Ulster - Les paramilitaires catholiques ont promis de mettre leur arsenal hors service Après l'annonce historique de l'IRA, la balle est dans le camp protestant

La concession sans précédent de l’IRA, promettant de mettre hors service son arsenal, a remis sur les rails le processus de paix en Irlande du Nord, mais le camp protestant doit maintenant relayer la dynamique amorcée. Dans un communiqué qui a ébranlé des positions figées dans l’impasse depuis plusieurs mois, la principale formation catholique paramilitaire a, pour la première fois aussi clairement, manifesté sa volonté de désarmement. «La direction de l’IRA va lancer un processus qui mettra nos armes hors d’usage de façon totale et vérifiable», a promis l’Armée républicaine irlandaise, déjà en cessez-le-feu depuis 1997. L’organisation a également accepté qu’une partie de ses dépôts d’armes clandestins reçoivent les visites régulières d’inspecteurs internationaux. Ce geste sans précédent répondait à l’offre la veille des gouvernements britannique et irlandais de rétablir d’ici le 22 mai les jeunes institutions d’Ulster en échange d’un renoncement clair de l’IRA à la violence. Londres et Dublin tentaient ainsi de relancer le processus de paix, tombé dans l’impasse après l’euphorie suscitée par les accords historiques d’avril 1998, dits du «Vendredi saint». Partagés entre satisfaction et réserve, les leaders protestants modérés de la province ont pour l’instant adopté une attitude et des propos prudents sur ce qui a été salué, de Tony Blair à Bill Clinton, comme une avancée permettant tous les espoirs sur une paix durable en Irlande du Nord. «Je voudrais avertir les gens de ne pas lancer leur chapeau en l’air», a prévenu David Trimble, chef du principal parti unioniste, l’UUP. «Nous devons étudier en détails ce que recouvre ce processus d’inspection, comment il sera conduit, quelles procédures seront suivies pour s’assurer que les armes resteront en sécurité», a-t-il affirmé, avant d’ajouter : «J’espère qu’ils ont franchi le Rubicon». Les propos mesurés de M. Trimble s’expliquent en partie par l’étroitesse de sa marge de manœuvre au sein de son parti. La fraction dure de l’UUP, opposée à tout compromis avec les catholiques républicains, a déjà critiqué le fait que le communiqué de l’IRA ne prévoyait pas de remise explicite des arsenaux. Sur ce point précis, le ministre britannique à l’Irlande du Nord Peter Mandelson a déclaré : «La législation sur le désarmement prévoit soit que les armes soit détruites, soit qu’elles deviennent inaccessibles et inutilisables de façon permanente». En pratique, les inspections seront dirigées par l’ancien président finlandais Martti Ahtisaari – déjà sollicité pour une médiation à Belgrade avant le début de la guerre du Kosovo l’an dernier – et par Cyril Ramaphosa, ancien secrétaire général du Congrès national sud-africain (ANC) de Nelson Mandela. Ces deux personnalités devraient bientôt rencontrer les leaders unionistes avant d’entamer leur travail sous le contrôle de la commission internationale chargée de veiller au désarmement en Ulster. Les inspecteurs feront rapport à cette commission, avec qui l’IRA a annoncé reprendre sa collaboration, après avoir coupé les ponts en février. Sur le plan politique, le camp de David Trimble doit décider ces prochains jours s’il retourne siéger avec le Sinn Fein, le parti républicain vitrine politique de l’IRA, au sein d’un même gouvernement biconfessionnel à Belfast. L’UUP avait répondu par la négative à cette même question au début de l’année, en invoquant l’absence de tout geste concret de l’IRA vers son désarmement, ce qui avait amené le gouvernement britannique à suspendre le 11 février dernier l’Exécutif et le Parlement nord-irlandais, en place depuis à peine deux mois. Cette suspension avait débouché sur un blocage total du dialogue pendant près de trois mois.