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Actualités - CHRONOLOGIE

Extrême-Orient - Le Timor-Oriental proclame son indépendance La nation la plus pauvre d’Asie est née

Le petit territoire du Timor-Oriental a proclamé hier son indépendance après plus de quatre siècles et demi d’occupation et les terribles violences de 1999 lors de la rupture avec l’Indonésie. Peu après minuit hier, (dimanche 15h00 GMT), le Timor-Oriental est devenu le plus jeune État au monde. Le drapeau noir, rouge et or frappé d’une étoile blanche a été hissé à Dili devant des dizaines de milliers d’habitants émus. Cette cérémonie a marqué la fin de 32 mois d’administration de l’Onu dans ce pays grand comme la moitié de la Belgique, une ancienne colonie portugaise envahie en 1975 par l’Indonésie. L’ex-chef rebelle Xanana Gusmao, 56 ans, le « Nelson Mandela » d’Asie, avait été triomphalement élu président le mois dernier. Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, est venu saluer l’exemple « d’une petite nation capable d’inspirer le monde », aux côtés des représentants de 92 pays, dont l’ex-président américain Bill Clinton. La présidente indonésienne Megawati Sukarnoputri était aussi présente, un geste symbole d’une volonté de tourner la page des années sombres de l’occupation, qui a fait des dizaines de milliers de morts. « Je te salue, peuple du Timor-Oriental, pour le courage et la persévérance que tu as montrés », a déclaré M. Annan dans la nuit chaude, devant des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants vêtus de blanc et portant des bougies. « Nous nous souvenons de ceux, nombreux, qui ne sont plus avec nous mais qui avaient rêvé de ce moment. Ce jour est aussi le leur », a dit M. Annan, en référence aux victimes de la lutte pour l’indépendance. « Viva Timor Leste » (Longue vie au Timor-Oriental), a lancé M. Annan, sous les applaudissements. Il a expliqué être « aussi excité » par cet événement que par l’indépendance de son propre pays, le Ghana, 45 ans auparavant. « Maintenant, nous sommes vraiment libres, pour la première fois », a dit Alfonso Marques, 16 ans. « Nous n’avions jamais rêvé à quelque chose de tel ». L’émotion était forte quand la soprano américaine Barbara Hendricks a entonné O Freedom peu avant la déclaration d’indépendance. Mais ce chemin vers la liberté aura été douloureux. Le territoire avait proclamé, une première fois, son indépendance en novembre 1975. Mais neuf jours après, les troupes de Djakarta débarquaient et cette décision du général Suharto, prise à l’époque de la guerre froide, avait reçu le consentement des États-Unis. Le conflit pour écraser la rébellion d’inspiration marxiste a fait jusqu’à 200 000 morts – soit le 1/4 de la population – victimes pour la plupart de faim et de maladies, mais il est resté largement occulté et n’a pas mobilisé la communauté internationale. La chute de Suharto, en mai 1998, a ouvert la voie à une solution négociée et, en août 1999, les Est-Timorais ont massivement voté pour l’indépendance lors d’un référendum organisé par l’Onu. Mais ce choix avait déclenché de terribles représailles des milices pro-indonésiennes, formées par l’armée de Djakarta. Ces miliciens avaient massacré entre 600 et 2 000 civils, rasé à 80 % les maigres infrastructures et emmené plus de 200 000 civils au Timor-Occidental (indonésien), où vivent encore 50 000 réfugiés. Après l’envoi d’une force multinationale dirigée par l’Australie, l’Onu a administré le territoire, situé à 2 500 km à l’est de Djakarta et à 500 km des côtes nord de l’Australie. L’Onu a lancé la reconstruction et a accompagné le jeune État en gestation jusqu’à l’indépendance, une première dans l’histoire des Nations unies, a souligné M. Annan. La transition a été souvent qualifiée d’exemplaire. Les habitants n’ont généralement pas montré d’esprit de vengeance contre les miliciens revenus au pays. Mais les défis qui attendent désormais la jeune nation sont immenses. À peine indépendant, le Timor-Oriental, à 80 % rural, est en effet le pays le plus pauvre d’Asie, avec un PIB par habitant de 478 dollars. Il compte sur l’aide internationale – 440 millions de dollars sur trois ans – puis sur les revenus, en 2005-2006, de l’exploitation des hydrocarbures de la mer de Timor. Pour continuer d’aider le jeune État, l’Onu a décidé de mettre en place, pour douze mois, une Mission d’appui des Nations unies au Timor-Oriental (UNMISET) comprenant 5 000 militaires et 1 250 policiers.
Le petit territoire du Timor-Oriental a proclamé hier son indépendance après plus de quatre siècles et demi d’occupation et les terribles violences de 1999 lors de la rupture avec l’Indonésie. Peu après minuit hier, (dimanche 15h00 GMT), le Timor-Oriental est devenu le plus jeune État au monde. Le drapeau noir, rouge et or frappé d’une étoile blanche a été hissé à Dili devant...