Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Abou : « L’occupation est la mère des plaies dont souffre le Liban »(photo)

Le recteur de l’Université Saint-Joseph, le RP Sélim Abou, a affirmé hier que « l’occupation est la mère des plaies dont souffre le Liban », estimant qu’une « résistance culturelle » serait actuellement plus efficace que les sit-in et les manifestations « sauvagement réprimées ». Le père Abou a répondu hier aux questions du rédacteur en chef de L’Orient-Le Jour, Issa Goraieb, à l’occasion du 25e anniversaire de la fondation de la faculté des lettres et des sciences humaines, à l’amphithéâtre Pierre Y. Aboukhater. M. Goraieb a commencé par rendre hommage au père Abou, « avec qui nous sommes nombreux à partager la même passion pour ces valeurs qui font la spécificité du Liban ». Il a ensuite posé au père Abou des questions sur son parcours initiatique, religieux, académique et enfin administratif, en tant que recteur de l’USJ. L’occasion pour ce dernier d’évoquer, avec beaucoup d’humour, diverses étapes de son itinéraire, parmi lesquelles son enfance dans une « vieille famille bourgeoise, citadine et orthodoxe », sa conversion de l’orthodoxie au catholicisme bien avant son entrée dans la Compagnie de Jésus, « parce qu’il allait communier à l’église des jésuites ». Au père qui vient de le convertir, il demande « ce que ça veut dire que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils et non pas seulement du Père ». Ce dernier lui répond en riant : « Si tu crois que je sais ! ». Puis la découverte progressive de sa vocation, la première fois en classe de terminale, sur les bords du lac de Tibériade et son entrée dans la Société de Jésus. Son voyage en Argentine, enfin, et son intérêt naissant pour l’anthropologie interculturelle. « J’ai été impressionné par le contact de cultures, l’acculturation qui existait dans ce pays et le sentiment de patriotisme commun, celui d’être argentin », dit-il, en évoquant a contrario le cas libanais. Sur d’éventuels regrets durant son mandat de recteur, le père Abou évoque un seul, celui d’avoir été éloigné de l’écriture. Et de préciser qu’il va se remettre à la lecture parce que « le travail administratif l’a rendu analphabète » et qu’il sera bientôt directeur de la chaire de l’Institut de France d’anthropologie interculturelle et directeur des presses de l’USJ. Issa Goraieb lui demande ensuite s’il a reçu des « réprimandes officielles ou officieuses » suite à ses discours annuels du 19 mars. Abou répond : « La première fois, on m’a fait savoir que les Syriens n’étaient pas contents. La deuxième, on m’a dit qu’ils étaient irrités. La troisième, ils ont exercé des pressions sur des membres du conseil stratégique de l’université pour qu’ils démissionnent ». Et venant de la Société de Jésus ? « Non, quoi qu’en pense M. Pakradouni », lance-t-il sous les applaudissements du public. « Le Vatican ne m’a jamais réprimandé », ironise-t-il, en faisant état de commentaires positifs du supérieur des jésuites et du pape au sujet de ses discours. Interrogé sur « la plaie accablant le Liban qui le taraude le plus », Abou répondra que c’est « l’occupation ». « On ne peut rien faire si les députés sont manipulés, si la moitié des ministres est nommé par les occupants, si les ingérences de l’occupant dans la justice se poursuivent », a-t-il souligné, estimant qu’ « il ne voit pas de réforme possible sous la botte » syrienne. Concernant ses discours « sombres et réalistes », qui « pourraient avoir un effet contraire sur la jeunesse et la pousser à l’émigration », le recteur a indiqué qu’il les terminait « toujours par une note d’espoir ». « Il y a quelque chose à faire. Pas nécessairement les sit-in qui deviennent un peu routiniers, ni les manifestations qui sont sauvagement réprimées. Il y a d’autres manières de revendiquer la liberté, et j’en parle souvent avec les étudiants », souligne-t-il, mettant l’accent sur « la coordination politique entre les étudiants de l’USJ » et rendant hommage au « courage et à la lucidité des jeunes ». Ce que prône le père Abou, c’est une renaissance culturelle, à l’instar de celle qui avait provoqué la chute de la domination ottomane. « Il faut que les étudiants écrivent. La parole est plus forte parfois que les sit-in. Mais notre culture est un peu moribonde. On reçoit beaucoup de l’extérieur, mais c’est à l’intérieur qu’il y a quelque chose de mort », a-t-il ajouté, en précisant que ce sera le sujet de son intervention le 19 mars prochain. Suite à quoi M. Goraieb prend l’initiative d’inviter les étudiants qui aimeraient s’exprimer à le faire dans les colonnes de L’Orient-Le Jour. À une personne de l’assistance qui lui demande enfin « comment il voit l’avenir du Liban, en tant que philosophe, penseur politique et anthropologue », il a répondu : « Je ne suis pas prophète ». Le recteur de l’USJ a ensuite signé son ouvrage L’Identité culturelle suivi de Cultures et droits de l’homme (paru aux Presses de l’USJ) devant une pléthore de diplomates, d’académiciens, d’étudiants et de politiques. Michel Hajji GEORGIOU
Le recteur de l’Université Saint-Joseph, le RP Sélim Abou, a affirmé hier que « l’occupation est la mère des plaies dont souffre le Liban », estimant qu’une « résistance culturelle » serait actuellement plus efficace que les sit-in et les manifestations « sauvagement réprimées ». Le père Abou a répondu hier aux questions du rédacteur en chef de L’Orient-Le Jour, Issa...