Philippines - Les captifs apparaissent très affaiblis à la télévision Un nouveau négociateur désigné pour libérer les otages(photo)

Un nouveau négociateur a été désigné hier lundi par le président philippin Joseph Estrada dans l’espoir d’obtenir enfin, après plus de deux semaines d’enlisement, la libération des 21 otages détenus par des rebelles musulmans sur l’île de Jolo dans le sud des Philippines. Le président philippin a nommé un religieux musulman respecté, Ghazali Ibrahim, pour remplacer Nur Misuari, gouverneur de la région autonome de Mindanao (sud), dont dépend l’île de Jolo, a annoncé ce dernier. Cette décision intervient alors que les négociateurs dépêchés sur place à Jolo par M. Misuari semblaient empêtrés depuis le début de cette crise par des querelles avec l’armée philippine, empêchant l’ouverture d’une véritable négociation. Ces négociateurs ont ainsi affirmé hier qu’ils tentaient d’obtenir l’évacuation médicale au plus vite de l’otage français Stéphane Loisy et surtout de l’otage allemande Renate Wallert. Mais ils ont aussitôt précisé que rien ne pourrait être entrepris sans la garantie préalable des forces armées, qu’ils accusent de compromettre leur mission par des opérations militaires menées contre les rebelles du groupe Abu Sayyaf. Dimanche, des accrochages sérieux avaient à nouveau eu lieu, pour la troisième fois depuis le début de cette crise le 23 avril dernier. L’attente s’est prolongée à Jolo toute la journée, mais aucune évacuation n’avait finalement eu lieu lundi en début de soirée. Mme Wallert, qui souffre d’hypertension, semble très abattue et à bout de forces, selon des images diffusées par la télévision philippine et tournées dimanche matin. Stéphane Loisy est atteint lui d’une grave infection urinaire, selon le diagnostic d’un médecin du gouvernement qui les a examinés tous les deux. Espoir de déblocage… Le remplacement de M. Misuari apporte quelque espoir de déblocage d’une crise entrée le week-end dernier dans sa troisième semaine. M. Ghazali est un des principaux dignitaires religieux musulmans du sud des Philippines. Ce changement de négociateur intervient au lendemain d’une réunion à Zamboanga non loin de Jolo entre le président philippin M. Estrada, M. Nur Misuari et des hauts responsables de l’armée. Selon Abdusakur Tan, gouverneur de la province de Sulu, dont dépend l’île de Jolo, qui a participé à cette réunion, le président philippin a clairement opté pour une voie pacifique et non militaire pour obtenir la libération des otages. De fait, le président Estrada a lancé hier une mise en garde aux ravisseurs sur la sauvegarde de leurs otages et il a demandé à ce que la Croix-Rouge intervienne pour fournir du ravitaillement aux prisonniers. «Les instructions données par le président Estrada sont la sécurité des otages avant tout», a indiqué Abdusakur Tan. Une manière de signifier à l’armée qu’elle relâche sa pression sur les rebelles. L’armée philippine s’est toujours méfiée des négociateurs dépêchés à Jolo par M. Misuari, tous membres ou proches du Front Moro national de libération (MNLF), ex-mouvement rebelle musulman rentré dans le rang en 1996. M. Misuari est lui-même un haut responsable du MNLF. Le versement d’une rançon pourrait être envisagé. Les ravisseurs avaient d’ailleurs réclamé le paiement d’une rançon de 33 millions de pesos (825 000 dollars) quelques jours après l’enlèvement de ces 21 otages sur l’île malaise de Sipadan, a affirmé le chef de la police de Jolo, le colonel Candido Casimiro. Cette voie semble crédible si l’on en juge par la libération dimanche d’un otage philippin enlevé le 6 février dernier par le groupe Abu Sayyaf à Jolo, après le paiement d’une somme d’argent non précisée.