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Actualités - CHRONOLOGIE

SÉMINAIRE - L’accord d’association avec l’UE sera signé le 17 juin Salamé : Pas de scénario pessimiste pour le secteur bancaire

Il est vrai que le Liban traverse une phase délicate de son histoire, qui va déterminer l’étape future. Mais sa résistance face aux campagnes de dénigrement et aux pronostics d’effondrement, qui n’ont jamais cessé depuis1997, prouve la solidité de son économie. Le Liban demeure riche par ses avoirs qu’il n’a pas bradés. Il demeure riche par son climat propice aux investissements, du fait de son économie libérale, qui signifie une liberté de l’initiative privée et des transferts de capitaux, une égalité entre un investisseur libanais et un autre non-Libanais, un respect du secret bancaire et des normes de lutte contre le blanchiment d’argent. Et il existe une unanimité parmi les Libanais en faveur de la préservation de ce climat quelles que soient les circonstances. Il s’agit là de deux idées-clé que le chef du gouvernement Rafic Hariri et le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé ont tour à tour développées et défendues, devant un parterre d’hommes d’affaires arabes réunis, à l’hôtel Phoenicia, par le groupe al-Iktissad wal aamal , à l’occasion de la tenue de la huitième édition des marchés de capitaux arabes. A pris notamment part à ce congrès le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa. M. Salamé a exposé sans ambages les réalités économiques du pays, qui ne sont pas toutjours à son avantage, évoquant le déficit structurel du budget, la dette publique élevée, la balance des paiements négative et les difficultés de l’État à assurer ses besoins en financement. Pour la première fois, un responsable libanais a osé, lors d’un congrès arabe, reconnaître l’existence dans le pays de deux courants au sein de l’opinion publique : des pessimistes, qui doutent de la capacité des Libanais à édifier un meilleur avenir, et des optimistes qui, tout en reconnaissant les difficultés du moment, croient fermement à un possible nouveau départ. Le gouverneur de la Banque centrale est catégorique. « Le Liban a besoin de réformes immédiates, cette année, précise-t-il. Des réformes qui représenteront un indice positif aux marchés ». M. Salamé a affirmé que la privatisation des secteurs de l’électricité, des communications et de l’eau ainsi que la création d’un compte spécial pour éponger la dette publique, la titrisation de certains revenus à venir de l’État et la restructuration de la dette devront renforcer la confiance dans le Liban qui sera ainsi mis sur la bonne voie. Selon le gouverneur de la Banque du Liban, les marchés au Liban attendent ces mesures avec un calme prudent, prenant en considération plusieurs indices positifs. Il a énuméré entre autres indices positifs : *Un pourcentage de croissance, qui atteindrait en 2002, 3 %. *Un pourcentage d’inflation inférieur à 5 % en dépit de l’introduction de la TVA. *La réussite du ministère des Finances au niveau de la mise en application de la TVA, dont les revenus constitueront plus de 20 % des recettes du Trésor. *L’enthousiasme montré par le public à l’égard des souscriptions directes aux eurobonds. « Un tel investissement est sûr et à haut rendement », a-t-il dit. La BDL avait souscrit aux eurobonds pour un montant d’un milliard de dollars arrivant à échéance en 2005 dans le cadre d‘une opération d’échange de bons du Trésor en livres libanaises en euronbonds. La BDL a placé jusqu’à ce jour 600 millions de dollars de son portefeuille en eurobonds et a été notifiée d’engagements d’achats pour le montant de 350 millions de dollars. Des opérations qui devraient être conclues dans les deux semaines à venir. « Ainsi, la BDL aura soldé toute sa position », a-t-il soutenu. Le placement a été opéré à l’aide de fonds venus en majorité de l’étranger grâce à des contacts entrepris par le chef du gouvernement Rafic Hariri avec des pays tiers, lors de ses nombreux voyages. M. Salamé a évoqué par ailleurs comme un signal positif l’enthousiasme des banques à entreprendre des opérations de swap en LL. Ce