Contrairement à ses confrères peintres, Marc Ash a le verbe facile. Cela vient sans doute du fait que sa peinture est pensée d’avance. Son option esthétique n’est que la transcription précise de sa philosophie de poche qui se résumerait elle-même en ceci : adhérer au réel dans ce qu’il a de plus serein, accepter la corruption de la matière comme une évolution naturelle, évoluer dans la vie entouré de repères. «On peut difficilement cohabiter sans se faire mal avec des œuvres qui expriment la douleur et la détresse humaine. Dans ma peinture je cherche à communiquer une forme d’apaisement». Dans sa peinture, poussières de marbre et de cristal de roche se superposent en couches épaisses. De ses textures, le peintre parle avec délectation, invite à éprouver des doigts les nuances et les scintillements cachés, les reliefs où joue la lumière, le métal rouillé des angles qui ne se dégradera plus, fixé qu’il est dans un état d’usure définitif, sans fard et invulnérable comme l’or. Tracés au pochoir («c’est plus net»), des signes graphiques sont semés par poignées à la surface de ces toiles-dalles qui finissent par offrir sur quelques centimètres carrés (ou cubes, vue l’épaisseur ?) tout un lexique de l’espace, de la matière et du temps. Marc Ash est au Liban jusqu’à la fin de la semaine, à l’invitation de Lamay Fine Arts. Ses toiles seront exposées à L’Envers du décor jusqu’au 7 décembre et à l’hôtel Mzaar Intercontinental jusqu’au 7 janvier. F.AD.