Actualités - CHRONOLOGIE
Grande-Bretagne - Spectaculaire sursaut conservateur aux municipales et Ken le rouge à la mairie de Londres Blair subit un double camouflet, à droite et à gauche(photo)
le 06 mai 2000 à 00h00
Tony Blair a essuyé hier un double camouflet également cuisant : venu de droite, avec le spectaculaire sursaut conservateur lors d’élections municipales, et de gauche, avec l’accession du dissident travailliste Ken Livingstone, dit «Ken le rouge», à la mairie de Londres. L’avertissement sans frais survient après des mois de lente érosion de la lune de miel entre les Britanniques et le champion du nouveau Labour porté au pouvoir par un raz-de-marée en mai 1997. M. Blair, opportunément en visite à Belfast hier, n’a pas immédiatement commenté le rappel à l’ordre, alors que se profilent des élections générales largement pronostiquées pour 2001, un an avant le terme naturel de son premier mandat. «Il est temps de se réveiller... On ne peut pas tenir les prochaines élections (générales) pour acquises», a averti M. Livingstone. Celui-là même en qui M. Blair voit un «désastre pour Londres», et qui n’en a pas moins remporté la bataille en indépendant, après avoir été écarté de la course à l’investiture travailliste, puis exclu du parti. Le provocateur né de 54 ans incarne aux yeux du Premier ministre «la gauche irresponsable», responsable des 18 années de traversée du désert du Labour et qu’il croyait avoir terrassée avec le recentrage de son parti à l’instar du nouveau parti démocrate de son ami Bill Clinton. La leçon est d’autant plus cruelle que M. Livingstone a été directement remis en selle par la décision de M. Blair de doter la capitale d’un représentant élu, dans le cadre d’un vaste chantier institutionnel incluant l’octroi d’une part d’autonomie à l’Écosse, au pays de Galles, à l’Irlande du Nord, et la refonte de la Chambre des lords moyenâgeuse. Du haut de sa nouvelle tribune, Ken Livingstone a rejeté le projet gouvernemental de semi-privatisation du métro de la capitale, avant même la proclamation des résultats définitifs retardée par des ennuis informatiques. Il était alors crédité de 46 % des suffrages, devant le conservateur Steve Norris et à bonne distance du candidat travailliste Frank Dobson, un ex-ministre de la Santé embarqué à contrecœur dans la mission kamikaze. Plus généralement, les griefs de M. Livingstone font écho à la désillusion de nombreux militants de base travaillistes, qui reprochent au gouvernement sa lenteur à réformer le système d’éducation et de santé, à moderniser les transports et à répartir les dividendes de la croissance. Pour faire bonne mesure, le nouveau maire dont la juridiction s’étend sur la City – première place financière d’Europe – milite en faveur d’une adhésion immédiate à l’euro, repoussée par le gouvernement. Le camouflet dans la capitale s’est doublé d’un revers à l’échelle de l’Angleterre où étaient renouvelés 152 conseils municipaux. Après dépouillement dans l’ensemble des municipalités, sauf trois, le parti travailliste perdait 562 sièges par rapport à 1996, tandis que les «Tories» en engrangeaient 588. Les politologues insistent cependant sur la confortable avance dont dispose encore le Labour dans les sondages. Ils rappellent aussi que les travaillistes, alors dans l’opposition, ont dû attendre plus de dix ans avant de récupérer le pouvoir malgré de bons résultats similaires aux municipales de 1983 et 1987. Le leader conservateur William Hague, qui peine depuis trois ans à s’imposer à la tête d’un parti en déshérence, s’est dit «aux anges», et voit dans le retournement électoral – neuf mois après un premier succès aux européennes – les premiers effets de l’infléchissement à droite de son discours sur les thèmes sécuritaires du droit à l’autodéfense, l’immigration, la défense de la livre. Sa victoire cependant est relativisée par la perte de Romsey (sud-ouest de Londres), lors d’une législative partielle concomitante, au profit des libéraux-démocrates qui enregistrent de bons scores. Accessoirement, les élections de jeudi ont confirmé la tendance à l’abstentionnisme, avec un taux de participation d’environ 35 % à Londres et de 30 % aux municipales.
Tony Blair a essuyé hier un double camouflet également cuisant : venu de droite, avec le spectaculaire sursaut conservateur lors d’élections municipales, et de gauche, avec l’accession du dissident travailliste Ken Livingstone, dit «Ken le rouge», à la mairie de Londres. L’avertissement sans frais survient après des mois de lente érosion de la lune de miel entre les Britanniques et...
Les plus commentés
La nouvelle ère sera aussi celle des chiites... ou ne sera pas
« Ils n'ont rien voulu entendre » : entre Bassil et le Hezbollah, le fossé ne cesse de se creuser
Entre Salam et le Hezbollah, la glace est officiellement brisée