Actualités - CHRONOLOGIE
Iran - La communauté juive observe depuis plusieurs jours une grève de la faim en signe de protestation La défense soupçonne la justice de vouloir politiser le procès
le 10 mai 2000 à 00h00
Les avocats des 13 juifs d’Iran, jugés pour espionnage en faveur d’Israël, voient dans la publication des «aveux» des accusés une tentative de la justice de politiser le procès. «La diffusion des “aveux” par les médias alors qu’ils ont été faits en notre absence est illégale et constitue un acte politique de la part des autorités judiciaires», a déclaré Me Ismaël Nasseri, principal avocat et porte-parole de la défense. L’avocat, qui a tenté en vain d’obtenir du tribunal révolutionnaire de Chiraz (sud) la levée du huis clos, a estimé que la diffusion de ces «aveux» avait eu un impact négatif sur la communauté juive d’Iran, forte de 30 000 à 35 000 personnes. Craignant les effets négatifs de la médiatisation du procès sur cette communauté, des juifs de Chiraz, se disant «indignés et humiliés», observent depuis plusieurs jours une grève de la faim en signe de protestation. Alors que la presse étrangère et les représentants de la presse écrite iranienne ont été empêchés de suivre les débats du procès, ouvert le 13 avril, des équipes de la télévision d’État et de l’agence officielle Irna sont régulièrement admises dans la salle d’audience. Ce sont les membres de ces équipes qui ont été autorisés à recueillir les «aveux» des cinq accusés déjà entendus par le tribunal. Mercredi dernier, à l’issue de la troisième audience, la presse internationale avait été autorisée à interroger trois accusés. La rencontre, présentée par les autorités du tribunal comme une «faveur» à quelques journalistes seulement, s’est déroulée dans le parking du tribunal et en l’absence de représentants de médias iraniens. Pendant la quatrième audience lundi, un responsable de la sécurité du tribunal a même tenté d’organiser une «rencontre privée» entre un représentant d’une agence internationale et l’un des accusés. La tentative a tourné court en raison du tollé qu’elle a provoqué parmi la quinzaine de journalistes présents dans le hall du tribunal. La volonté délibérée de la justice de médiatiser le procès a justifié la demande de levée du huis clos, la défense estimant par la voix de Me Nasseri que «le caractère secret des audiences n’a plus de sens». Les cinq accusés, qui ont comparu depuis le début du procès, ont tous reconnu les faits qui leur sont reprochés. Toutefois, deux d’entre eux, Ramin Farzam et Ramin Nemati-Zadeh, ont jusqu’ici refusé tout contact avec la presse. «Nous avons essayé de convaincre Farzam (de parler à la presse) mais il a refusé en arguant qu’il veut se marier et ne souhaite donc pas être identifié et avoir sa photo dans les journaux», a expliqué un responsable du tribunal. L’un des accusés, Chahrokh Paknahad, avait confirmé lundi à la télévision ses aveux à l’audience du 3 mai et affirmé avoir créé un réseau à Ispahan (centre), où il est rabbin. Avant lui, le principal accusé, Hamid Tefilin, avait parlé à la presse, réitérant mercredi dernier ses «aveux» sur sa collaboration avec les services secrets israéliens (Mossad). Il avait auparavant fait une «confession» télévisée. Le procès continue de susciter de vives réactions dans le monde, et l’inquiétude de la communauté juive iranienne. Un dignitaire religieux conservateur, l’ayatollah Mohammad Yazdi, avait dénoncé vendredi les «inquiétudes» exprimées par les États-Unis et Israël. «Ces inquiétudes n’ont pas lieu d’être car la justice en Iran est parfaitement indépendante», avait souligné cet ex-chef de la justice et membre du Conseil de surveillance de la Constitution.
Les avocats des 13 juifs d’Iran, jugés pour espionnage en faveur d’Israël, voient dans la publication des «aveux» des accusés une tentative de la justice de politiser le procès. «La diffusion des “aveux” par les médias alors qu’ils ont été faits en notre absence est illégale et constitue un acte politique de la part des autorités judiciaires», a déclaré Me Ismaël...
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