Russie - Importante réforme administrative et constitutionnelle Poutine reconduit ses principaux ministres et reprend en main les régions

Le président russe, Vladimir Poutine, a reconduit hier jeudi ses principaux ministres dans le nouveau gouvernement, quelques heures après avoir annoncé un projet visant à rétablir l’autorité et le contrôle du Kremlin sur les régions. Au lendemain de l’investiture par le Parlement du Premier ministre Mikhaïl Kassianov, un financier spécialiste de la négociation de la dette russe, M. Poutine a signé les décrets de nomination des ministres non économiques. Le chef de la diplomatie Igor Ivanov, le ministre de la Défense Igor Sergueïev, celui de l’Intérieur Vladimir Rouchaïlo, conservent leur portefeuille, de même que le patron des services secrets (FSB) Nikolaï Patrouchev. Si M. Poutine n’a annoncé aucun changement radical dans les secteurs de la diplomatie ou de la défense, on s’attend en revanche à ce qu’il demande à son gouvernement de prendre en main la relance de l’économie. Les principaux ministres du secteur économique n’avaient pas encore été nommés hier à midi. Mais M. Kassianov, qui a avoué mercredi devant les députés qu’il n’avait pas encore de programme économique, pourrait introduire plusieurs têtes nouvelles au gouvernement, selon les analystes. Les projets dévoilés mercredi soir à la télévision par M. Poutine sont plus révélateurs encore de sa volonté d’aller vite et fort dans la mise en place d’un pouvoir rénové. Le chef de l’État a annoncé son intention de déposer un projet de loi qui l’autoriserait à limoger un gouverneur de région élu, et qui interdirait désormais à ces mêmes gouverneurs de siéger au Conseil de la fédération, la Chambre haute du Parlement. Son but, selon les analystes, est de mettre un terme aux velléités d’autonomie des régions, souvent livrées à elles-mêmes depuis la chute de l’URSS. Plusieurs gouverneurs ont déjà protesté contre ce projet de loi. «Il s’agit d’une réforme révolutionnaire du système de pouvoir en Russie», affirmait hier le quotidien d’opposition Segodnia. «Toutes les forces politiques, des gouverneurs aux militaires, se sont mises au garde à vous, mais elles ne s’attendaient pas à devoir marcher si vite», ironise de son côté Izvestia pour qui il s’agit d’une «grandiose réforme administrative et constitutionnelle».