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Actualités - CHRONOLOGIE

Taïwan - Le nouveau président prend ses fonctions samedi Chen Shui-bian arrive au pouvoir sur fond de tension avec Pékin

L’indépendantiste taïwanais Chen Shui-bian, qui prend samedi ses fonctions de président après avoir mis fin au long règne des nationalistes, a évité de provoquer Pékin depuis son élection, mais cet exercice d’équilibriste s’avère de plus en plus périlleux. Depuis son élection le 18 mars, le pire candidat aux yeux du régime chinois a multiplié les ouvertures en direction du continent qui considère l’île comme une province rebelle destinée à revenir à la mère patrie. Taïwan est séparée politiquement de la Chine depuis la victoire des communistes à Pékin en 1949 et la déroute des nationalistes réfugiés dans l’île. Mais depuis cette date, les deux camps s’accordaient au moins sur le fait que Taïwan faisait bien partie de l’ensemble chinois. Or le Parti démocratique et progressiste (DPP) de M. Chen revendique l’indépendance de Taïwan, un casus belli pour Pékin qui menace aussi de recourir à la force si Taipei traîne à négocier sa «réunification» au continent. Mais Chen Shui-bian, 49 ans, a mis beaucoup d’eau dans son vin indépendantiste depuis son élection. Il s’est engagé à ne pas organiser de référendum sur l’indépendance, sauf si la Chine déclenchait une opération militaire. Il a également tendu la main à Pékin qu’il a appelé au dialogue, invitant même les dirigeants chinois à se rendre à Taipei. Mais Pékin exige au préalable qu’il reconnaisse «le principe de la Chine unique» faisant de Taïwan une partie de la Chine. Sans rejeter ouvertement ce principe, M. Chen a souhaité simplement en «discuter», tout en soulignant que Taïwan «n’est pas une province de la République populaire de Chine ni une zone administrative spéciale dépendant de Pékin». Le gouvernement chinois souhaiterait appliquer à l’île ce dernier statut attribué à Hong Kong et Macao en vertu du principe «un pays – deux systèmes», que M. Chen a clairement rejeté dès le soir de son élection. Il a en outre évoqué son «suprême devoir moral» de défendre «la souveraineté indépendante» de Taïwan, tout en suggérant à Pékin de se mettre d’accord sur «plusieurs interprétations» de la Chine unique ou sur la mise en place d’une fédération. M. Chen a assuré que son discours inaugural de samedi ne donnerait pas d’armes à Pékin pour déclencher les hostilités. «Même si la Chine n’est pas satisfaite, elle n’aura pas d’excuse pour nous accuser de faire de la provocation ou de semer le trouble», a-t-il promis. Il a ajouté que le duo qu’il forme avec son Premier ministre désigné Tang Fei (un ministre de la Défense de l’ancien régime) «sera celui qui ouvrira la porte du continent et normalisera les relations bilatérales». Depuis la scission de 1949, il n’existe aucune relation directe entre les deux rives du détroit de Formose. Les hommes comme les marchandises ainsi que les 40 milliards de dollars d’investissements taïwanais déversés sur le continent depuis 1988 transitent habituellement par Hong Kong. En signe de bonne volonté, Taïwan a annoncé la mise en place «expérimentale» de relations directes entre le continent et trois petites îles du détroit sous contrôle taïwanais. Pékin a fait mine d’ignorer ces ouvertures et a jusqu’à présent épargné M. Chen, réservant ses critiques à sa vice-présidente, Annette Lu, comparée au président sortant, Lee Teng-hui. Ce dernier, quoique nationaliste, avait été accusé par Pékin de faire le lit de l’indépendance taïwanaise en prônant en juillet dernier la mise en place de relations «d’État à État» entre les deux rives du détroit. Une campagne de dénigrement systématique avait suivi dans la presse chinoise. Un sort similaire attend M. Chen si son discours déplaît trop à Pékin. Signe d’impatience, le Quotidien du peuple l’a déjà accusé lundi de manquer de «sincérité» à propos de «la Chine unique», un terme généralement réservé par Pékin à ceux avec qui il ne veut en aucun cas négocier, comme le dalaï-lama.
L’indépendantiste taïwanais Chen Shui-bian, qui prend samedi ses fonctions de président après avoir mis fin au long règne des nationalistes, a évité de provoquer Pékin depuis son élection, mais cet exercice d’équilibriste s’avère de plus en plus périlleux. Depuis son élection le 18 mars, le pire candidat aux yeux du régime chinois a multiplié les ouvertures en direction du...