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Informatique - Les sociétés sont prêtes à coopérer avec les Etats, mais refusent une intrusion des administrations Cybercriminalité : l'industrie de l'Internet fixe des limites aux pouvoirs publics
le 17 mai 2000 à 00h00
Les industriels de l’Internet sont prêts à coopérer avec les États pour combattre la cybercriminalité, mais ils refusent une intrusion des administrations dans ce qu’ils considèrent comme un espace de liberté et misent d’abord sur le marché pour trouver les parades aux cybercriminels. Au second jour de la conférence du G8 sur la cybercriminalité, premier forum rassemblant industriels et représentants des sept pays les plus riches, plus la Russie, les grands noms de l’industrie informatique et les principaux utilisateurs ont tracé des frontières à ne pas franchir. Ces acteurs de la nouvelle économie, regroupés en lobbies, comme «Internet Alliance» ou «Business Software Alliance» ont répliqué mardi avec des professions de foi qui mettent en garde les gouvernements contre la tentation d’enfermer l’Internet dans un carcan de réglementations ou d’exiger des facilités d’écoute et de poursuite dont la profession refuse d’assumer les coûts. Le document d’Internet Alliance, qui engage America Online, IBM, Deutsche Telekom, MCI WorldCom/UUNET ou Microsoft, traduit la méfiance des industriels face aux pouvoirs publics. «Résultat de leur manque d’expérience et d’expertise dans la lutte contre le crime sur l’Internet, certains services de police et de justice pourraient être tentés de compter sur l’industrie pour découvrir des actes criminels, en appréhender les auteurs, et les assister dans leurs enquêtes», redoute Internet Alliance. Pour ces entreprises, chacun doit rester dans son rôle, bien qu’une coopération entre États et industrie soit indispensable. Internet Alliance demande la plus grande prudence face à la tentation de légiférer pour lutter contre des phénomènes globaux et nouveaux. Son livre blanc «encourage l’application des lois existantes avant de se précipiter pour en créer de nouvelles». «L’imposition d’obligations strictes, de réglementations sans flexibilité, et la menace de condamnations civiles et criminelles, entameraient la confiance et remettraient en cause la volonté des entreprises d’aller de l’avant», avertissent les industriels. La réponse aux virus Melissa et ILoveYou ou aux attaques de saturation sur des sites américains en février, montrent, pour Internet Alliance la voie à suivre : à l’industrie la tâche de trouver les antivirus et de remettre les sites en route, aux administrations la traque et l’arrestation des pirates, avec l’aide «volontaire» des industriels concernés. «Global Internet Project», un autre groupe de 16 entreprises utilisatrices du réseau (Sony, Fujitsu, Deutsche Bank), a appelé les États à poursuivre les pirates. Mais ces entreprises affirment «compter davantage sur les mécanismes du marché pour une autorégulation, plutôt que sur une régulation par les gouvernements». Pourtant cette souplesse proclamée disparait dès que la piraterie touche aux droits des concepteurs de programmes. «Nous avons une politique de tolérance zéro sur Internet», déclare la Business Software Alliance (Intel, Apple, Microsoft, Adobe, Compaq). Leur demande est alors simple : les États doivent renforcer les traités et les législations protégeant la propriété intellectuelle. Juristes et diplomates doivent composer avec ces attentes contradictoires. Pour le président Jacques Chirac, qui a reçu mardi les participants à la conférence, le doute n’est pas permis. Il a mis en avant le rôle de l’État : «gouvernements et Parlements doivent acclimater nos législations nationales à l’Internet», les moderniser «dans un souci d’harmonisation internationale». Il a souhaité que la «convention pionnière» que prépare le Conseil de l’Europe sur la cybercriminalité «voie le jour rapidement et que tous les pays intéressés puissent s’y associer». Mais pour le président français, l’État doit partager les responsabilités avec les entreprises, en encourageant par exemple l’adoption de «chartes de bonne conduite, de codes déontologiques, transnationaux».
Les industriels de l’Internet sont prêts à coopérer avec les États pour combattre la cybercriminalité, mais ils refusent une intrusion des administrations dans ce qu’ils considèrent comme un espace de liberté et misent d’abord sur le marché pour trouver les parades aux cybercriminels. Au second jour de la conférence du G8 sur la cybercriminalité, premier forum rassemblant...
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