Actualités - REPORTAGE
SOCIAL - À la Planète de la découverte, les photos parlent d’elles-mêmes Les ONG se mobilisent pour l’inclusion dans les écoles des enfants porteurs de handicap(photos)
Par ELHAGE ANNE MARIE, le 03 décembre 2002 à 00h00
Favoriser l’accès aux écoles régulières du pays des enfants souffrant d’un handicap : tel est le but que poursuivent depuis huit ans une dizaine d’associations de parents d’enfants à problème et de personnes handicapées. C’est à l’occasion de la Journée mondiale de la personne porteuse d’un handicap, aujourd’hui mardi 3 décembre, que ces associations ont regroupé leurs efforts. Elle ont démontré, à partir d’une exposition de photos qui se tient à la Planète de la découverte, que la scolarisation d’enfants à besoins spéciaux dans les écoles libanaises est devenue une réalité. Ces enfants sont trisomiques, malentendants, non voyants, handicapés moteurs ou autistes. Jusque-là, les portes des écoles régulières du pays leur étaient fermées, ou pour le moins peu accessibles. Ils devaient se contenter de vivre dans un monde à part, de fréquenter des établissements qui leur étaient réservés et qui rendaient leur socialisation hypothétique, voire impossible. C’est grâce à l’acharnement de leurs parents, qui ont décidé de se battre pour eux, que certains de ces enfants, en dépit de leur handicap, poursuivent désormais leurs études sur les mêmes bancs que les enfants dits normaux, dans une trentaine d’écoles du pays, privées ou publiques. L’inclusion et non plus l’intégration Aujourd’hui, de nombreux tabous sont levés et les différentes ONG poursuivent un même objectif : sensibiliser davantage d’établissements scolaires et d’éducateurs à la nécessité d’inclure l’enfant à besoins spéciaux dans les classes régulières et encourager chaque établissement scolaire à recevoir 5 % d’enfants porteurs d’un handicap. « Notre but, explique Fadia Farah, mère d’une jeune trisomique, est que nos enfants jouissent pleinement des droits que leur a conférés la conférence mondiale de Salamanque de 1994, dont celui de vivre dans leur milieu naturel, autrement dit dans leur famille, à l’école et au sein de la société. » Et d’insister sur le rôle de l’école, qui est d’apprendre à tous les enfants à vivre en société et non seulement à l’élite. L’inclusion de l’enfant à besoins spéciaux dans les écoles régulières a officiellement débuté au Liban il y a environ huit ans. Mais bien avant cette date déjà, quelques essais non déclarés avaient été tentés. « Si l’Unesco privilégie depuis quelques années le terme d’inclusion au détriment de celui d’intégration, c’est parce que ce dernier sous-entend une exclusion préalable de l’ensemble du groupe, alors que le mot inclusion implique que l’enfant est placé dans le milieu qu’il aurait naturellement fréquenté s’il n’était pas handicapé », observe Mme Farah. « Certes, remarque Rina Corbani, mère d’un adolescent autiste, plus tôt a lieu l’inclusion de l’enfant souffrant d’un handicap, plus son insertion est complète et réussie. » Son fils de 13 ans fréquente aujourd’hui un lycée de Beyrouth, mais son insertion n’est que partielle et non académique, car elle s’est faite trop tard. Au même titre que cet adolescent, une douzaine de jeunes autistes fréquentent les mêmes bancs, pratiquent les mêmes activités ou fréquentent la même cour de récréation que de nombreux lycéens, dans des écoles régulières. Parmi eux, deux enfants vivent cette insertion de manière totale, alors que deux adolescents sont en inclusion partielle, et que huit autres sont en inclusion partielle, non académique, vu leur âge avancé. Des programmes adaptés Consciente de la nécessité de pratiquer l’inclusion de l’enfant à besoins spéciaux dès la petite enfance, l’association libanaise des trisomiques prépare désormais le terrain pour l’insertion des tout-petits dans les écoles régulières. Des ateliers de travail sont ainsi mis en place, afin d’expliquer les modalités