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Actualités - CHRONOLOGIE

Histoire de la mode Madame Grès, la doyenne de la haute couture (photos)

Il y a deux ans, une centaine des créations de Madame Grès, faisant partie des archives de celle que Hubert de Givenchy désigne comme «doyenne de la haute couture», étaient proposées aux enchères, à Londres, par Christie’s. C’était là le point final d’une trajectoire. Réputée pour son légendaire «drapé», cette célèbre créatrice possédait une technique exceptionnelle : sans croquis, sans patron, sans autres outils que des épingles et l’étoffe, elle accomplissait un véritable travail d’orfèvre. L’envers de ses robes était aussi admirable à voir que l’endroit. Son célèbre drapé était monté pli par pli. «Un travail d’“artiste génial”», commente Hubert de Givenchy, fervent admirateur jusqu’à ce jour de cette créatrice unique. «Jamais de croquis, jamais de patron», disait-il lors de la vente de ce «fond d’atelier» récupéré par hasard. «Des milliers de mètres de jersey qu’elle modelait directement sur le mannequin, comme un sculpteur le ferait de la terre glaise», poursuit Hubert de Givenchi. Et pour cause, Germaine Krabs, alias Alix Grès, «rêvait dès son plus jeune âge de devenir sculpteur. Artiste dans l’âme, elle a su donner à ses créations cette liberté du mouvement, cette grande souplesse par le simple fait d’éviter les coutures les remplaçant par un savant jeu de plis». On comptait parmi ses clientes bon nombre des membres de la noblesse européenne et des célébrités : Grace de Monaco, Marlène Dietrich, la bégum Aga Khan... Dans le lot des tenues vendues par Christie’s, sélectionnées parmi les trois cents pièces que comportait le «fond d’atelier», on comptait de superbes créations étonnantes de modernité, réellement indémodables. Tailleurs, robes du soir ou de cocktail datant des années 40 ou 50 pourraient très facilement être portés aujourd’hui. C’est en 1933 que Germaine Krabs, une jeune couturière, s’installe à Paris. Elle opte pour le prénom d’Alix et, s’associant à Julie Barton, fonde sa première maison de couture : Alix Barton. En épousant Serge, un sculpteur russe, elle adopte l’anagramme du prénom de son mari au nom d’Alix en instaurant un nouvel atelier et une griffe qui, dans très peu de temps, deviendra célèbre. Michèle Morgan, Odette Joyeux, la princesse de Polignac, Mme Agnelli sont ses clientes. S’inspirant de l’Antiquité grecque, elle mettra au point ses superbes drapés, qui la rendront célèbre. Mais femme de goût et technicienne géniale, elle devient vite une des plus prestigieuses créatrices de son époque. «Lorsque je l’ai rencontrée, raconte Hubert de Givenchy, lui-même un des grands noms de la haute couture, elle avait perdu sa maison de couture. Octogénaire, elle rêvait encore de posséder un coin d’atelier, une table, trois couturières, afin de continuer à travailler... Petite dame âgée, effacée, son ruban légendaire sur la tête, elle ne voulait que créer, continuer...». Les robes-reliques vendues à Londres, modèles haute couture uniques, étaient estimées entre cinq et vingt mille dollars la pièce et dataient du temps où sa maison de couture de la Rue de la Paix était un véritable temple de bon goût et d’élégance, du temps où elle disait : «Je voudrais ne pas avoir à vendre mes robes, je préférerais les donner...». Celles qui ont été dispersées par Christie’s le 17 septembre 1998, bien d’années après sa mort, avaient été retrouvées entassées dans un entrepôt. De trois cents pièces, seule une centaine a pu être récupérée. Les autres avaient trop souffert de l’humidité...
Il y a deux ans, une centaine des créations de Madame Grès, faisant partie des archives de celle que Hubert de Givenchy désigne comme «doyenne de la haute couture», étaient proposées aux enchères, à Londres, par Christie’s. C’était là le point final d’une trajectoire. Réputée pour son légendaire «drapé», cette célèbre créatrice possédait une technique exceptionnelle :...