Actualités - CHRONOLOGIE
RFY - Les étudiants ont élargi la liste de leurs revendications Le mouvement contestataire Otpor, bête noire du pouvoir
le 10 mai 2000 à 00h00
Le mouvement étudiant contestataire Otpor (Résistance), au départ une organisation groupant des camarades d’université, est devenu l’un des adversaires les plus attaqués du pouvoir du président yougoslave Slobodan Milosevic. Otpor est né d’un mouvement de protestation des étudiants de trois facultés de Belgrade contre une loi répressive sur l’université promulguée pendant l’été 1998. Les étudiants ont ensuite élargi la liste de leurs revendications en raison de la situation «catastrophique», selon eux, d’un pays «conduit par le dernier dictateur d’Europe». Le mouvement a rapidement fait des émules et Otpor affirme être en mesure de mobiliser, s’il le fallait, quelque 50 000 sympathisants en tout dans des dizaines de villes de Serbie. Ses revendications rejoignent celles des partis d’opposition : «des élections libres et honnêtes, une université dépolitisée et une presse indépendante». Le symbole du mouvement, un poing blanc ou noir, peut être vu sur les murs de nombreuses villes de Serbie. «Le succès sera assuré si nous sommes nombreux, si nous sommes courageux et si nous nous faisons confiance. Le Messie ne viendra pas sur son cheval blanc résoudre nos problèmes», déclare le programme du mouvement publié sur le site Internet www.otpor.com. Le mouvement affirme ne pas avoir de leader et ne dépendre d’aucun parti, mais il soutient la campagne menée par les formations de l’opposition contre M. Milosevic. Otpor a ainsi participé le 14 avril à Belgrade à un meeting de l’opposition qui a rassemblé plus de 70 000 personnes. «Nous soutenons ces jeunes depuis qu’ils ont lancé leur mouvement. Parfois, nous leur procurons du papier ou des disquettes et des CD, parfois, nous leur faisons des dons en espèces», déclarent Mila Jankovic et son mari, tous deux âgés de 60 ans. Le couple, dont le fils a émigré au Canada pour ne pas devoir faire les guerres des années 90 qui ont entraîné l’isolement international de la Serbie, estime qu’«il n’y a pas d’avenir si Otpor n’obtient pas le soutien général de la population». Mme Jankovic est convaincue que «le régime de Milosevic a toujours redouté la jeunesse, aussi, si nous voulons le voir partir, nous devons soutenir Otpor». Les étudiants ont protesté en même temps que les partisans de l’opposition pendant l’hiver 1996/97, contraignant après trois mois M. Milosevic à restituer à l’opposition ses victoires aux élections municipales. Aujourd’hui, Otpor semble être devenu la bête noire de M. Milosevic. Quelque 400 de ses membres ont été interpellés par la police en un an et demi, selon des responsables du mouvement à Belgrade, cités par l’agence Beta. Avant d’être relâchés, ils ont été interrogés pour avoir «menacé l’ordre public» en placardant des affiches qui «troublent l’opinion publique». Des activistes interpellés ont parfois affirmé avoir été battus pendant les interrogatoires. Le mouvement, qualifié dernièrement de «fasciste» et «terroriste» par les représentants du pouvoir, affirme que les pressions visant à l’étouffer se sont intensifiées. Le 2 mai, deux membres d’Otpor et un avocat proche du mouvement ont été arrêtés pour «tentative d’assassinat» à Pozarevac, dans l’est de la Serbie, après une rixe avec des employés d’une discothèque appartenant à Marko Milosevic, le fils du président yougoslave. Les trois opposants ont été remis en liberté lundi. Ils ont rejeté les accusations de «tentative d’assassinat», selon leur avocat, qui ignorait si des poursuites seraient engagées contre eux. Leur arrestation a provoqué de vives réactions au sein de l’opposition, qui appelait à manifester mardi à Pozarevac, ville natale du président Milosevic, sous le mot d’ordre «Stop à la violence – Pour des élections démocratiques». De leur côté, des représentants du pouvoir ont lancé une croisade verbale contre Otpor, qualifié d’organisation «fasciste», «terroriste» et «paramilitaire» créée sur le modèle des «jeunesses hitlétiennes». Et le ministre yougoslave des télécommunications, Ivan Markovic, a déclaré qu’Otpor avait été «formé par la CIA», la centrale américaine de renseignement.
Le mouvement étudiant contestataire Otpor (Résistance), au départ une organisation groupant des camarades d’université, est devenu l’un des adversaires les plus attaqués du pouvoir du président yougoslave Slobodan Milosevic. Otpor est né d’un mouvement de protestation des étudiants de trois facultés de Belgrade contre une loi répressive sur l’université promulguée pendant...
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