Actualités - CHRONOLOGIE
Iran - Le Parlement, levier essentiel du pouvoir, aux mains des pro-Khatami Les conservateurs s'accrochent malgré leur défaite aux législatives
le 09 mai 2000 à 00h00
Les conservateurs iraniens n’entendent rien céder de leurs prérogatives qui restent importantes même s’ils ont perdu le Parlement, un levier essentiel du pouvoir, et que l’incertitude plane sur la proclamation de la victoire des réformateurs à Téhéran. Les conservateurs, qui ne reconnaissent que l’autorité du Guide de la République islamique et numéro un du régime Ali Khamenei, sortent laminés politiquement du second tour des élections législatives vendredi. Ils perdent les trois quarts des sièges du Parlement (Majlis), passant de près de 180 députés (sur 270) à une cinquantaine (sur 290), au cas où le résultat de Téhéran (30 sièges), remporté par les réformateurs, serait confirmé. Mais bien que le gouvernement et le Parlement leur échappent désormais, les conservateurs gardent des prérogatives essentielles, qui dépendent directement du Guide : le pouvoir judiciaire, la police, les milices islamiques (bassidjis), l’armée et les Pasdaran (Gardiens de la révolution). Ils exercent aussi une influence prépondérante sur la plupart des médias officiels et en politique étrangère. Les conservateurs ont ainsi montré en suspendant récemment 16 publications proches du président réformateur Mohammed Khatami qu’ils ne céderaient pas un pouce de leur pouvoir. «Trois ans après la victoire (électorale) de Khatami, et un an avant la prochaine présidentielle, le camp conservateur s’est ressoudé derrière les grands principes de la République islamique qu’il estime en danger», explique le politologue irano-allemand Iradj Rachti. «Pour les conservateurs, l’important est la référence au Velayati-Faghih, le pouvoir du Guide, qui est de nature religieuse, même s’il est inscrit dans la Constitution», ajoute-t-il. «Bien sûr, ils sont laminés politiquement, ils ont peu d’assise populaire, alors que Khatami, même impuissant devant les incessants coups de boutoir et les arrestations de ses proches, n’a jamais été aussi aimé», estime le politologue. M. Rachti dit s’attendre avec l’inauguration du nouveau Majlis, prévue en principe le 28 mai, à «un réveil du camp khatamiste» qui pourra «réformer la société, l’économie, mener à bien l’ouverture de l’Iran, et annuler la récente loi sur la presse», restrictive. Selon le quotidien Iran Daily, la «stratégie du silence» adoptée par les réformateurs face à la fermeture des journaux et l’arrestation de journalistes, a «porté ses fruits». Pour sa part, Daryoush Abdâli, analyste politique, s’inquiète de «l’incompétence des hommes politiques sur les problèmes réels de l’Iran», qui sont d’abord selon lui économiques, et rappelle la marge de manœuvre étroite du président Khatami. «Le prochain Parlement sera une chambre de débat et de lutte idéologiques. Les deux courants se trouvent dans une période très cruciale de leur existence politique. Le courant réformateur veut agir et vite, mais sans évaluer l’importance des problèmes réels de l’Iran», estime-t-il. «Le courant conservateur a déjà tout dit. Il a montré sa force, malgré sa faiblesse électorale. Mais les problèmes économiques du pays sont majeurs, notamment celui de la sécheresse, dont aucun politique ne parle», ajoute-t-il. «S’ils veulent la prospérité de l’Iran ou même la démocratie, il n’y a qu’une solution pour les uns comme pour les autres, c’est d’enlever l’habit religieux», commente-t-il.
Les conservateurs iraniens n’entendent rien céder de leurs prérogatives qui restent importantes même s’ils ont perdu le Parlement, un levier essentiel du pouvoir, et que l’incertitude plane sur la proclamation de la victoire des réformateurs à Téhéran. Les conservateurs, qui ne reconnaissent que l’autorité du Guide de la République islamique et numéro un du régime Ali Khamenei,...
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