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Actualités - REPORTAGES

INSOLITE - Trésors de sous-marin, coquillages par milliers, instruments de navigation Ali Baba à Aïn el-Mreissé

Et si la légende s’avérait exacte ? Saviez-vous que la caverne d’Ali Baba existait vraiment ? Où ça ? À Aïn el-Mreissé. Juste derriere le vieux port dont beaucoup ignorent l’existence d’ailleurs. Sur la route qui longe la corniche de Manara, se trouve une vieille maison, celle d’Ibrahim Najm. «L’Orient-Le jour» a voulu rencontrer ce personnage hors normes et un des pionniers de la plongée sous-marine au Liban. L’amour de la mer. Cette expression revient souvent dans le discours d’Ibrahim Najm. On peut lire cet amour sur son visage. Ses yeux parlent. Ils racontent l’ivresse des profondeurs; la mer, c’est vraiment son élément. À l’allure placide, usé par tant d’années d’expérience des fonds marins, Ibrahim est un vrai passionné comme l’étaient son père et son grand-père. «C’est en famille, me dit-il. J’ai commencé très jeune par observer mon père. Il plongeait et ramenait beaucoup d’objets de valeur à la surface. Il pêchait aussi à l’aide d’un filet. Mes aînés m’ont transmis leur flamme et je m’efforce de la retransmettre aux plus jeunes». Les trésors repêchés, Ibrahim les entrepose dans une sorte de grenier au dernier étage d’un vieil immeuble. De l’extérieur, personne ne peut deviner la présence de cet extraordinaire «musée» que cet homme a constitué. Une fois la porte franchie, le visiteur tombe nez à nez avec un incroyable capharnaüm qui cache cependant une organisation certaine. Tout a commencé par la collection de coquillages; il y en a maintenant des milliers et de toutes les tailles. Les poissons-lunes sont gigantesques et monstrueux, les mâchoires des requins impressionantes. Peu à peu, la collection s’élargit pour englober des instruments de navigations type boussole ou gouvernail. Tout le long de l’escalier qui mène au «musée» se trouvent des hublots appartenant à des cargos qui se sont échoués près de la côte. Le visiteur ne sait pas par où commencer; tellement d’objets s’offrent à son regard. Parmi les plus insolites, deux scaphandres du type Tintin et le trésor de Rackham le Rouge, des armes de toutes sortes : épées, poignards, carabines, gourdins... certaines ayant appartenu à des pirates qui jadis se livrèrent bataille dans la région. Le souvenir le plus frappant d’Ibrahim Najm remonte au jour où il a pu pénétrer dans l’épave d’un sous-marin français de la Deuxième Guerre mondiale, le Souffleur, qui toucha le fond le 25 juin 1941, bombardé par une torpille anglaise. Ce sous-marin appartenait au gouvernement de Vichy considéré comme traître par les Alliés. Des casques, des crânes et divers objets témoignent de cette époque récente. Raymond Abdulnour, plongeur de l’époque, disait : «Étant adolescent, je me souviens avoir vu chaque soir des unités quitter la rade de Beyrouth, cap au sud, pour ne rentrer qu’au petit jour. J’ai même assisté à un raid de l’aviation alliée. La région du port de Beyrouth était alors protégée par un barrage de câbles suspendus à des ballons. Cette protection limitait la marge de manœuvre de l’aviation. Le sous-marin Souffleur eut moins de chance. Le 25 juin 1941, il fut coulé au large de Khaldé par un sous-marin anglais, le Parthian du commandant Rimington». D’après les spécialistes de l’époque, ce jour-là le Souffleur alors en mission avait été dans l’obligation de faire surface pour recharger ses batteries. Les Anglais remarquèrent la manœuvre et en profitèrent pour l’intercepter. Il y eut plus de 50 victimes qui coulèrent avec le bâtiment Au moment de l’attaque, 5 des 6 membres de l’équipage qui se trouvait sur le pont tentèrent de regagner la côte à la nage. Seuls quatre réussirent. L’épave endommagée du Souffleur se trouve à moins de 40 mètres de profondeur, posée sur le fond, couchée sur bâbord. En 1981, Ibrahim fut victime de sa passion : un accident de plongée lui laissa une jambe paralysée alors qu’il tentait de remonter une barque qui était en train de couler. Cet incident ne lui a pas ôté l’envie de plonger. Pendant son rétablissement il a commencé à recevoir en cadeau de la part des habitants de Aïn el-Mreissé des bibelots et de vieux objets. De là, date sa deuxième collection, celle des antiquités : des transistors, des pièces de monnaies anciennes et toutes sortes de briquets côtoient ainsi ses trouvailles sous-marines. D’ailleurs, Ibrahim aimerait avoir un véritable musée, un endroit dans lequel il pourrait exposer ce trésor, le mettre en valeur pour que le public puisse en profiter. Cela en vaut la peine ! Juste pour le coup d’œil. Acheteur s’abstenir, Ibrahim n’est pas vendeur ! Raji GABRIEL
Et si la légende s’avérait exacte ? Saviez-vous que la caverne d’Ali Baba existait vraiment ? Où ça ? À Aïn el-Mreissé. Juste derriere le vieux port dont beaucoup ignorent l’existence d’ailleurs. Sur la route qui longe la corniche de Manara, se trouve une vieille maison, celle d’Ibrahim Najm. «L’Orient-Le jour» a voulu rencontrer ce personnage hors normes et un des pionniers...