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Actualités - CHRONOLOGIE

Italie - Les auteurs de l'attentat de la Piazza Fontana en 1969 devant la justice demain Procès du terrorisme noir à Milan

C’est une des périodes les plus troubles de son histoire que l’Italie s’apprête à juger à partir de jeudi à Milan où s’ouvre le procès de quatre des auteurs de l’attentat de la Piazza Fontana qui fit 16 morts et 84 blessés en décembre 1969. Le 12 décembre 1969, à 16h37, une bombe explosait à l’intérieur de la Banque nationale de l’agriculture, Piazza Fontana, à Milan, provoquant un véritable carnage. Cet attentat, sans précédent en Italie, allait marquer ce que les historiens ont qualifié de «stratégie de la tension» quand l’extrême droite a cherché à déstabiliser l’Italie pour imposer un pouvoir autoritaire. Trois des quatre accusés, Carlo Maria Maggi, Giancarlo Rognoni, Carlo Digilo, soupçonnés d’avoir confectionné et déposé la bombe meurtrière et tous liés à la mouvance fasciste, seront dans le box. Le quatrième accusé, Delfo Zorzi, ex-responsable du mouvement Ordre Nouveau, vit au Japon et a acquis la nationalité japonaise en 1989. La loi japonaise ne permettant pas l’extradition de ses propres citoyens, Zorzi, qui se fait appeler désormais Hagen Roi, sera jugé par contumace. Un cinquième homme, Stefano Tringali, est jugé pour complicité. Le procès qui aurait dû s’ouvrir le 16 février, mais a été repoussé en raison d’une grève des avocats devrait durer plusieurs mois, peut-être deux ans, selon le président de la seconde cour d’assises Luigi Martino. Pour la première fois, la justice espère révéler qui furent les commanditaires de cet attentat qui a traumatisé l’Italie. Les enquêtes des juges Guido Salvini, Maria Grazia Pradella et Massimo Meroni ont démontré qu’une partie des services secrets italiens était impliquée dans cette affaire. Un des accusés, Carlo Digilo, a travaillé pour la CIA sous le nom de code «Erodoto» et certains juges soupçonnent l’agence américaine de renseignements d’avoir téléguidé une vaste entreprise de déstabilisation afin d’empêcher la gauche d’arriver au pouvoir à Rome. Les avocats des accusés, Mes Gaetano Pecorella et Antonio Franchini, ont demandé l’audition des anciens chefs de gouvernement italien, des directeurs de la CIA depuis le début des années 60 dont l’ancien président américain George Bush, des ambassadeurs des États-Unis à Rome, des chefs de la CIA en Europe et en Italie, des responsables de l’Otan et des services secrets italiens. Selon la justice italienne, le but de l’attentat de Milan était de créer une panique propice à un coup d’État. Le même jour, un autre attentat à la bombe dans une banque de Rome provoquait 14 blessés, et un engin explosif était découvert dans une autre banque de Milan. Après l’explosion de la Piazza Fontana, d’autres attentats attribués à l’extrême droite allaient ensanglanter l’Italie. En mai 1974, à Brescia (nord), une bombe explosait pendant une manifestation antifasciste faisant 8 morts et 95 blessés, le 5 août suivant un engin déposé dans l’express Rome-Munich causait la mort de 12 personnes et faisait 48 blessés. Enfin, un attentat à la gare de Bologne le 2 août 1980 faisait 85 morts et 203 blessés. Pendant cette période, plus de 200 personnes ont perdu la vie dans des attentats attribués au «terrorisme noir». Pourtant, contrairement aux enquêtes concernant le terrorisme d’extrême gauche, celles concernant le terrorisme d’extrême droite ont longtemps été bloquées ou orientées vers de mauvaises pistes. Ainsi, en ce qui concerne la Piazza Fontana, la police avait d’abord orienté ses recherches vers les milieux anarchistes. Les quatre exécutants jugés à Milan n’ont été arrêtés qu’en juin 1997. Le ou les poseurs de bombe de l’express Rome-Munich n’ont toujours pas été retrouvés et la plupart des personnes arrêtées après l’attentat de la gare de Bologne ont été relâchées pour manque de preuves. Seuls deux anciens officiers des services secrets militaires demeurent condamnés dans cette affaire pour faux témoignage.
C’est une des périodes les plus troubles de son histoire que l’Italie s’apprête à juger à partir de jeudi à Milan où s’ouvre le procès de quatre des auteurs de l’attentat de la Piazza Fontana qui fit 16 morts et 84 blessés en décembre 1969. Le 12 décembre 1969, à 16h37, une bombe explosait à l’intérieur de la Banque nationale de l’agriculture, Piazza Fontana, à Milan,...