qui permettra de réduire, sur le marché, la demande sur les devises étrangères et de relever les taux d’intérêt servis, par les établissements de crédits, sur les dépôts. Stabilité de la livre « Le secteur bancaire est sain. On est loin de tout scénario pessimiste. Nous tenterons en tant que Banque centrale de préserver ce secteur et de défendre la stabilité de la monnaie nationale », a encore dit M. Salamé, qui a affirmé que la stabilité de la livre n’a jamais constitué une entrave à la croissance et à l’exportation. En effet, entre 1993 et 2001, le PIB et les exportations ont augmenté de 100 %. « La stabilité de la parité de la livre face au dollar a contribué à préserver la richesse nationale, à conforter le pouvoir d’achat, à reconstituer la classe moyenne, à renforcer le secteur financier. Elle a empêché la hausse des intérêts, en dépit de l’augmentation de l’endettement et de l’importante demande sur les emprunts de la part des secteurs privé et public », a-t-il dit . Importantes liquidités Les avances des banques au secteur privé se sont élevées à 12 673 milliards de dollars, soit 43,5 % de ses dépôts en devises étrangères en contre partie desquelles ont été constituées des provisions représentant 8 % de leur portefeuille. Ces provisions couvrent 75 % des emprunts douteux. Concernant le portefeuille des eurobonds ou les avances en devises des banques au Trésor, elles se montent à 5 566 millions de dollars, soit 14 % de leurs dépôts. « Il s’agit d’un pourcentage normal qui ne suscite pas d’inquiètude comme d’aucuns tentent de le faire croire », a encore dit M. Salamé . La liquidité du secteur bancaire en devises représente 44 % de ses dépôts et il s’agit d’une proportion élevée. Quant aux dépôts obligatoires en devises, ils sont de 15 % et ils ne représentent pas des fonds bloqués mais variables suivant le mouvement des dépôts. Les prêts du secteur bancaire en LL s’élèvent à près de 17 000 milliards de LL. Ils sont constitués en majorité de bons du Trésor (82 %) et sont par conséquent liquides. Le risque pays De son côté, le chef du gouvernement Rafic Hariri a axé son intervention sur le risque pays, appelant les investisseurs à faire des placements au Liban « où ce risque n’est pas supérieur à celui des autres pays arabes, sinon égal ». M. Hariri a estimé, qu’après le 11 septembre, les Arabes sont appelés à réviser leur stratégie de placements pour éviter « les tracasseries » dont ils font l’objet en Europe et aux États-Unis. Il a annoncé que le Liban signera à Bruxelles le 17 juin l’accord d’association, dont la ratification était intialement prévue le 23 avril. « Cet accord ouvrira grandes les portes aux investisseurs arabes au Liban, notamment dans le domaine de la production de biens destinés à être vendus en Europe », a-t-il dit, soulignant par ailleurs que cet accord va jouer un rôle dans la modernisation des lois libanaises. « Nous poursuivons la modernisation et le développement des potentialités du pays sans parier sur la paix bien que nous croyons à la paix », a-t-il dit. Le chef du gouvernement a quand même reconnu l’existence d’un problème au niveau des finances publiques. « Un problème dont les solutions existent mais qui sont tributaires d’une décision politique. Celle-ci existe désormais, mais elle a besoin d’être accélérée », a-t-il dit, mettant l’accent sur le fait que les tiraillements politiques que connaît la scène locale, de temps à autre, ne dépassent pas certaines limites. En tout état de cause, le débat prévu pour ce soir à 18h30 entre M. Hariri et les congressistes devrait constituer une opportunité supplémentaire pour répondre aux interrogations des investisseurs arabes potentiels, concernant notamment leur vision des choix de placements au Liban. Liliane MOKBEL
Il est vrai que le Liban traverse une phase délicate de son histoire, qui va déterminer l’étape future. Mais sa résistance face aux campagnes de dénigrement et aux pronostics d’effondrement, qui n’ont jamais cessé depuis1997, prouve la solidité de son économie. Le Liban demeure riche par ses avoirs qu’il n’a pas bradés. Il demeure riche par son climat propice aux...