Actualités - REPORTAGES
Théâtre - Au West Hall de l'AUB : la bonne âme de Se-Tchuan de Bertold Brecht Rire et morale en bonnes distances (photos)
Par DAVIDIAN Edgar, le 20 mai 2000 à 00h00
Brecht à l’honneur parmi les étudiants. Après Maître Puntila et son valet donné récemment par les élèves de la LAU, voilà que les mordus de théâtre de l’AUB présentent au West Hall The Good Woman of Setzuan (La bonne âme de Se-Tchouan). Normal, car cet auteur, qui fustige la société avec tant d’humour et de cocasserie tout en prenant soigneusement ses «distances» (un de ses plus célèbres atouts), a tout pour plaire à la jeunesse : sens de l’équité, pulsion révolutionnaire, souci de la transparence et préoccupation de dignité. Tout cela, sous le masque de la parodie et du rire. Les étudiants de l’AUB ont monté avec grâce et un enthousiasme contagieux cette œuvre «piquante» dans le genre exotique, avec des allures parfois de comedia dell ‘arte. La bonne âme de Se-Tchouan, adaptée en anglais par Eric Bently, est mise en scène par Peter Shebaya et produite par David Kurani dont on connaît déjà l’excellent talent de peintre et surtout le subtil toucher d’aquarelliste méticuleux. Une œuvre riche de sagesse et de moralité, contant avec verve l’histoire d’une pauvre jeune femme tiraillée entre son désir de plaire aux dieux et son élan à aider ses amis nécessiteux. Fabulation un peu débridée pour une distribution estudiantine de plus d’une trentaine de jeunes acteurs. Fantaisie, drôlerie et fugaces moments d’émotion sont là pour témoigner de la sourde lutte des classes dans un Extrême-Orient un peu image d’Epinal d’un Brecht qui n’a de cesse de dénoncer la barbarie humaine d’une société à l’opulence fallacieuse et aux rapports faussés par l’argent. Est-il encore nécessaire de rappeler que l’œuvre du dramaturge allemand Bertold Brecht, à la tête du Berliner Ensemble, est aujourd’hui comme l’une des plus originales et universelles du théâtre contemporain? Suivant ses propres termes, Brecht a voulu écrire le théâtre de l’ère scientifique qu’il appelle aussi «théâtre épique ou dialectique» à l’opposé du théâtre classique qui se développe dans une atmosphère d’illusions. Traquant les abus sociaux et les travers des êtres, même aux confins de cette mythique Asie, Brecht est bien ici l’auteur d’un théâtre révolutionnaire marxiste. La musique toujours omniprésente dans ses créations (ici délicieusement en live) aide à insuffler une certaine atmosphère qui contribue certainement beaucoup à cette «distanciation» érigée en principe de travail mais qui n’exclut pas pour autant un certain lyrisme balancé sur un tempo comique. Animé et jamais innocent, ce théâtre, fait pour divertir, ne fait pas moins du spectateur un observateur vigilant et impartial des problèmes et des situations qui sont exposés sur scène. Par-delà cette représentation tout en bougeotte, le vrai drame ici est celui qui se noue entre l’acteur, qui parle mais qui se garde bien de s’identifier au héros, et le spectateur qui voit, écoute et juge. Décor, maquillage et costumes simples mais efficaces pour une charmante soirée.
Brecht à l’honneur parmi les étudiants. Après Maître Puntila et son valet donné récemment par les élèves de la LAU, voilà que les mordus de théâtre de l’AUB présentent au West Hall The Good Woman of Setzuan (La bonne âme de Se-Tchouan). Normal, car cet auteur, qui fustige la société avec tant d’humour et de cocasserie tout en prenant soigneusement ses «distances» (un de ses...
Les plus commentés
Pourquoi il faut tourner la page Mikati
La surprise Salam : une victoire, mais de nombreux défis
L’option Nawaf Salam relancée... en attendant Riyad