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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Presse - Création d'une zone franche des médias au Liban Plaidoyer pour Beyrouth capitale de l'information (photos)

Journaliste et écrivain libanais, René Naba, ancien responsable des affaires du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’AFP à Paris, considère comme «vitale» la création d’une zone franche des médias au Liban dans la mesure où cette initiative aura un effet d’entraînement sur la relance économique du Liban. «Tout plaide en faveur de la mise en place d’une telle zone au Liban, notamment le pluralisme culturel et linguistique du pays, la dextérité intellectuelle de sa population, son traditionnel climat de liberté et la place qu’occupe Beyrouth dans la mémoire collective arabe», a ajouté M. Naba, auteur d’un livre Guerre des ondes – Guerre des religions, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen qui se présente comme le premier ouvrage de géostratégie de la communication dans la sphère euro-méditerranéenne. Le Liban doit mener de front la bataille pour la restauration de sa stabilité et de sa prospérité sur le plan interne et la bataille pour son rayonnement intellectuel sur le plan international, sans se laisser décourager par les mauvais coups du sort, a-t-il estimé. De passage à Beyrouth en vue de participer aux consultations visant à l’aménagement d’un forum de concertation entre les instances de régulation de l’ensemble francophone, M. Naba, qui est également auteur d’un ouvrage controversé Rafic Hariri, un homme d’affaires premier ministre (Édition l’Harmattan), s’est penché, aussi, sur la politique française dans le domaine de la communication internationale. M. Naba, qui prône «un déploiement médiatique libanais dans le monde», explique que l’histoire du pays dans le domaine de la presse, de l’impression et de l’édition, confirme l’importance du «rôle pionnier et innovateur des Libanais dans la diffusion d’une pensée pluraliste au niveau continental, notamment grâce à l’œuvre de la diaspora». À ce propos, M. Naba rapporte qu’entre «1888 et 1929, 401 publications arabes ont vu le jour dans les pays d’émigration (sur le continent américain et en Europe) du fait, principalement, des Libanais établis à l’étranger». Et d’ajouter qu’en «1943, alors que la presse du Golfe était encore à ses premiers balbutiements, le Liban comptait 123 publications dont 17 quotidiens et 15 revues hebdomadaires pour une population de 1,5 million d’habitants, record mondial absolu pour la densité journalistique per capita». Le journaliste n’oublie pas de mettre en valeur le rôle de la presse beyrouthine «qui a donné une impulsion à toute la zone arabe au lendemain de la défaite de juin 1967». Se penchant sur les spécificités du Liban, M. Naba évoque «le pluralisme culturel et linguistique, la tradition de la liberté, et surtout l’image de Beyrouth dans la mémoire collective arabe». L’écrivain, qui estime que «le Liban a la vocation d’être le point d’expérimentation de la paix dans la région et que la normalisation ne sera possible qu’à travers le pays du cèdre», qualifie de «vitale» la mise en place d’une zone franche des médias à Beyrouth. Et de souligner que «la mondialisation des flux économiques et culturels a cueilli la presse libanaise au sortir de la guerre civile, alors qu’elle se préoccupait de sa survie; face à l’extension à la dimension du monde arabe du champ de diffusion médiatique et à l’exacerbation de la concurrence internationale, les Libanais ont réagi avec ingéniosité, répliquant par un ciblage thématique du marché arabe». La France et l’information Le journaliste note que «la Méditerranée apparaît comme l’un des principaux terrains de compétition du XXIe siècle. La relance du rôle médiatique de Beyrouth, en tant que plaque tournante de l’information régionale et en tant qu’avant-garde de la presse arabe, devrait impliquer une remise en question de la politique médiatique et des pratiques journalistiques libanaises». Mais est-ce que le Liban pourrait-il encore attirer des agences de presse étrangères quand divers pays du Golfe et du Moyen-Orient leur offrent des facilités, et alors même qu’il est question d’un transfert du bureau régional de l’AFP à partir de juin prochain à Amman ? «Je ne pense pas qu’une grande agence comme l’AFP, qui n’a pas encore reçu toutes les offres des pays arabes, se soit encore prononcée», dit M. Naba. «Dans la mesure où l’AFP est une agence française dont la présence se justifie par la défense du pluralisme intellectuel et qu’en même temps on déplore le recul de la francophonie dans un pays qui constitue son point d’encrage traditionnel, je trouverais paradoxal que les pouvoirs publics français encouragent ce transfert», indique l’écrivain. M. Naba, qui déclare «ne pas être au courant des détails des délibérations», se souvient «du siège régional de l’AFP à Beyrouth qui a admirablement fonctionné au cours des plus sombres années de la guerre». «Maintenant que la situation se stabilise au Liban, il semble problématique que l’agence ait déjà pris la décision de s’installer à Amman», dit-il. L’écrivain évoque la nomination au Liban du nouvel ambassadeur français, M. Philippe Lecourtier. «La France qui vient d’opérer un changement dans son personnel diplomatique au Liban et qui se propose de tenir le sommet de la francophonie à Beyrouth en 2001 pourra peut-être symboliquement relancer la culture française en Orient à partir de la capitale libanaise». Et de poursuivre : «Depuis le début du phénomène de la mondialisation de l’information, la France a procédé à des désignations à la tête de son dispositif audiovisuel extérieur qui répondaient à un souci de verrouillage interne, à des nominations de confort pour des raisons de commodité, plutôt que de se soucier de mobiliser les compétences en vue d’un meilleur redéploiement international de son dispositif». Selon lui, «la France a payé le prix fort : alors qu’elle était dans le peloton de tête au début des années soixante-dix dans le domaine de l’audiovisuel extérieur, elle est reléguée à l’arrière banc désormais». Et d’ajouter qu’il «faut espérer qu’elle est consciente du problème et qu’elle se donnera les moyens de reconquérir le terrain perdu». «Une de ces décisions serait à cet égard significative dans le choix de l’emplacement du futur bureau régional de l’AFP et de la plate-forme de l’audiovisuel extérieur vers le Moyen-Orient», explique-t-il. M. Naba conclut : «Beyrouth est guérie et aguerrie, à pied d’œuvre à nouveau, un quart de siècle après son implosion. Elle est désormais prête à reprendre sa place dans le domaine de l’information». Pour lui, «Beyrouth mérite bien son rôle de capitale de l’information pour deux raisons : la contribution des Libanais au développement de la presse et le tribut qu’ils ont payé à la liberté de la pensée».
Journaliste et écrivain libanais, René Naba, ancien responsable des affaires du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’AFP à Paris, considère comme «vitale» la création d’une zone franche des médias au Liban dans la mesure où cette initiative aura un effet d’entraînement sur la relance économique du Liban. «Tout plaide en faveur de la mise en place d’une telle zone au Liban, notamment le pluralisme culturel et linguistique du pays, la dextérité intellectuelle de sa population, son traditionnel climat de liberté et la place qu’occupe Beyrouth dans la mémoire collective arabe», a ajouté M. Naba, auteur d’un livre Guerre des ondes – Guerre des religions, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen qui se présente comme le premier ouvrage de géostratégie de la communication dans la...