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Actualités - CHRONOLOGIE

Les sorties de la semaine La boxe, la musique ... et l'espace (avec de bons sentiments)(photos)

En promotion, cette semaine, un lot de bons sentiments, mais très diversement répartis. Attribué à Ziyad Makhoul, le film de Norman Jewison qui conte l’histoire (édifiante) du boxeur noir Carter, dit «The Hurricane». Nous ne sommes guère plus favorisés avec le coup d’archet de Meryl Streep dans «Music of the Heart», de (mais oui !) Wes Craven, par contre, les jeunes gars d’«October Sky» (film réalisé par Joe Johnston) forcent la sympathie. Reste une quatrième sortie incertaine : «Le fantôme de l’Opéra», de Dario Argento, restera-t-il «fantômatique» jusqu’au bout ? Dans le doute – et le film n’ayant pas été visionné – nous nous contentons d’une présentation. Autre procédé regrettable : le film de Clint Eastwood, «True Crime», n’a pas été sous-titré en français. On s’était bien gardé de nous prévenir... Films en attente (dates à préciser) : «Election», d’Alexander Payne – «Clay Pigeons», de David Dobkin. À noter que la sortie du film français d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, «Jeanne et le garçon formidable», semble avoir été reportée. À quand ?? Cyclone dans un verre d’eau The Hurricane, de Norman Jewison Il était beau comme un enfant, Rubin Carter, fort comme un homme, et il boxait comme un ouragan : ils l’ont surnommé «Hurricane». En lice pour le titre de champion du monde des poids moyens, il se fait arrêter, condamner à perpétuité pour un crime qu’il n’a pas commis : trois personnes sauvagement massacrées dans un bar du New Jersey, en 1967. En prison, il écrira le récit de sa vie, Le Seizième Round, que Norman Jewison utilisera, entre autres, pour réaliser The Hurricane. De cette histoire vraie, de cette injustice aux relents raciaux comme il y en a des dizaines de par le monde, de ce cas d’école, Norman Jewison aurait pu s’inspirer, lui qui, dès 1967, tournait, avec brio, In the Heat of the Night, avec Sidney Poitier, l’ancêtre, si l’on peut dire, de Denzel Washington. Il aurait pu en faire un film fort, intelligent, au lieu de ce long, long et maladroit puzzle de 2h20 qu’il s’est amusé à (dé)construire, long et maladroit parce que terriblement manichéen. Tout est, dans The Hurricane, fade, lisse et bien-pensant, tout est prévisible, et les traits, parfois, sont incroyablement grossiers et stéréotypés, à l’instar de ce détective italo-américain, créé de toutes pièces, raciste jusqu’à la moelle, et qui poursuit Carter, d’une haine implacable. La justice corrompue, le combat âpre et solitaire d’un aigle qui, au fond de sa minuscule cellule, entouré de ses livres («mes mots sont une arme beaucoup plus puissante que mes poings»), fragile, terriblement fragile, ne cèdera à aucune concession, la relation impromptue (c’est grâce à eux que justice sera faite) entre le boxeur et un quatuor métis – trois Canadiens blancs et un ado Américain noir – tout cela aurait pu, aurait dû donner autre chose que cet avatar guimauve et sans aucune espèce de réelle tension, de moteur. Le cas Rubin Carter, il est important de le signaler, a mobilisé la quasi-totalité de la contre-culture américaine de l’époque, Bob Dylan en tête, qui enregistra et commercialisera avec le succès que l’on connaît, The Hurricane, un morceau qui ponctuera l’ensemble du film, une des meilleures (rares) «trouvailles» de Jewison. Quant à la distribution, elle est, comme d’habitude chez ce réalisateur canadien, parfaitement idoine. Denzel Washington «est» Rubin «Hurricane» Carter, Deborah Unger surprend agréablement aux antipodes du rôle, sulfureux à souhait, qui l’a fait connaître dans Crash ! de David Cronenberg, et Rod Steiger, un des acteurs fétiches de Jewison, est excellent en juge Sarokin, celui qui fera libérer, «au nom de la décence», Rubin Carter, après avoir considéré que la justice, à chaque fois qu’elle avait (re)condamné le boxeur, s’était basée sur «la racisme plutôt que sur la raison». On savait Jewison capable du meilleur (The Thomas Crown Affair, Moonstruck), comme du pire, (Bogus), là il est simplement au cœur de la moyenne. Dommage... (EMPIRE/DUNES/SOFIL/ GALAXY, ESPACE, St.