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Monuments en musique - L'église Saint-Elie des maronites à Kantari Un lieu majestueux pour accueillir une musique de troubadours(photos)
Par FARCHAKH Joanne, le 25 février 2000 à 00h00
Des airs de violons, des chants mélodieux, accompagnés par un oud et un qanoun, feront revivre, dimanche soir 27 février, le haut Moyen Âge en plein cœur de Beyrouth. Car cette musique a été, des siècles durant, jouée dans les cours des rois d’Europe, c’est la musique et les poèmes des troubadours. Pour ce rendez-vous, qui constitue une première au Liban, l’association Monuments en musique a choisi l’église Saint-Élie des maronites à Kantari qui est l’une des plus belles et des plus anciennes de la capitale. Elle a été édifiée au début du siècle sur l’initiative de l’évêque Youssef el-Debs, à l’emplacement d’une ancienne église qui datait du XVIIe siècle. Les travaux ont été exécutés en collaboration avec un architecte italien, et le soutien des paroissiens. Ainsi, les Chalfoun ont offert une «Pietà» sculptée qui, neuf décennies plus tard, occupe toujours le même emplacement. Et dans cette paroisse qui comptait 20 000 familles, certains fidèles avaient leurs propres bancs à l’intérieur de l’église et d’autres y étaient même enterrés. Cependant, cet âge de gloire n’a pas duré longtemps. La guerre a considérablement endommagé ce monument historique et dispersé les paroissiens aux quatre coins du pays. Elle a même provoqué la disparition des deux bâtiments qui étaient adossés à son mur nord : le presbytère et l’ancienne école de La Sagesse. Le premier est tombé en ruine et l’école a été transférée vers un immeuble plus spacieux de la rue Clemenceau. Mais avec la fin des hostilités, le nécessaire a été fait pour redonner à l’église son éclat d’antan. Certains de ses habitués y retournent, sourire aux lèvres; ils reconnaissent le monument car les travaux de restauration ont eu pour objectif de rendre à cet édifice religieux son aspect d’origine. Ainsi, les murs à l’intérieur et le plafond n’ont pas été dénudés de leur enduit, ils sont peints en blanc, ce qui ajoute au mouvement ascendant créé par la hauteur des murs et les voûtes d’ogive et éclaire l’intérieur de l’église. En fait, l’architecture de ce monument religieux est très inspirée par les différents courants artistiques qui ont marqué l’Europe pendant des siècles. Musique de troubadours L’architecte a glané un élément de chaque courant, pour créer cette église. Ainsi, l’allée principale rappelle le plan basilical, tandis que les arcades en plein cintre et les petites rosaces évoquent l’art roman, quant aux voûtes d’ogive, elles ramènent à l’art gothique. Le résultat est très beau à voir, l’église est grandiose. Ce monument historique centenaire est très bien choisi pour un concert de musique des troubadours. Car, de part son architecture, il rappelle l’Europe du Moyen Âge, période durant laquelle cet art s’est développé. En fait, la musique des troubadours a vu le jour en France, au sud de la Loire, au XIe siècle. Le troubadour était considéré comme celui qui part à la quête de l’introuvable, souvent de l’amour, et tente d’en exprimer la saveur dans la poésie et la musique. Les troubadours étaient des nobles poètes et musiciens qui composaient leurs œuvres tout en mettant en relief le dévouement et la servitude de l’amant à sa bien-aimée. Leur musique est largement inspirée des traditions orientales chrétiennes et musulmanes. Byzance était une source d’inspiration pour les chants sacrés alors que les chants profanes puisaient leur rythme des traditions arabes de Bagdad et de Cordoue. Et c’est un bouquet de ces chants datant des siècles passés qui sera repris, dimanche soir à l’église Saint-Élie, par Fadia el-Hage, accompagnée par Nidaa Abou Mrad au violon. Au menu de la soirée, des chants mystiques et poétiques en latin des XI et XIIe siècles, des chansons de trouvère en vieux français, une musique de la fin du règne des abbassides et, en clôture, du concert des compositions italiennes des XIII et XIVe siècles.
Des airs de violons, des chants mélodieux, accompagnés par un oud et un qanoun, feront revivre, dimanche soir 27 février, le haut Moyen Âge en plein cœur de Beyrouth. Car cette musique a été, des siècles durant, jouée dans les cours des rois d’Europe, c’est la musique et les poèmes des troubadours. Pour ce rendez-vous, qui constitue une première au Liban, l’association Monuments en musique a choisi l’église Saint-Élie des maronites à Kantari qui est l’une des plus belles et des plus anciennes de la capitale. Elle a été édifiée au début du siècle sur l’initiative de l’évêque Youssef el-Debs, à l’emplacement d’une ancienne église qui datait du XVIIe siècle. Les travaux ont été exécutés en collaboration avec un architecte italien, et le soutien des paroissiens. Ainsi, les Chalfoun ont offert...