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Actualités - INTERVIEWS

Dans le monde Rencontre avec Neil Jordan autour de "The End of the Affair" (photos)

Bien qu’il soit surtout connu pour ses films «nationalistes» irlandais comme «The Crying Game» (qui lui a valu un Oscar du meilleur scénario), ou «Micheal Collins», Neil Jordan a signé des productions hollywoodiennes dont «Interview With the Vampire» est la plus connue. Dans «The End of the Affair», dont il a également écrit le scénario, il revisite l’univers de l’écrivain anglais Graham Greene avec autant d’émotion que de sensibilité artistique. Il a répondu aux questions de Raya Abi-Rached à Londres. L’Orient-Le Jour : Stephen Rea, l’un des acteurs du film, a confié qu’il avait été surpris d’apprendre qu’une adaptation cinématographique du roman de Graham Greene se ferait. Pensez-vous que le roman soit très «cinéma» ? Neil Jordan : Je crois que oui et que beaucoup de gens ne l’auraient pas réalisé. L’aspect le plus «cinéma», à mon avis, était la possibilité de montrer les mêmes événements de points de vue différents. C’est un agréable défi de pouvoir communiquer cela au spectateur. En temps qu’humains, on a toujours envie de savoir ce qu’une même scène paraît du point de vue d’une autre personne. C’est une chose que seul le cinéma peut faire. Dans le film, les événements ne se déroulent pas exactement de la même façon que dans le livre, certains aspects du roman sont plus dramatisés. O.J. : Avez-vous délibérément voulu décrire l’aspect religieux du film de manière discrète ? N.J. : Le dernier tiers du roman est très imprégné par la religion, il s’y déroule près de cinq événements qui auraient pu être des miracles. Pour moi, c’était un peu trop. J’ai voulu rendre l’histoire plus humaine, donc j’ai coupé quelques scènes et gardé les plus réalistes. Mais j’ai voulu rendre cela ambigu. O.J. : Le choix de Julianne Moore dans le rôle de Sarah Miles n’était pas évident, n’est-ce pas ? N.J. : Non, initialement, beaucoup d’actrices anglaises auraient été contentes de jouer ce rôle. Je n’allais pas engager Kristin Scott Thomas qui avait déjà joué avec Ralph. J’ai testé plusieurs personnes parce que beaucoup d’actrices voulaient ce rôle vu qu’il y a très peu de bons rôles disponibles pour les actrices qui n’ont plus la vingtaine. Sarah passe d’un monde de sexualité à un monde de mysticisme et j’avais besoin de quelqu’un pour jouer cela avec simplicité et, quand Julianne a fait un peu de lecture pour moi, elle m’a enchanté, je crois que c’est une excellente actrice. O.J. : Les images sont très artistiques, parlez-nous de la cinématographie. N.J. : Chacun de mes films a une cinématographie différente. J’ai toujours senti que celui-ci devait ressembler à une histoire de fantôme, un film basé à Londres dans une atmosphère quasi irréelle. Les personnages sont presque hantés. Quand on les rencontre, la première fois, ils sont presque morts, leur vie émotionnelle s’est arrêtée. O.J. : Parlez-nous de votre collaboration avec les studios Dreamworks. N.J. : Avec mon producteur, Stephen Wooley, nous avons fait trois films avec David Geffen (NDLR : partenaire de Spielberg et Jeffrey Katzenberg), ce qui fut une excellente expérience, puis David nous a proposé de travailler dans son nouveau studio, et c’est là que la relation s’est établie. Nous avons fondé une compagnie pour réaliser les films qu’eux ne peuvent pas faire, du genre «indépendant». Nous produirons cette année le premier film selon l’accord avec Dreamworks. O.J. : Prenez-vous congé entre deux projets de réalisation ? N.J. : Non, j’écris tellement, d’habitude ! C’est la première fois depuis des années que j’ai fini un film sans savoir ce que je vais faire après. Certains réalisateurs font un film qui leur prend trois ans, je ne sais pas ce qu’ils font le reste du temps. Vous savez, les Beatles sortaient parfois quatre albums par an ; actuellement des groupes comme R.E.M. sortent un album tous les quatre ans, je ne sais pas ce qui arrive aux gens, ils sont plus occupés à faire de la promotion qu’à créer.
Bien qu’il soit surtout connu pour ses films «nationalistes» irlandais comme «The Crying Game» (qui lui a valu un Oscar du meilleur scénario), ou «Micheal Collins», Neil Jordan a signé des productions hollywoodiennes dont «Interview With the Vampire» est la plus connue. Dans «The End of the Affair», dont il a également écrit le scénario, il revisite l’univers de l’écrivain anglais Graham Greene avec autant d’émotion que de sensibilité artistique. Il a répondu aux questions de Raya Abi-Rached à Londres. L’Orient-Le Jour : Stephen Rea, l’un des acteurs du film, a confié qu’il avait été surpris d’apprendre qu’une adaptation cinématographique du roman de Graham Greene se ferait. Pensez-vous que le roman soit très «cinéma» ? Neil Jordan : Je crois que oui et que beaucoup de gens ne l’auraient...