-ÉLIE) Son cœur est un violon Music of the Heart, de Wes Craven Sans être un «vrai» cinéphile (espèce en voie de disparition ?), tout habitué des salles obscures sait que Wes Craven est un spécialiste des films dits «de terreur». Ne serait-ce que pour avoir vu les Scream n° 1 et 2 (ne vous inquiétez pas – ou frissonnez d’avance – le n° 3 se rapproche). Alors, comment a-t-il pu filmer cette histoire édifiante, ce conte de fée à Harlem, où 50 violons (le chiffre est exact, j’ai eu le temps de les compter) frémissent en accord «parfait» avec le cœur innombrable de l’indéracinable Meryl Streep ? On peut essayer de reconstituer le processus. Wes Craven a accepté la commande : soit parce qu’il avait besoin d’un supplément d’argent de poche, soit pour démontrer qu’il était capable de sortir de sa spécialité. Il a donc décidé de jouer franc jeu, de filmer au premier degré, en mettant à plat tous les clichés, comme s’il «exécutait» un téléfilm. Peut-être en se disant que ce trop-plein de bons sentiments, par son excès même, dénoncerait en quelque sorte l’irréalisme du film. Pas sûr – et pas vraiment efficace. Elle s’appelle Roberta Guaspari. Elle a des tas de malheurs. Son mari l’a laissée tomber avec ses gosses (trois) et il faut qu’elle trouve à tout prix un job. Comme elle aime la musique et pratique l’art du violon (Meryl Streep a passé deux mois à se familiariser avec cet instrument !), elle va enseigner cette discipline dans une école du voisinage. Dans le quartier «difficile» de Harlem, à New York, la chose ne va pas de soi. Qu’importe : une succession de miracles va régler tous les problèmes et conduire Roberta et sa troupe de jeunes élèves au triomphe final (à Carnegie Hall, SVP, avec la collaboration du virtuose Isaac Stern en personne !). Rebondissements, dialogues, réactions, tout est «téléphoné» avec un tel automatisme qu’on finit par ne plus même s’en étonner. D’ailleurs, ne nous a-t-on pas affirmé que Music of the Heart s’inspirait de faits authentiques ? Alors... Dernier détail : c’est Madonna qui avait d’abord été pressentie pour tenir le rôle de Roberta Guaspari. Madonna, le nom tombait à pic en l’occurrence. Dommage : ce miracle-là n’a pas eu lieu. (EMPIRE/DUNES/SODECO/ MKALLÈS, St.-ÉLIE) De la mine à l’espace October Sky, de Joe Johnston Il serait facile d’ironiser sur ce film et, tout en ne lui accordant qu’un intérêt limité, de l’expédier en quelques lignes. Ce serait injuste. C’est vrai que le film de Joe Johnston n’évite pas certains clichés et que de bons sentiments y favorisent l’apologie du «rêve américain» (mais ici réalisé pour de vrai !). Le souvenir de Frank Capra, peut-être... Mais ce qui sauve October Sky d’une banalité indifférente, c’est une absence de prétention, un accent de vérité (jusque dans l’interprétation), une sincérité aussi qui parviennent à retenir notre attention, parfois à nous toucher. Un soir d’octobre 1957, quatre jeunes copains, passionnés de science et d’espace, voient passer, haut dans le ciel de leur petite ville, le «Sputnik» lancé par les Soviétiques. Ils décident de mettre eux-mêmes au point des fusées – miniature, et ce projet fou va les mener très loin... L’un d’entre eux s’appelle Homer Hickman – le film s’inspire de ses mémoires – et il finira par jouer un rôle important à la Nasa. Principal obstacle entravant l’entreprise des adolescents : l’opposition violente du père de Hickman, qui travaille dans la mine locale de charbon encore en activité (on notera au passage le réalisme du contexte social, avec conflits patrons/mineurs). L’itinéraire qui va des profondeurs du sous-sol vers l’exploration de l’espace prend valeur de symbole. Curieusement, Joe Johnston avait signé (en 91) un film intitulé The Rocketeer, où il était question d’un «rocket-man», sorte de précurseur propulsé par fusée (l’histoire se situait vers 1930) ! Jules Verne aurait bien aimé toutes ces fantaisies... Les jeunes héros d’October Sky font montre d’un enthousiasme évident, et ils sont parfaitement entourés. En particulier, par Chris Cooper, le père Hickman, déjà paternel – d’une autre sorte ! – dans American Beauty. Au fait, tout le monde peut voir October Sky. (CONCORDE, PLANÈTE/ABRAJ/ZOUK) En bref Le fantôme de l’Opéra, de Dario Argento Encore une sortie «négligée», selon un étrange système déjà appliqué à Beaumarchais, La haine et quelques autres... jusqu’à (plus relativement) True Crime, le film de Clint Eastwood privé de sous-titrage français (?). Le cas de Dario Argento est, en plus, assez particulier. Ce réalisateur italien, spécialisé dans l’horreur/terreur – bien qu’il se défende d’être un «cinéaste de genre» – a toujours été marginalisé. Or, la Cinémathèque française lui a consacré une rétrospective «intégrale»... Que vaut son Fantôme de l’Opéra ? Nous n’en savons rien : il y a eu tant d’adaptations du roman de Gaston Leroux ! Entre le dédain de «Première», qui parle d’une «pantalonnade», et les éloges enflammés des «Cahiers du Cinéma», se creuse un espace... terrifiant. Une expérience à tenter. (CONCORDE, PLANÈTE/ABRAJ/KASLIK)
En promotion, cette semaine, un lot de bons sentiments, mais très diversement répartis. Attribué à Ziyad Makhoul, le film de Norman Jewison qui conte l’histoire (édifiante) du boxeur noir Carter, dit «The Hurricane». Nous ne sommes guère plus favorisés avec le coup d’archet de Meryl Streep dans «Music of the Heart», de (mais oui !) Wes Craven, par contre, les jeunes gars...