Actualités - CHRONOLOGIE
Pérou - Un cancer qui a miné sur le plan moral toute la société Le 20e anniversaire du Sentier lumineux passe totalement inaperçu
le 19 mai 2000 à 00h00
Le 20e anniversaire de la première attaque commise par le Sentier lumineux, une organisation subversive parmi les plus sanglantes de l’histoire, est passé inaperçu bien que l’éradication du terrorisme, un des principaux acquis du régime, soit un des thèmes de prédilection de la campagne du président Alberto Fujimori. Le 17 mai 1980, veille des premières élections démocratiques qui allaient mettre fin à 12 ans de régime militaire, un groupe d’individus masqués prenait d’assaut le bureau de vote de Chuschi, un village andin dans le centre du pays, et détruisait tout le matériel électoral. Cette modeste action, revendiquée par le Sentier lumineux, organisation maoïste d’obédience polpotiste jusqu’alors totalement inconnue des services de sécurité, inaugurait un cycle de violences qui, sur près de deux décennies, allait faire quelque 30 000 morts, 5 000 disparus, 200 000 blessés, 600 000 réfugiés et 20 milliards de dollars de dégâts dans un pays exsangue sur le plan économique. «Le pays était sur le point de devenir un nouveau Cambodge sous la tutelle des Khmers rouges», écrit l’Expreso (progouvernemental), un des deux seuls quotidiens de Lima, avec la Republica (opposition radicale), à avoir évoqué l’événement. La Republica compare le rôle politique du Sentier lumineux à «un cancer» qui a miné sur le plan moral toute la société au point que celle-ci, estime-t-il, est indifférente majoritairement à la question des droits de l’homme, un peu comme si la population avait fini par intérioriser «les valeurs» de crainte et de passivité que souhaitait imposer cette organisation. Quant à l’Expreso, il souligne que le pays vit désormais en paix même si, pour ce faire, il a été nécessaire parfois d’enfreindre «exceptionnellement» les principes de la loi. Mais, surtout, il rend hommage à la «participation du peuple» sans laquelle il aurait été impossible de vaincre le terrorisme. Aujourd’hui, le Sentier lumineux qui avait compté dans ses rangs jusqu’à 15 000 hommes est réduit à une colonne d’une centaine de guérilleros opérant dans l’Amazonie andine dans le centre du pays, traquée sans relâche par l’armée. Tous ses chefs historiques sont soit détenus à perpétuité soit tués. Ses capacités d’initiative sont extrêmement réduites, estiment les experts locaux, même si en octobre dernier il a monté une embuscade au cours de laquelle 5 militaires dont un colonel avaient été tués. Le coup de grâce lui a été porté avec l’arrestation en 1992 (deux ans seulement après l’arrivée au pouvoir du président Fujimori) de son chef suprême et fondateur Abimaël Guzman, dit «président Gonzalo», à la suite d’un long et patient travail d’infiltration. Organisation extrêmement hiérarchisée, le Sentier lumineux s’est à partir de ce moment-là, pratiquement effondré en dépit d’une tentative de replis en revenant aux principes classiques de la guérilla rurale. À l’occasion de ce 20e anniversaire, dix jours seulement avant le second tour de l’élection présidentielle, toutes les forces de sécurité ont été mises en alerte maximum jusqu’à la fin de la semaine, prouvant que la crainte d’une renaissance du terrorisme n’est pas dissipée. Bien que stabilisé et pacifié après dix ans de «fujimorisme», le Pérou demeure toujours confronté à de graves problèmes dont une pauvreté endémique qui touche 50 % de la population.
Le 20e anniversaire de la première attaque commise par le Sentier lumineux, une organisation subversive parmi les plus sanglantes de l’histoire, est passé inaperçu bien que l’éradication du terrorisme, un des principaux acquis du régime, soit un des thèmes de prédilection de la campagne du président Alberto Fujimori. Le 17 mai 1980, veille des premières élections démocratiques qui...
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