Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Familles Salah Tisani - Abou Salim : 40 ans de vie commune !(photos)

Bonjour les amis ! Sa voix à l’accent tripolitain résonne dans les couloirs et le précède. Abou Salim débarque dans la pièce et la comble de sa gentillesse et de sa bonne humeur. Le pantalon-avec-la-chemise fleurie ont remplacé le saroual traditionnel. La mèche blanche a recouvert la tignasse du jeune homme, comme une empreinte des 40 années passées. Abou Salim el-Tabel et Salah Tisani ont vieilli ensemble, au même rythme, bercés par une envie commune de rire et de faire rire. Divertir était le passe-temps favori du petit Salah qui animait les veillées des camps de scouts, à Tripoli. Les enfants, les parents et leurs amis ont, semble-t-il, apprécié ces soirées autour d’un feu de bois. Le passe-temps devient ambition, projets. Le jeune homme crée en 1957 sa troupe de théâtre, «Comedia Loubnan» (la Comédie libanaise), en référence à la Comédie française. De ville en ville, Salah et ses sept complices se déplacent et interprètent Molière, Labiche et le théâtre égyptien. Des acteurs inséparables, qui se devinent, se comprennent à demi-mot et qui ne se sépareront plus jamais. En 1960, Salah fonde une menuiserie, transformée plus tard en galerie de meubles. «Il fallait vendre du bois pour pouvoir faire l’artiste. Être acteur ne m’a jamais rapporté un sou». Cette même année, la compagnie présente à Télé-Liban une pièce intitulée al-Mousaffer (le voyageur). Une demi-heure de sourires qui permet à Abou Salim et compères de faire leurs débuts au petit écran. Salah créera tous les personnages, rédigera les premiers épisodes et tous ceux qui suivront. «Les scénaristes étaient très chers et la télévision n’avait pas les moyens de les payer, alors je m’y suis attelé ! Je me suis tout simplement inspiré du théâtre de mon enfance et des personnages que je croisais, dans les cafés de Tripoli. Des caractères qu’on frôle dans le quotidien». Ainsi naîtront Assaad le distrait, Aboul Chabeb le macho, Chucri l’avare, Jamil le policier et Costi, l’étranger indifférent à tout. Le premier épisode sera diffusé le 12 octobre 1961. La «Comedia Loubnan» devient officiellement Abou Salim et sa troupe. «Ce personnage me ressemble beaucoup. De nombreuses personnes ne connaissent toujours pas mon vrai nom ! Cela ne me dérange pas. Dans ce domaine, il y a l’acteur “passe-partout”, qui peut se transformer à chaque nouveau rôle, et celui, plus “spécialisé”, qui devient son personnage. D’ailleurs, tous les acteurs de l’émission ressemblent eux aussi à leur rôle». Au fil des années, les idées se multiplient, les aventures s’imposent. «Quarante ans d’écriture et d’interprétation constituent un long parcours. Durant ma carrière, j’ai écrit 2 200 textes, 8 pièces de théâtre et 4 longs-métrages». Un long feuilleton Salah Tisani trimballe avec lui Abou Salim et ses amis dans des aventures théâtrales, télévisées et cinématographiques, adaptées à l’actualité et au temps qui passe. Le Noir et Blanc des années 60 a pris des couleurs mais aussi quelques rides. «Dans les premiers épisodes, utiliser le téléphone à manivelle du village pouvait constituer le thème d’une émission, le prétexte à de nouvelles petites histoires. Aujourd’hui, chacun a son cellulaire, et d’autres aventures». Les personnages ont quand même tenu la route, leur simplicité émeut. «Et puis, tous les dix ans, une nouvelle génération nous découvre, avec des histoires mises au goût du jour. Je n’ai pas réussi, conclut-il, à apprécier le succès, car ma grande préoccupation était et reste l’écriture. Imaginer de nouvelles histoires, plus drôles que les précédentes. Il y a toujours en moi l’angoisse de la page blanche». Au gré de la programmation des chaînes, Abou Salim part, revient, repart. Il en est ainsi depuis de nombreuses années. Parallèlement, il poursuit son chemin avec des projets de spectacles au Liban et ailleurs et de nouvelles aventures d’Abou Salim et ses acolytes; il a tourné un feuilleton pour les pays arabes, sous la direction de Ali Farhat, Naamalou li ajlikom (Nous œuvrons pour vous) et de nouveaux épisodes du Père Salim, Hekm oua amthal (maximes et proverbes) diffusés sur Télé-Liban durant le mois de Ramadan et «al-Zaman doulèb» (le temps est une roue), actuellement sur ce même petit écran. Derrière son sourire se cache pourtant une profonde amertume, le sentiment et le regret de ne pas avoir récolté ce qu’il a semé. «Mes trois enfants travaillent dans des domaines complètement différents et j’en suis heureux. Le métier d’acteur ne fait pas vivre son homme». Au revoir les amis ! reprend alors Abou Salim de sa voix joviale, venu consoler son ami Salah. Ils repartent d’un même pas léger vers de nouveaux projets.
Bonjour les amis ! Sa voix à l’accent tripolitain résonne dans les couloirs et le précède. Abou Salim débarque dans la pièce et la comble de sa gentillesse et de sa bonne humeur. Le pantalon-avec-la-chemise fleurie ont remplacé le saroual traditionnel. La mèche blanche a recouvert la tignasse du jeune homme, comme une empreinte des 40 années passées. Abou Salim el-Tabel et Salah...