Mrs. Tingle, de Kevin Williamson «Vous n’êtes vraiment pas intelligente. Vous réussirez votre carrière d’actrice». Eve Tingle est l’inamovible professeur d’histoire d’un lycée US paumé, là-bas, dans la jungle plouc, ennuyante et mortellement ennuyée, de l’Amérique profonde. Eve Tingle, le jour, est tirée à quarante épingles, les lèvres invisibles tellement elle est mauvaise, mauvaise et méchante, elle a élevé le sadisme et l’ironie au rang d’art de vivre, aucun(e) de ses élèves, à l’exception de Trudie-la-p’tite-bourge-lèche-cul, n’y échappe. Eve Tingle, la nuit, s’habille en nuisette noire, et talons aiguilles, pour recevoir et fouetter, avant qu’il ne lui fasse, sauvagement, l’amour, son collègue de bureau préposé à l’enseignement physique et sportif. Eve Tingle, dans ses artères, ce sont la frustration et le venin qui coulent, son mari, il y a des lustres, l’a plaquée, la laissant seule, trop seule. Eve Tingle ne peut pas supporter de voir Leigh Ann, une de ses élèves, brillante, belle et pauvre, décrocher la moindre bourse universitaire et fera tout pour l’en empêcher. Alors Leigh Ann, sa meilleure amie, Jo Lynn et, l’objet de leurs désirs, Luke attachent Eve en peignoir de soie rouge à son lit, la séquestrent, la supplient, la menacent, pour qu’elle arrête de les détruire. Eve Tingle, ligotée, bâillonnée, dénudée, se livrera alors désespérément, magistralement, à un festival ininterrompu de fiel, de leurres, de manipulations, encore et toujours, ultravenimeuses. Eve Tingle, humaine, trop humaine? Bref, Eve Tingle, c’est Helen Mirren, et vous l’aurez compris, voilà l’unique intérêt de Teaching Mrs. Tingle. Sublime comédienne shakespearienne, on ne saura jamais le pourquoi ni le comment de sa présence dans ce film bien ficelé – Kevin Williamson étant le scénariste des trois Scream — mais somme toute totalement insipide. Peu importe. Helen Mirren, bien que très intelligente, a parfaitement réussi sa carrière d’actrice. ÉLITE, EMPIRE/SODECO, MKALLÈS, ESPACE En bref The Third Miracle, d’Agnieszka Holland et Jerzy Zielinski Pas vu. Cette histoire d’un prêtre (Ed Harris) chargé par l’Église d’enquêter sur des miracles «contestables» a de quoi inquiéter. Il semble y avoir de «l’Exorciste», là-dedans, sinon – ce qui serait encore moins rassurant – du «Stigmata». Suivez mon regard (inquisiteur): en ce qui concerne les affaires de censure, les miracles sont rares... CONCORDE, PLANÈTE/ABRAJ/ZOUK
Le cinéma restant un indicateur fiable du climat général, force est de constater que le box-office est loin de faire merveille. Heureusement, Julia/Erin a continué de faire des ravages... Et «Est-Ouest» se tire (relativement) bien d’affaire : d’où prolongation. Cette semaine, sortent «True Crime», de, et avec, Clint Eastwood (un bon film), et «Teaching (ex-«Killing» !) Mrs....
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