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Actualités - ANALYSE

Campagne électorale - Réglementation médiatique et limitation des dépenses Un projet promis à de larges modifications

Prenant les devants et le taureau par les cornes, le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a souligné, bien avant le président Hoss, que le projet de loi dit d’info-dépenses, destiné à réglementer la campagne électorale, n’est pas un texte sacré. «Ce n’est ni l’Évangile ni le Coran», selon les termes du ministre pour qui il est très possible d’envisager une modification en profondeur de ce plan lors de son passage devant le Parlement «soit en commissions soit en séance». M. Murr s’étonne dès lors du tollé provoqué par le projet, en reprochant à ses détracteurs de s’être lancés bille en tête pour le critiquer, au lieu de réserver leurs remarques au débat dont il doit nécessairement faire l’objet place de l’Étoile. Il faut cependant relever un détail qui explique en partie la méfiance, sinon l’agressivité, des opposants : le texte, adressé par le gouvernement à la Chambre, n’a pas été de suite transmis comme le veut l’usage à l’instance principalement concernée, la commission de l’Administration et de la Justice. Ni d’ailleurs aux autres commissions parlementaires que le sujet peut intéresser, comme celle des Finances ou celle de l’Information. Mais étant donné l’ampleur du tollé parmi les députés, il est très probable, estiment les professionnels, que le président Nabih Berry organise dans les meilleurs délais un débat au sujet de ce texte controversé. L’un des membres de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice pense que «le gouvernement a été trop loin. Son texte est trop tranchant. Il faut en arrondir les angles et M. Berry va sans doute en discuter, en vue d’un compromis, avec le ministre de l’Intérieur». Et cela dans l’intérêt du camp loyaliste. Car l’opposition a eu beau jeu de dénoncer avec virulence «l’atteinte aux libertés fondamentales» que constituent les dispositions du projet gouvernemental. Il s’agit surtout des articles qui attribuent aux médias audiovisuels officiels, Télé et Radio-Liban, le monopole non seulement du temps d’antenne accordé aux candidats, mais aussi celui de la couverture de leurs activités, donc de la campagne électorale en tant que telle. Le président Rafic Hariri a naturellement sauté sur l’occasion pour tirer à boulets rouges sur un gouvernement qui, selon lui, bride «les libertés publiques, sans assurer l’égalité des chances requise». Dans un pays comme le Liban, le thème des libertés est tellement porteur, l’opinion y est si sensible, que l’ancien Premier ministre en a fait aussitôt son cheval de bataille, le transformant en temps fort d’un meeting populaire télévisé organisé dans sa bonne ville de Saïda. Enfonçant le clou, un autre opposant relève «le dilemme aigu dans lequel le gouvernement veut plonger les médias audiovisuels privés. D’une part, ils sont tenus d’émettre au moins un programme politique par semaine ; et d’autre part, ils se voient interdire de ce qui va constituer pendant des mois le seul sujet politique du pays, la bataille électorale». Pour cette source, la contradiction «est encore plus profonde. Car une telle législation n’est applicable, en réalité, que dans les démocraties où règne le système des partis, ce qui est loin d’être le cas chez nous. Il est déraisonnable de vouloir obliger chaque candidat à s’assurer les services d’un trésorier, qui devra rendre des comptes à l’État. Il est d’autre part injuste de fixer le même plafond, 150 millions de LL, pour tous les candidats, dont le nombre va facilement dépasser le millier. En province, il faut payer le déplacement des électeurs, et c’est très coûteux, alors qu’en ville, ils se rendent généralement par leurs propres moyens à l’urne de quartier. Mais le plus absurde, c’est que personne n’aura les moyens de vérifier quoi que cela soit et la limitation des dépenses n’est donc qu’un coup d’épée dans l’eau, de la frime à l’état pur. Quant à l’apparition à la télé, où voulez-vous que l’organisme d’État puisse caser sur sa grille des programmes les quelque 1 000 candidats qui devraient être en lice. Et puis le temps de parole a-t-il la même valeur à 20 heures et à 2 heures du matin, si tant est que Télé-Liban puisse travailler 24 heures sur 24, ce qui nous étonnerait beaucoup».
Prenant les devants et le taureau par les cornes, le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a souligné, bien avant le président Hoss, que le projet de loi dit d’info-dépenses, destiné à réglementer la campagne électorale, n’est pas un texte sacré. «Ce n’est ni l’Évangile ni le Coran», selon les termes du ministre pour qui il est très possible d’envisager une modification en profondeur de ce plan lors de son passage devant le Parlement «soit en commissions soit en séance». M. Murr s’étonne dès lors du tollé provoqué par le projet, en reprochant à ses détracteurs de s’être lancés bille en tête pour le critiquer, au lieu de réserver leurs remarques au débat dont il doit nécessairement faire l’objet place de l’Étoile. Il faut cependant relever un détail qui explique en partie la méfiance,...