Actualités - CHRONOLOGIE
Fidji - Un groupe armé retient en otages huit ministres à l'intérieur du Parlement L'état d'urgence nul et non avenu, proclament les putschistes
le 20 mai 2000 à 00h00
Le chef des putschistes aux îles Fidji, George Speight, a qualifié de «nul et non avenu» l’état d’urgence décrété hier par le président Ratu Sir Kamisese Mara, estimant qu’il ne peut adopter une telle mesure sans l’aval du gouvernement, retenu en otage au Parlement. Speight a déclaré au site Internet fijilive.com, considéré comme non inféodé aux putschistes, que le gouvernement était «assiégé» et que le président avait par conséquent agi sans consulter le gouvernement, comme l’exige la Constitution. Le chef de l’État a décrété hier l’état d’urgence et imposé le couvre-feu dans cet archipel du Pacifique Sud où un groupe armé retient en otages le Premier ministre et sept ministres à l’intérieur du Parlement. «L’état d’urgence a été déclaré par Ratu Mara. Un couvre-feu est également entré en vigueur à Suva», a précisé un porte-parole du gouvernement néo-zélandais. Trois cents soldats de l’armée fidjienne sont intervenus pour prêter main forte aux policiers chargés de mater ce coup d’État, selon le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer. Les réservistes de l’armée ont reçu l’ordre de se présenter aux autorités, munis de vêtements et de leurs effets personnels, «pour une durée d’au moins 21 jours». Les commerces ont tiré leurs rideaux dans la capitale, à l’annonce des premiers actes de pillage, mais on ne fait pas état, pour le moment, de victime. Le site fijilive.com affirme que le couvre-feu n’a pas empêché des jeunes de mettre le feu à des kiosques à la gare des bus de Suva. La crise survient un an, jour pour jour, après l’investiture du Cabinet de Mahendra Chaudhry, premier chef de gouvernement d’ascendance indienne de l’archipel. D’après fijilive.com, la propre fille du chef de l’État, Adi Koila Mara Nailatikau, fait partie des otages. Au nom des autochtones Dans une déclaration à la presse, le chef du commando armé, George Speight, un homme d’affaires local, a annoncé qu’il prenait le contrôle du pays «au nom de chaque membre de la communauté autochtone fidjienne», qui représente 51 % des quelque 800 000 habitants de l’archipel (contre 44 % environ d’ascendance indienne). Les tensions raciales entre Indiens et autochtones mélanésiens ont augmenté aux îles Fidji depuis la victoire de Chaudhry aux élections, en mai dernier, les manifestations antigouvernementales se multipliant ces derniers mois. Les Indiens, minoritaires en nombre, détiennent en revanche la majorité du pouvoir économique, dominant notamment des industries-clés, comme les plantations de canne à sucre. Fils de l’opposant politique Sam Speight, George Speight entend s’attribuer le pouvoir exécutif et révoquer la Constitution. «Par ces actes, je revendique le contrôle, je revendique le pouvoir exécutif à Fidji», a-t-il dit. «Nous avons abrogé les pouvoirs du président de la République de Fidji. Le contrôle exécutif de notre pays se trouve actuellement entre mes mains», a-t-il poursuivi dans une allocution diffusée par la radio. Il a ajouté qu’il annoncerait sous peu la composition d’un gouvernement intérimaire. Selon les ministères australien et néo-zélandais des Affaires étrangères, le coup de force ne semble soutenu ni par l’armée ni par la police, qui a pris position autour du Parlement et s’emploie à contenir la situation dans une atmosphère «tendue». «L’armée n’a pas été informée à l’avance de cette action et ne la soutient pas», a affirmé le chef de la diplomatie de Wellington, Phil Goff. Le site fijilive.com n’a cependant noté aucune indication montrant que les soldats tentaient de mettre fin à la prise d’otages à l’intérieur du Parlement. Il est du reste difficile d’évaluer le soutien dont disposerait parmi la population le commando de George Speight, qui a fait irruption en fin de matinée dans l’enceinte du Parlement. L’ancien Premier ministre Sitiveni Rabuka s’est rendu au Parlement pour tenter une médiation, a rapporté hier la radio néo-zélandaise. Ancien lieutenant-colonel, Rabuka avait pris le pouvoir en 1987 aux Fidji, lors d’un putsch sans effusion de sang qui avait abouti au renversement du gouvernement à dominante indienne de Tiboci Bavadra. À Londres, le Commonwealth a condamné hier le coup d’État et a annoncé que les Fidji pourraient être suspendues des réunions interministérielles de la communauté. À Canberra, le gouvernement australien a apporté un soutien «sans réserve» au gouvernement démocratiquement élu de Chaudhry. À Londres, le secrétaire au Foreign Office, Robin Cook, a condamné la tentative de coup d’État aux Fidji et réclamé la libération immédiate du Premier ministre.
Le chef des putschistes aux îles Fidji, George Speight, a qualifié de «nul et non avenu» l’état d’urgence décrété hier par le président Ratu Sir Kamisese Mara, estimant qu’il ne peut adopter une telle mesure sans l’aval du gouvernement, retenu en otage au Parlement. Speight a déclaré au site Internet fijilive.com, considéré comme non inféodé aux putschistes, que le...
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