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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

PROCHE-ORIENT - Chareh et Kaddoumi réclament le boycottage d’Israël, l’Égypte et la Jordanie temporisent Le sommet du Caire révélateur de la désunion arabe

Sécurité maximum, efficacité maximum, courtoisie maximum. C’est cette triple impression qu’ont voulu donner aux journalistes étrangers qui affluent dans la capitale égyptienne les organisateurs du «sommet arabe extraordinaire» qui se tient samedi et dimanche au Centre international des conférences au Caire (CICC), pour tenter de définir une position commune à l’égard de la situation explosive et sanglante qui prévaut dans les territoires palestiniens. Dès l’arrivée à l’aéroport en effet, une pléthore de policiers en uniforme ou en civil quadrille les couloirs de l’aérogare, inspecte avec célérité, questionne avec discrétion, vérifie tout aussi discrètement, mais libère le visiteur très rapidement quand il décline son identité professionnelle. Sécurité d’autant plus rigoureuse que se tenait dès hier sur les bords du Nil la réunion préparatoire des ministres arabes des Affaires étrangères destinée à débroussailler la voie devant les rois et chefs d’État en dégageant une plate-forme commune de recommandations. Dans les rues du Caire, inhabituellement peu animées pour un lendemain de législatives qui se déroulent en plusieurs étapes jusqu’au 11 novembre prochain, on voit très peu de déploiement sécuritaire. Mais sur les grandes artères qui mènent au siège du CICC situé à Masr el-Guédida, c’est un policier tous les dix mètres. Puis une présence un peu plus fournie devant l’université al-Azhar où se sont déroulées il y a deux mois de violentes manifestations pour protester contre un roman, jugé blasphématoire, de l’écrivain syrien Haïdar Haïdar. Devant le siège da la conférence ministérielle, qualifiée de pré-sommet, ce sont carrément des barrages de sécurité pointilleux qui filtrent les arrivants, mais avec la touche d’amabilité et le trait d’esprit qui caractérisent le peuple égyptien. À l’intérieur des locaux, suréquipés en matériel électronique, mis à la disposition de la presse, les ministres de 21 pays arabes sur 22 (y compris l’Irak qui, rappelle-t-on, n’avait pas été convié par ses pairs à un sommet depuis la guerre du Golfe en 1990, mais en l’absence de la Libye) entamaient leur séance plénière. La réunion est inaugurée par un discours du secrétaire général de la Ligue arabe, M. Esmat Abdel Méguid, qui salue «le courage et la détermination des martyrs palestiniens qui tombent en luttant contre l’agresseur sioniste». Les interventions se succèdent, puis c’est une réunion à huis clos suivie d’un déjeuner. Ensuite, à nouveau le huis clos en attendant, disent les organisateurs, la publication des recommandations lors d’une conférence de presse. Mais en milieu de soirée, une indiscrétion alerte la cohorte des correspondants de presse qui s’impatientent: les ministres se sont éclipsés très discrètement pour se rendre à l’hôtel Méridien afin de poursuivre leur huis clos. Interrogations, spéculations se bousculent sur toutes les lèvres. Mais rien ne filtre. Est-ce le désaccord entre les durs, Palestiniens, Syriens ou Libanais, qui appellent au boycottage et au gel des relations avec Israël, et les modérés, menés par l’Égypte et la Jordanie qui tentent d’apaiser les ardeurs ? En cours de journée, en effet, Le chef de la diplomatie syrienne Farouk el-Chareh, le Premier ministre libanais Sélim Hoss et le chef de la délégation palestinienne Farouk Kaddoumi ont lancé des appels au durcissement. «Toute relation avec Israël et toute poignée de main constituent un moyen de pression de la part d’Israël sur les parties arabes», a ainsi affirmé M. el-Chareh. Une fois n’est pas coutume, cette fois c’est le ministre syrien qui a proclamé son «soutien total» aux demandes formulées plus tôt par M. Hoss, qui avait appelé à une rupture des relations entre Arabes et Israéliens. M. el-Chareh a finalement proposé que le sommet crée «un fonds de soutien à l’intifada» sous la supervision du secrétaire général de la Ligue arabe, avertissant que les relations établies par «certains» pays arabes avec l’État hébreu «sont utilisées contre les intérêts arabes». «Nous sommes aujourd’hui devant un nouveau tournant : soit nous permettons à Israël de nous imposer ses conditions, soit nous luttons pour imposer les exigences de la paix à l’État hébreu et à ceux qui le soutiennent», a-t-il dit à ce propos dans une allusion aux États-Unis. «Nous n’appelons pas à la guerre, nous sommes pour une paix juste et globale», a-t-il ajouté, rejetant «la paix des compromis que réclament parfois les deux coparrains du processus de paix», Washington et Moscou. «Les Arabes, a-t-il ajouté, ont déjà fait un compromis en acceptant les lignes du 4 juin 1967». Le représentant palestinien, Farouk Kaddoumi, a indiqué pour sa part que le «document palestinien» à la réunion réclame le «boycottage économique d’Israël, la fermeture des bureaux de liaison et le gel des relations diplomatiques» avec l’État hébreu. Plus mesuré, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Amr Moussa, s’est contenté, lui, de déclarer «qu’il est nécessaire de mobiliser les capacités et les efforts arabes à tous les niveaux pour soutenir le peuple palestinien, la position syrienne en vue de la récupération du Golan occupé et appuyer le Liban». Il a ajouté qu’il était nécessaire de bien marquer «la position arabe concernant Jérusalem». «Il n’y a pas d’alternative à un retour de Jérusalem-Est sous souveraineté palestinienne, a-t-il poursuivi, précisant que son pays n’accepterait aucune autre souveraineté non arabe sur l’Esplanade des mosquées». En fin de soirée, les journalistes sillonnaient les rues du Caire entre le Centre international des conférences et l’hôtel Méridien à la recherche d’une vérité qui leur aura échappé toute la journée.
Sécurité maximum, efficacité maximum, courtoisie maximum. C’est cette triple impression qu’ont voulu donner aux journalistes étrangers qui affluent dans la capitale égyptienne les organisateurs du «sommet arabe extraordinaire» qui se tient samedi et dimanche au Centre international des conférences au Caire (CICC), pour tenter de définir une position commune à l’égard de la...