d’enseignement aux directeurs d’établissements et aux éducateurs, et de sensibiliser les élèves et leurs parents aux besoins de l’enfant porteur d’un handicap. « Des équipes de soutien formées d’orthophonistes, d’éducatrices spécialisées et de psychomotriciennes encadrent cette insertion, précise Mme Farah, car les débuts sont difficiles et de nombreux établissements ignorent tout simplement comment s’y prendre. » Quant au programme de travail des enfants à besoins spécifiques, il devrait être adapté à chaque enfant porteur d’un handicap, en fonction de ses capacités. En effet, les enfants porteurs de handicaps mentaux pouvant difficilement suivre un cursus scolaire régulier, « les tests proposés par le programme américain, observe-t-elle à titre d’exemple, s’adaptent à leurs besoins pour leur permettre d’atteindre les classes supérieures et d’avoir, pour certains, accès à l’université ». Jusqu’à présent, seuls les non-voyants bénéficient de programmes scolaires adaptés à leur handicap, alors qu’aucune mesure n’a encore été prise dans ce sens à l’intention des personnes souffrant de retard mental. L’étonnement du représentant du ministre de l’Éducation lors de sa visite de l’exposition en dit long sur les avancées réalisées par la société civile dans ce domaine face à l’inertie de l’État. Anne-Marie EL-HAGE Mia : Ne faites rien me concernant, sans moi Mia est trisomique et participe au travail de sensibilisation des visiteurs à l’exposition de photos à la Planète de la découverte. Âgée de 21 ans, elle est peintre et fréquente l’université où elle poursuit des études d’audiovisuel. « Quand elle était jeune, se souvient sa mère, Fadia Farah, une seule école régulière a accepté de la prendre en charge. » Ayant évolué dans un système américain qui a su s’adapter à son handicap, Mia a bénéficié d’une scolarité et d’une socialisation normales. Sensibiliser les gens à son handicap et à sa différence, avoir droit au respect, participer à la vie et bénéficier d’un support représentent aujourd’hui son souci majeur. Au moyen d’une animation qu’elle a préparée sur ordinateur, avec l’aide de sa mère, elle présente la trisomie aux visiteurs. Grands et petits peuvent ainsi comprendre, désormais, que comme eux, Mia et tous les enfants porteurs de handicap ont droit à vivre une existence normale au sein de la société. Mia ainsi que toutes les associations travaillant pour l’inclusion de l’enfant dans les écoles régulières vous attendent aujourd’hui, de 11 heures à 19 heures, à la Planète de la découverte, près de l’immeuble Starco. Associations à l’œuvre Les associations qui se sont regroupées pour favoriser l’insertion des enfants porteurs d’un handicap et pour organiser cette exposition sont les suivantes : • La société libanaise pour l’autisme. • L’association de parents des enfants malentendants. • L’association libanaise pour le syndrome de Down (la trisomie). • L’union des personnes ayant un handicap physique. • L’union des personnes non voyantes. • Les écoles de l’Unrwa. • Save the Children Sweden • Les professeurs de l’USJ, de l’UL et de la LAU.
Favoriser l’accès aux écoles régulières du pays des enfants souffrant d’un handicap : tel est le but que poursuivent depuis huit ans une dizaine d’associations de parents d’enfants à problème et de personnes handicapées. C’est à l’occasion de la Journée mondiale de la personne porteuse d’un handicap, aujourd’hui mardi 3 décembre, que ces associations ont regroupé leurs efforts. Elle ont démontré, à partir d’une exposition de photos qui se tient à la Planète de la découverte, que la scolarisation d’enfants à besoins spéciaux dans les écoles libanaises est devenue une réalité. Ces enfants sont trisomiques, malentendants, non voyants, handicapés moteurs ou autistes. Jusque-là, les portes des écoles régulières du pays leur étaient fermées, ou pour le moins peu accessibles. Ils devaient se...
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