Actualités - REPORTAGE
ALCOOL - De nouvelles habitudes se créent aux dépens de l’arak Engouement croissant pour les vins libanais
Par AL-ATTAR sahar, le 01 janvier 2001 à 00h00
Boire du vin ne faisait pas partie des habitudes de consommation des Libanais. Mais depuis 1990, les producteurs constatent une croissance importante de la demande, surtout pour les vins locaux. Les chiffres varient suivant les sources, mais en moyenne, la production, qui était de moins de quatre millions de bouteilles par an il y a dix ans, semble atteindre aujourd’hui plus de cinq millions de bouteilles. Le vin libanais, qui s’est déjà fait une place sur les marchés étrangers, rencontre de plus en plus d’adeptes au Liban. Alors que pendant la guerre, les caves libanaises exportaient plus de 70 % de leurs produits, surtout en France, en Grande-Bretagne et au Bénélux, 60 % de la production est maintenant vendue au Liban. L’Union des viticoles libanais (UVL) rassemble huit caves au total. Les trois plus grandes, qui sont à la fois les plus anciennes, sont Kefraya, Ksara et Musar. À eux deux, Kefraya et Ksara se partagent plus de 70 % du marché local, les autres producteurs étant plus tournés vers l’extérieur. Un ancien sommelier note qu’il y a dix ans, une table de restaurant sur dix commandait du vin tandis qu’actuellement huit tables sur dix ont tendance à en consommer. Najib Moutrane, devenu chef de produit aux établissements Fattal (qui distribue Kefraya), parle d’une croissance annuelle de la demande comprise entre 5 et 7 %, en moyenne. Selon Serge Hochar, président de l’UVL, cet engouement des Libanais pour le vin s’explique par le retour des Libanais installés à l’étranger pendant la guerre, qui ont assimilé les habitudes de consommation occidentales. De plus, la multiplication des restaurants libanais en dehors du pays a permis au vin libanais de se faire connaître. La croissance du marché a largement bénéficié au vin local, initialement protégé par des barrières douanières. La création de l’Institut du vin, pour aider les producteurs à mieux contrôler la qualité, a permis un ajustement entre la qualité et le prix qui a rendu le vin libanais très attractif. Les vins importés ne récoltent aujourd’hui que 10 % des parts de marché. Le succès grandissant du vin a porté préjudice à une autre production locale traditionnelle, l’arak. En revanche, la consommation de whisky, autre produit de substitution au vin, sur les tables libanaises, n’a pas été très affectée. Malgré une croissance récente importante, la dynamique ascendante ne devrait pas s’essouffler de si tôt, estime M. Moutrane. Le vin n’étant pas un phénomène culturel comme en Europe, la façon de commercialiser le produit peut avoir un impact décisif pour attirer de nouveaux consommateurs. « Au Liban, le vin est encore perçu comme un produit réservé à une certaine élite. La consommation de vin devrait être démocratisée », dit-il. Les producteurs libanais misent sur le potentiel du marché local et ont massivement investi ces dernières années. À titre d’exemple, Château Ksara a consacré plus de cinq millions de dollars depuis 1990 à l’amélioration de ses produits. M. Hochar pense que la consommation devrait continuer à augmenter. Les Européens boivent entre dix et vingt litres par an et par habitant alors que les Libanais n’en sont qu’à deux litres, la marge est donc encore grande. « Deux ou trois nouvelles caves devraient voir le jour d`ici à un an ou deux », estime-t-il. Sahar Al-ATTAR
Boire du vin ne faisait pas partie des habitudes de consommation des Libanais. Mais depuis 1990, les producteurs constatent une croissance importante de la demande, surtout pour les vins locaux. Les chiffres varient suivant les sources, mais en moyenne, la production, qui était de moins de quatre millions de bouteilles par an il y a dix ans, semble atteindre aujourd’hui plus de cinq millions de bouteilles. Le vin libanais, qui s’est déjà fait une place sur les marchés étrangers, rencontre de plus en plus d’adeptes au Liban. Alors que pendant la guerre, les caves libanaises exportaient plus de 70 % de leurs produits, surtout en France, en Grande-Bretagne et au Bénélux, 60 % de la production est maintenant vendue au Liban. L’Union des viticoles libanais (UVL) rassemble huit caves au total. Les trois plus grandes, qui sont...