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Actualités - REPORTAGES

Familles ... Huguette Caland : Mon père, ce héros (photos)

Être fille de président, digne héritière d’un personnage aussi important et nièce de grand journaliste, écrivain, politicien, n’a en rien altéré la personnalité libre de Madame Huguette Caland. Bien au contraire, elle a hérité de ses parents chéris une notion de qualité de vie, d’être, qu’elle tient à transmettre à ses enfants et ses petits-enfants. Elle aurait pu écrire, elle a choisi de peindre ses mots, dessiner, colorer les moments intenses vécus à l’ombre – ou à la lumière – de l’histoire du Liban et de sa propre histoire. Une ligne continue, qui ressemblerait à la ligne de sa main-ligne de cœur battant – et au parcours de sa vie. Une ligne droite, faite de voyages, d’amitiés, de révélations et de nombreux souvenirs .«Tout au long de ma vie, j’ai eu des additions, je me suis toujours arrangé pour ne pas avoir de regrets ou de remords». Huguette Caland pourrait être un de ses sujets esquissés, peints, griffonnés sur ses toiles-de- toutes-les-tailles, accompagné d’histoires et de légendes, signées de sa plume volubile. Lorsqu’elle apparaît, qu’elle parle ou qu’elle se taise, lorsque Madame Caland sourit, de ce sourire intérieur qui raconte la vie, elle impose très vite une personnalité intense, une présence inévitable. De grandes lunettes noires, presque démesurées, sans doute pour mieux cerner le monde sans le limiter et voir grand, un style vestimentaire personnalisé, qu’elle a inventé avant d’être imitée – jamais de montres – un parfum subtil et une voix musicale emportent l’interlocuteur dans d’autres temps et lieux. Une enfance de qualité Première escale, une maison à Zokak el-Blatt, où naîtra et vivra la petite Huguette el-Khoury jusqu’à l’âge de 7 ans. L’artiste – qui connaît très peu de dates – saisit un papier et se met à dessiner le plan de cette vaste demeure partagée avec les oncles, Joseph et Michel Chiha, et leurs familles. «Nous avons été témoins, sans bouger, de nombreuses explosions dans le jardin, des enlèvements, mais rien de tout cela ne m’a affectée ou donnée de la haine». Béchara, sa femme et ses enfants, Khalil, Michel et Huguette quittent la maison de Freige pour Kantari. «J’y ai vécu de 7 à 22 ans, je me suis mariée dans cette maison!» devenue entre-temps la présidence. Sa première confrontation avec la mort, «je l’ai eue dans les meilleures conditions!», elle l’aura lors de sa première journée d’école, «la supérieure venait de mourir. Je fus aspergée d’homélie du cadavre de la sœur!» «cadavre presque exquis, belle leçon de vie. L’élève obtiendra son Bac très jeune, dans un contexte particulier «nous n’avions pas de vie de famille» et une douce existence, «mais nous avons eu une vie magnifique…», Et l’enfant-femme rebelle d’ajouter : «Je ne voyais pas beaucoup mon père; j’étais un enfant terrible; à 13 ans, je revendiquais déjà les droits de l’homme ! Il respectait ma révolte, se concertait en permanence avec ma mère, une femme remarquable que j’ai beaucoup aimée, qui m’a beaucoup supportée même lorsqu’elle n’approuvait pas. Je suis très reconnaissante à mes parents, toute ma vie est un hommage à eux, ils ont su me donner un sens de la liberté, un regard sur la vie et la notion de qualité, essentielle». Ses frères, Khalil – qui fut député et ministre – et Michel – gouverneur de la banque du Liban –, furent de fidèles complices, «Khalil me protégeait; il me comprenait.» Les choses de la vie Fille de président, mais jeune fille tout court, Huguette se fixe, à partir de ses 16 ans, l’objectif de «piéger Paul», Paul Caland, neveu de Georges Naccache, qui «était déjà piégé dans mon œil!» Paul fait ses études en droit. Qu’à cela ne tienne ! Huguette s’inscrit à la faculté de droit! Paul sera ainsi vite piégé. Les tourtereaux se marient le 29 avril 1952; il rejoint la Régie des tabacs, fondée par son père, elle ouvre un premier restaurant, audacieuse démarche pour la fille de Béchara el-Khoury. «Temporel» sera une grande réussite. «Toute la famille désapprouvait, sauf mes parents! Chaque soir, ils m’appelaient, et pour savoir si les recettes étaient bonnes, me demandaient «quel âge a l’enfant? Dix ans, c’était déjà la fête!» Huguette – qui eut trois enfants en 2 ans 4 mois – perdra cette merveilleuse complicité à la mort de sa mère en 1960 et au décès de Monsieur le Président en 1964. «J’ai été jusqu’au bout avec lui. Je n’ai pas peur de la mort». «Temporel-sur-Mer» succédera à son petit frère, avec vue imprenable sur la Méditerranée puis gagnera les collines de Yarzé. «Quand tout a marché, j’ai décidé de partir». En 1970, elle part pour la France, rejointe tous les quinze jours par ses trois rejetons, Brigitte, Pierre et Philippe, champions de natation, «ils ont fait le tour du monde en nageant!». La peinture trouve enfin sa place dans la vie de cette éternelle conquérante de nouveaux horizons, d’autres vies. «À 16 ans, je savais déjà peindre, mais je ne pouvais pas tout faire à la fois!». En 1983, elle pose un moment ses pinceaux à New York, retrouve Paris avant de s’installer en Californie «pour des raisons de lumière. Il fallait que mon exploration continue. J’ai construit à Venice la maison de mes rêves, faite sur mesure, pour moi toute seule!». Une maison sans portes – avec une piscine – où l’artiste dépose ses bagages après ses expositions autour du monde. «Je me suis plantée dans ces lieux» rassemblant, souvent, les enfants «qui font leur vie» et les petits-enfants. Ancrée dans ce petit coin du monde, elle y a même laissé des traces, figurant auprès de Naomi Campbell, Milla Jovovitch ou encore Emma Thompson dans le merveilleux livre de la photographe Véronique Vial Women before 10 a. m» . «Je suis une amoureuse, une essoreuse de vie. Je mange le fruit, la peau, les pépins». Et distribue à son tour le meilleur d’elle-même, héritage d’une famille formidable.
Être fille de président, digne héritière d’un personnage aussi important et nièce de grand journaliste, écrivain, politicien, n’a en rien altéré la personnalité libre de Madame Huguette Caland. Bien au contraire, elle a hérité de ses parents chéris une notion de qualité de vie, d’être, qu’elle tient à transmettre à ses enfants et ses petits-enfants. Elle aurait pu...