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Actualités - REPORTAGES

Environnement - Sit-in sur la plage de sable de Kartaboun Mobilisation contre le projet de la marina de Jbeil (photos)

C’est pour marquer leur refus de voir l’une des dernières plages de sable de la région de Jbeil et du Liban disparaître sous le béton qu’un millier de personnes se sont jointes à l’association écologique Byblos Ecologia, samedi, pour protester contre un projet de marina au sud de la ville médiévale de Byblos. Le fait le plus marquant était la participation de personnes venues de différentes régions libanaises, certaines dans le cadre d’ONG écologiques, d’autres à titre personnel, d’autres encore évoluant dans le milieu scientifique. À 3 heures, alors que le sit-in commence à peine et une fois passé le barrage de l’armée à l’entrée de la plage de Kartaboun, les personnes applaudissent déjà les chansons écologiques de l’environnementaliste Paul Abi Rached. «On nous a dit que les côtes appartiennent à tout le monde. Ces paroles sont apparemment dépassées», entonne-t-il, approuvé par le public. Sur la tribune improvisée se succèdent ensuite divers orateurs qui évoquent les efforts actuels pour préserver la plage de Kartaboun contre le projet qui, selon eux, menace l’intégrité du site : M. Pierre Zghondi, président de Byblos Ecologia, M. Béchara Mouannès, ingénieur, Mme Fifi Kallab, experte en socio-environnement, M. Jean-Louis Cardahi, président du conseil municipal de Jbeil, M. Jacques Harb, expert en géologie marine. Suivra un débat animé par Mme Kallab et auquel participeront divers experts et environnementalistes. Les députés Mahmoud Awad et Nohad Souaid sont venus soutenir le mouvement. L’initiative de Byblos Ecologia s’inscrit dans une suite de démarches visant à s’opposer à la construction d’un projet sur la plage de Kartaboun. L’objet du litige est une marina qui devrait se placer à des centaines de mètres seulement de la citadelle de Jbeil. Selon les nombreux opposants au projet (une pétition a déjà été signée par plus de dix mille personnes), ce port touristique aurait des conséquences dramatiques sur l’écosystème fragile de la plage de sable et sur les vestiges archéologiques voisins. Le bras de fer entre les autorités locales de Jbeil (municipalité, députés, environnementalistes) et les promoteurs du projet dure depuis 1994. Mais c’est plus récemment, en décembre 1999, qu’un décret permettant la construction de la marina a été approuvé en Conseil des ministres. La municipalité a alors présenté un recours en annulation du décret auprès du Conseil d’État. Celui-ci vient de suspendre l’exécution du projet, en attendant une décision finale. Les détails du combat mené par la municipalité contre le décret sont évoqués par M. Cardahi. «Il faut qu’une seule marina soit construite pour toute la région de Jbeil et que son emplacement soit soigneusement étudié», recommande-t-il. Il rappelle que Byblos est sur la liste du patrimoine mondial et que «les vestiges du port phénicien nayant pas encore été découverts, ils pourraient être enterrés définitivement par les remblais». Le CNRS devra bientôt effectuer les premiers sondages pour retrouver le site. Mme Kallab, pour sa part, explique les dangers sur l’écosystème : modification des courants marins, extinction d’espèces, brisure de la chaîne alimentaire, pollution par l’huile et le fuel des bateaux... M. Harb rappelle que «la faune et la flore du littoral libanais ont déjà été affectées». M. Mohammed Khawli, directeur du Centre de télédétection du CNRS, fait remarquer qu’«en 15 ans, la marina aura causé la quasi-disparition du sable, alors que la présence de celui-ci est sa raison d’être». M. Wilson Rizk, expert écologique, rappelle «l’effet désastreux des remblais à Antélias». M. Mouannès note «l’importance du domaine public dans les sociétés modernes». Le béton à la place des châteaux de sable Loin des tribunes, les manifestants pacifiques ont également leur mot à dire… et ils ne mâchent pas leurs mots. Les banderoles arborées par les scouts sont assez éloquentes : «Choisissons-nous une plage publique ou remblayée ?», «Faites du bien en nous gardant la mer», «Nous demandons à l’État une loi pour la limitation de l’expansion urbaine»… Des associations comme Green Line (quelque cent personnes), Greenpeace, la SPA et autres sont représentées. Dans son communiqué, Green Line et le Rassemblement pour la protection du littoral dénoncent une fois de plus «les agressions contre le domaine public maritime». Le jeune Ziad Khoury, accompagnant ses camarades de l’Association sociale caritative (section Jbeil), considère qu’il est «dommage que des entrepreneurs conçoivent toujours de tels projets». Mme Bibi Kaddoura, de la Garderie canadienne, certifie que «tous nos parents ont signé la pétition et sont venus protester et demander la protection de ce patrimoine naturel pour leurs enfants». Sa fille Myriam, 14 ans, s’exclame : «Si nous ne protégeons pas nos plages, qui le fera ? Il existe déjà assez de plages et de ports privés ! ». Le domaine public comme un échappatoire indispensable pour les enfants, Sylvie et Jean-Claude Hanna, venus avec leur famille soutenir le mouvement, le soulignent à leur tour. «Je nage sur cette plage depuis que j’ai sept ans, pourquoi mes enfants en seront-ils privés ?», souligne Mme Hanna. Son mari déplore «le béton qui remplace les châteaux de sable». «Si le projet est exécuté, je sentirai que mes droits les plus élémentaires ont été bafoués», poursuit-il. «Mais cela ne se produira pas». Marlène Chakkal, qui déclare s’être déplacée «pour l’amour de la mer», affirme : «Je suis prête à revenir si les bulldozers se mettent au travail». Pour sa part, Mme Hanna exprime la pensée de tous les présents : «Nous en avons assez des personnes qui font de l’argent en détruisant les sites naturels». Les étudiants et les élèves sont également présents, témoignant d’un éveil écologique remarquable chez les jeunes. Des représentants de l’Union des étudiants universitaires écologiques (qui réunit plusieurs établissements) distribuent un communiqué intitulé «Le littoral libanais est-il menacé de disparition ?». Wissam Khalil, un responsable estudiantin écologique, affirme, quelque peu désabusé : «Tous nos efforts demeurent lettre morte dans ce pays, mais cela ne nous empêchera pas de continuer à militer». Pour leur part, Sophie, Rudmilla et Sébastien, trois élèves faisant partie de l’expédition de la «Baleine blanche» (association française), qui étudient les oiseaux migrateurs au Liban, notent la «dégradation environnementale observée, malgré le grand nombre d’écologistes». Autant de voix clamant la même indignation. Les autorités sont-elles à l’écoute ?
C’est pour marquer leur refus de voir l’une des dernières plages de sable de la région de Jbeil et du Liban disparaître sous le béton qu’un millier de personnes se sont jointes à l’association écologique Byblos Ecologia, samedi, pour protester contre un projet de marina au sud de la ville médiévale de Byblos. Le fait le plus marquant était la participation de personnes venues de...