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Actualités - REPORTAGES

Rapport - Bilan annuel de l'Institut international d'études stratégiques Proche-Orient : les défis de la libéralisation en Iran et au Maghreb

Le progrès vers la sécularisation issu des législatives en Iran n’a pas réglé le conflit entre libéraux et conservateurs, estime l’IISS dans son bilan stratégique annuel, qui relève en outre l’ampleur des défis posés aux régimes du Maghreb par leur libéralisation. Les élections iraniennes de février 2000 ont «consolidé la démocratie et lancé un processus de sécularisation», note l’Institut international d’études stratégiques dans son rapport annuel. Mais le conflit entre libéraux et conservateurs demeure, avec des conséquences incertaines sur la politique intérieure de l’Iran. En politique étrangère en revanche, l’IISS détecte une «continuité avec l’Iran pré-révolutionnaire». «Autant parce qu’elle a échoué que par pragmatisme, l’exportation de la révolution a été abandonnée en tant que but politique», affirme l’institut basé à Londres. L’Iran a cependant «accru ses livraisons d’armes au Hezbollah au Liban-Sud» et reste un opposant virulent au processus de paix israélo-arabe, opposition qui constitue «le principal obstacle» à une amélioration substantielle de ses relations avec les États-Unis. L’héritage de la révolution, dont la démocratisation, est en revanche au cœur du conflit entre conservateurs et libéraux en Iran même, estime l’IISS. Comme les libéraux, mais pour des raisons différentes, les conservateurs sont convaincus de la nécessité de mener des réformes, sans lesquelles le pays risque «une explosion populaire». Mais plutôt qu’une démocratisation rapide, qui à leurs yeux détruirait le régime comme la perestroika fit de l’urss, ils préfèrent «une approche à la chinoise», maintenant «l’intégrité autoritaire et idéologique du régime» tout en libéralisant l’économie. Ils ont en main trois puissants «freins», avec le guide de la révolution, l’ayatollah Khamenei, le Conseil des gardiens et le système judiciaire, qui n’a pas craint de nuire aux relations avec l’Occident en s’en prenant notamment aux journalistes et aux intellectuels libéraux. La volonté des conservateurs de ralentir la démocratisation «est une bonne nouvelle pour (le président Mohammad) Khatami, qui n’a aucun programme clair de réformes économiques en tête et peut rejeter la faute de leur lenteur sur les conservateurs», estime l’IISS. Reste à savoir combien de temps les choses peuvent traîner, face à une opinion composée à 64 % de moins de 25 ans. Les leaders politiques du Maghreb sont pareillement confrontés à une population jeune (plus de 50 % de moins de 18 ans), concernée au premier chef par une libéralisation économique pour le coup bien entamée. Le «spectre» d’un chômage galopant des jeunes a de quoi les effrayer, au plan économique et du point de vue de l’ordre public, tout autant qu’il suscite «des craintes européennes de migration incontrôlée». La stratégie des promoteurs de la libéralisation «devra faire davantage de concessions aux peuples de la région, sans quoi leurs diverses expérimentations politiques risquent d’échapper à tout contrôle». Si ces États échouaient dans la «gestion de la dimension humaine» des changements économiques, le Maghreb «pourrait passer de la marge au centre des préoccupations de sécurité de l’Europe, en moins de temps que les observateurs de part et d’autre de la Méditerranée l’auraient imaginé». À cet égard, l’intervention internationale au Kosovo a à bon droit causé aux leaders politiques régionaux des «inquiétudes sur la protection des privilèges de leur souveraineté face à de possibles interventions externes», estime l’IISS.
Le progrès vers la sécularisation issu des législatives en Iran n’a pas réglé le conflit entre libéraux et conservateurs, estime l’IISS dans son bilan stratégique annuel, qui relève en outre l’ampleur des défis posés aux régimes du Maghreb par leur libéralisation. Les élections iraniennes de février 2000 ont «consolidé la démocratie et lancé un processus de...