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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Education - Aide à l'enfant en difficulté scolaire Dyslexie : quant l'apprentissage se fait dans la souffrance

Une conférence intitulée «Dyslexie, où est la différence» a été organisée par le CLES (Centre libanais pour l’éducation spécialisée), au siège central de la Byblos Bank, à l’occasion de l’ouverture du premier centre pilote d’interprétation et de traitement des troubles d’apprentissage, le CITTA. Placée sous le patronage de l’ambassadeur de Belgique, M. Michel Czetwertinsky, cette conférence a attiré un public nombreux composé d’éducateurs et de professionnels, en présence notamment de l’ambassadeur de Belgique et de la députée Nayla Mouawad, présidente de la commission parlementaire des droits de l’enfant. Carmen Chahine, présidente du CLES, a déploré «les années de guerre qui ont reporté certaines priorités fondamentales parmi lesquelles le destin de nos 10 000 enfants en échec scolaire, devenus des cas sociaux», dans l’enseignement primaire. Et pourtant, «ces enfants, diagnostiqués à temps, et pourvus d’une aide professionnelle précoce, pourraient être récupérés et devenir actifs et productifs», ajoute-t-elle. C’est là qu’intervient le CITTA, dont le rôle est d’accueillir parents et enfants, de diagnostiquer le trouble de l’enfant et d’aider ce dernier. Une aide qui est d’autant plus efficace qu’elle intervient vite, évitant à l’enfant «la spirale de l’échec et de la marginalisation». Marianne Klees, psychologue, logopède et professeur honoraire à l’Université libre de Bruxelles, est à l’origine de l’enseignement spécialisé pour les troubles d’apprentissage spécifiques, qu’elle a créé il y a trente ans, en Belgique. Au cours de son allocution, elle a présenté les troubles de la dyslexie et de la dysorthographie, insistant sur le fait que les deux troubles se présentent généralement de pair et se traduisent par des inversions, des confusions, des omissions et des contractions aussi bien dans la lecture que l’écriture et sont souvent accompagnés de plusieurs signes comme un retard de langage, des troubles de l’attention, de la mémoire et du rythme, un manque de maturité, une maladresse des gestes… Chaque enfant est particulier, certes, et la rééducation doit s’adapter au degré de gravité de son trouble. Degré qui est étudié lors d’une évaluation, à partir de différents symptômes, aussi bien scientifiques qu’émotionnels, en tenant compte du fait que l’enfant dyslexique a une intelligence tout à fait normale. Quant aux causes de la dyslexie, elles sont méconnues. En revanche, ce trouble est plus fréquent chez les garçons que chez les filles et apparaît dans certains milieux socioculturels, dans les familles vulnérables, au niveau de l’enfant maltraité, le niveau d’instruction de la mère étant aussi un facteur de taille, etc. «Rien ne peut entraîner un déclic chez l’enfant dyslexique, à part un enseignement spécialisé pour les troubles de l’apprentissage», explique Mme Klees, «car le cerveau de l’enfant dyslexique ne perçoit pas les erreurs qu’il commet. Il est donc souvent pénalisé à l’école sans savoir pourquoi. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas se contenter d’attendre, mais il faut réagir», insiste-t-elle. Si dans la majorité des cas, l’enfant suivra la rééducation tout en restant dans l’enseignement ordinaire, il sera nécessaire de créer des classes spécialisées, pour les cas plus sévères, à l’intention de ceux qui ne peuvent pas suivre le cursus scolaire normal. À son tour, Christiane Mertens, thérapeute de troubles d’apprentissage et responsable de la formation et de la supervision du CITTA, s’est attardée sur les différents traitements de la dyslexie, selon les troubles parallèles présents chez le dyslexique, estimant la durée de prise en charge de l’enfant, globale et environnementale, d’un an à trois ans. Si le jeune enfant souffre de troubles psychomoteurs, une thérapie psychomotrice le réconciliera avec son corps, alors qu’il faudra aider le plus âgé à sortir de ses difficultés, en ne négligeant pas l’aspect scolaire. L’enfant dyslexique qui présente des troubles du langage sera pris en charge par une orthophoniste, qui mettra l’accent sur le langage oral et écrit, en tissant avec l’enfant une relation privilégiée, tout en lui développant sa capacité d’écoute. Quant à l’enfant qui souffre de troubles instrumentaux sévères, trahissant une fragilité de la personnalité, il sera pris en charge de manière plus spécifique. Un enfant efficace et heureux «L’enfant dyslexique peut, certes, rester dans l’enseignement ordinaire, précise Mme Mertens, mais les éducateurs et les parents doivent comprendre la souffrance de cet enfant que l’on croit paresseux et que l’on entraîne dans une spirale négative au lieu de l’aider». Et c’est pour épargner de la souffrance à l’enfant qu’ont été créées les classes spécialisées, en Belgique, servant de tremplin durant le traitement de l’enfant, en attendant qu’il puisse réintégrer l’enseignement ordinaire. L’objectif premier de la rééducation reste ainsi la restructuration de l’image de l’enfant par rapport à lui-même et aux autres, résultat qui ne peut être tangible qu’au terme d’un travail d’équipe englobant des psychologues, des psychomotriciennes, des orthophonistes et des éducatrices spécialisées qui tenteront ensemble d’apprivoiser l’enfant, souvent réticent au début. Leila Dirani, directrice de l’institut libanais d’éducateurs de l’USJ, a pour sa part présenté le rôle de l’éducateur libanais dans la détection des cas présentant des difficultés d’apprentissage et dans la mise en place d’un plan d’aide à ces enfants. «S’il est vrai que ce regard centré sur l’enfant est nouveau, les troubles de l’apprentissage sont différemment perçus aujourd’hui dans les écoles et la prise de conscience est telle, que l’éducateur devrait pouvoir aider l’enfant présentant ces troubles à renforcer les éléments travaillés en rééducation et être à son écoute», dit-elle. En espérant que tout enfant libanais obtienne bientôt pleinement son droit à l’éducation. Représentant M. Nicholas Jammal, directeur du département de l’orientation des psychologues scolaires, Mme Traboulsi a finalement souligné les efforts entrepris par le ministère de l’Éducation pour assurer aux psychologues et aux sociologues affiliés à l’enseignement public une formation complémentaire spécialisée destinée à prévenir l’échec scolaire. Formation basée sur l’écoute de l’enfant, sur la prise de conscience des différences individuelles, sur la création d’un climat relationnel privilégié avec lui, par des moyens techniques. Cette prise de conscience se heurte, certes, à des difficultés d’application, mais ouvre des horizons sur la perspective d’un enfant non seulement efficace, mais surtout heureux.
Une conférence intitulée «Dyslexie, où est la différence» a été organisée par le CLES (Centre libanais pour l’éducation spécialisée), au siège central de la Byblos Bank, à l’occasion de l’ouverture du premier centre pilote d’interprétation et de traitement des troubles d’apprentissage, le CITTA. Placée sous le patronage de l’ambassadeur de Belgique, M. Michel...