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Actualités - REPORTAGES

Théâtre - Au Casino du Liban à partir de ce soir "Et il ressuscita au troisième jour", un message d'espoir d'Oussama Rahbani(photos)

Grand branle-bas et remue-ménage sur la scène du théâtre du Casino du Liban où sera inauguré, ce soir, le grand spectacle Wa kam fil yom al saleth (Et il ressuscita au troisième jour) d’Oussama Rahbani. Les dix derniers jours du Christ, à partir du miracle de Lazare jusqu’à la Crucifixion, sont le thème de cette œuvre dramatique musicale groupant plus de quarante acteurs sous les feux de la rampe et plus de trente techniciens en coulisse. «Depuis dix ans, ce sujet me taraude», confesse d’emblée Oussama Rahbani qui, entre films et spectacles de scènes narrant le parcours du Rédempteur, rêvait de montrer au public une version différente d’une création scénique inspirée de la vie de Jésus. Passant à l’action, il s’adresse d’abord pour le texte à Mansour Rahbani qui signe là, à partir des quatre Évangiles, une «lecture» du christianisme où, par le biais d’une «musical play» et par-delà les notions du Bien et du Mal et par- delà le voile de l’histoire pour percer notre propre mystère et contradictions, et répondre à nos plus profondes interrogations, demeure sans nul doute un message d’espoir. Songeant à l’importance du «timing» d’une telle entreprise, sachant pertinemment que ce thème au troisième millénaire est toujours d’une vivante actualité, dépassant les difficultés techniques tous azimuts, tablant sur l’harmonie au travail d’une équipe qui le soutient et à qui il insuffle généreusement motivations et énergie, Oussama Rahbani a peaufiné la musique d’une partition révélant voix, personnages et situations. Une musique taillée sur mesure et inspirée pour des acteurs-chanteurs qui campent surtout les principaux protagonistes, c’est-à-dire le Christ, Judas et Marie-Madeleine. Alliant les accents modernes au jazz et rock, enrobant les paroles et les dialogues de notes aux couleurs à la fois vives et éthérées, faisant vibrer le ciel de l’Orient aux rythmes des prosodies occidentales métissées parfois de langueurs levantines, Oussama Rahbani offre aux spectateurs l’occasion de découvrir la richesse du monde sonore à consonance spirituelle de ses compositions. Dans cette fastueuse production à la chorégraphie régie par Dolly Sfeir et à la scénographie (décors et costumes) signée Agnès Treplin (familière des œuvres de Ionesco, Euripide, Puccini et Monteverdi), Ghassan Rahbani dont le dernier clip en chauffeur de bus triomphe au petit écran campe ici la troublante et aggressive personnalité de Judas. «C’est ma première expérience de comédien», confie en toute simplicité cet incorrigible contestataire, «et je joue par instinct !». Pourquoi Judas lui est-il tombé sur la tête, lui l’idole des jeunes «habboub» qui ont de la difficulté à toucher leur salaire ? «Parce que mon corps l’habille», déclare-t-il dans un grand éclat de rire tout en ne négligeant pas de dire que sa voix a aussi ici une singulière et imposante stature. Ce «rocker engagé» et dramaturge (il a signé le péplum de scène Hannibal) ajoute une troisième corde à son arc déjà si fourni : l’étoffe d’un acteur dans la peau du plus perfide et pathétique des traîtres de tous les temps. Un Judas surprenant dans son esprit maléfique, porté par une voix en or aux éclats brisés par le rock, voilà peut-être de l’inattendu. . . attendu ! Pilier central de la pièce, le personnage du Christ a les traits de Ghassan Saliba portant une barbe naissante et de sa voix chaude et puissante qui a toujours été une des cordes vibrantes de l’aventure rahbanienne. Prestation qu’il assume avec une majestueuse présence tel «Seif el-bahr» ou «Hannibal» dont les modulations, tendres ou véhémentes, résonnent encore dans l’imaginaire des spectateurs. Ce qui nous amène à parler de Carole Samaha embarquée dans la saga rahbanienne et déjà impérieuse et séduisante courtisane Théodora dans Les derniers jours de Socrate. Elle, que la magie de la scène et les modulations de chant fascinent, on la retrouve une fois de plus dans le sérail des Rahbani, cette fois sous les traits de l’émouvante et sublime Marie-Madeleine. Non dans la globale vision d’une pécheresse repentie mais en femme au parcours complexe, déjà maîtresse de son destin et gagnée par la paix intérieure. Elle a révoqué tous ses démons ayant vécu toutes les vanités du plaisir et connu les limites du corps. Marie-Madeleine est ici habitée par la grâce d’un trésor insondable, fait de foi et d’humilité. Dotée de morceaux lyriques par l’aspect vocal de sa performance et chargée de défendre et véhiculer des émotions intenses pour un personnage-clef à la présence positive dans une sourde lutte aux antagonismes fatals, Carole Samaha, perfectionniste absolue, enthousiaste mais constamment angoissée, songe à cette conciliation souveraine où voix et jeu auront un rapport plus que fusionnel. C’est ce qui s’appelle avoir du tempérament ! Utilisant tous les éléments du symbolisme, de la lumière et des couleurs pour un espace scénique «spectaculaire», Marwan Rahbani dirige de main de maître cette œuvre adressée (pour reprendre ses propres termes) «à tout le monde, toutes confessions confondues». Par-delà les stéréotypes des personnages – oui il y aura toujours des traîtres tels que Judas, des incrédules tels que Thomas, des sans couleur tel Ponce-Pilate – et sans vouloir faire de la catéchèse ou de la polémique politique à travers le voile de l’histoire, tout en n’ignorant guère la confrontation du Bien et du Mal, Et il ressuscita le troisième jour s’inscrit dans la longue lignée des polyvalentes productions scéniques rahbaniennes où réflexion, divertissement, musique, sens du rêve, de la culture et de la beauté ont rendez-vous avec le public.
Grand branle-bas et remue-ménage sur la scène du théâtre du Casino du Liban où sera inauguré, ce soir, le grand spectacle Wa kam fil yom al saleth (Et il ressuscita au troisième jour) d’Oussama Rahbani. Les dix derniers jours du Christ, à partir du miracle de Lazare jusqu’à la Crucifixion, sont le thème de cette œuvre dramatique musicale groupant plus de quarante acteurs sous les...