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CINÉMA - « Terra Incognita », de Ghassan Salhab, dans la section « Un Certain regard » Le Liban au cœur du Festival de Cannes(photos)

Le Proche-Orient reste au cœur du Festival de Cannes où deux films parlent, l’un de la reconstruction de Beyrouth et des vies brisées dans l’après-guerre au Liban et l’autre, palestinien, de la vie et de l’amour en suspens en temps de guerre, à Jérusalem aujourd’hui. Terra Incognita de Ghassan Salhab, Libanais né au Sénégal, et Le mariage de Rana (Rana’s Wedding) du Palestinien de Nazareth Hany Abu-Assad sont ancrés dans le présent. Dans Beyrouth, sept fois détruite, sept fois reconstruite, Ghassan Salhab, Libanais né au Sénégal, brosse le portrait de trentenaires aisés qui tentent de reconstruire leurs vies brisées par la guerre et l’exil. Il y a Soraya (Carole Abboud), guide touristique, qui parcourt le pays de Baalbeck jusqu’à la frontière d’Israël et oublie ses angoisses avec des amants de passage ; Tarek (Rabih Mroueh), qui rentre d’exil, peut-être pour la retrouver ; Nadim (Walim Sadek), l’architecte qui reconstruit Beyrouth ; Haïdar (Carlos Chahine), dont les informations à la radio accompagnent la chronique de ces vies éclatées, comme le Short Cut de Robert Altman. Ce deuxième long métrage du réalisateur de Beyrouth fantôme, présenté dans la section officielle Un Certain regard, est une coproduction France/Liban (avec Agat Films, Arte, Le Fonds Sud, etc.) Le mariage de Rana, première production de la Fondation du film palestinienne et du ministère de la Culture palestinien avec la société néerlandaise Augustus Film, est projeté dans le cadre de la Semaine internationale de la critique, section parallèle du festival. Hany Abu-Assad raconte la course contre la montre d’une jeune Palestinienne, Rana (Clara Khoury), qui a dix heures pour retrouver et épouser l’homme qu’elle aime, contre l’avis de son père. Un Roméo et Juliette au temps de l’intifada, dit le réalisateur, présent à Cannes. Histoire vraie Rana va se heurter aux barrages militaires à Jérusalem, esquiver les pierres que jettent des gamins sur les soldats, s’effacer devant le cortège funèbre d’un Palestinien... Avec l’espoir que son amour sera plus fort que toutes les barrières qu’élèvent les hommes, mais en ramassant aussi sa pierre. Hany Abu-Assad a tourné à Jérusalem-Est et à Ramallah en pleine intifada ce film inspiré de l’histoire réelle d’une femme écrivain. «Nous tournions la scène où les enfants jettent des pierres et, à trois mètres de là, c’était ce qui se passait réellement. Nous entendions les tirs réels à deux kilomètres de l’endroit où nous étions. C’est du cinéma et c’est la vie aussi», dit le réalisateur. «C’était très étrange. Il y avait cette confusion entre la réalité et la fiction, la normalité et l’anormalité». Les Israéliens «nous volent notre liberté et notre identité, mais à travers les films, les arts, les livres, nous disons au monde que nous existons. Ils auront beau essayer de nous détruire nous riposterons», dit-il. Autodidacte, Hany Abu-Assad a travaillé comme ingénieur aéronautique avant de se tourner vers le cinéma où il a collaboré avec son compatriote Élia Suleiman, dont le dernier film, Intervention divine, est en compétition pour la Palme d’or. Grand admirateur de Rosetta, la Palme d’or des frères Dardenne, Hany Abu-Assad a cherché une actrice, Clara Khoury, qui ait la même rage intérieure. Stars en chair et en os, et étoiles numériques Après les stars glamour en chair et en os, la Croisette vient de vivre à l’heure des étoiles numériques, des Jedi et des droïdes grâce au « mogul » George Lucas, venu de son Skywalker ranch californien présenter sur la Croisette le dernier épisode de sa saga intergalactique Star Wars, L’attaque des clones. Les quêteurs de billets se faisaient insistants pour assister à la projection, à minuit trente dans la nuit de jeudi à vendredi, de cette superproduction qui sort en même temps sur 6 000 écrans américains, 850 français et dans une cinquantaine de pays dans le monde, en 19 versions différentes. « Je ne cherche pas à battre des records », a déclaré George Lucas évoquant les scores historiques que vient de battre Spider-Man au box-office américain. « Je ne suis pas dans un concours de beauté. Je ne suis pas éleveur de chevaux de course. “Star Wars” sort dans 2 000 salles de moins mais je veux que ce soit dans les meilleures conditions ». L’attaque des clones est le premier long métrage projeté en numérique au Festival de Cannes qui a équipé ses salles et projeté lors de la cérémonie d’ouverture, mercredi, Histoires de Festival, un 26 minutes de montage de Gilles Jacob, le président de la manifestation. Le réalisateur d’Américain Graffiti, le producteur de la saga des aventures d’Indiana Jones, qui vient juste d’avoir 58 ans, a comparé le passage de la bonne vieille pellicule au numérique à l’évolution de la peinture, de Michel Ange à Rembrandt. « J’aime les deux, mais ce sont deux techniques différentes. Ça change la conception et permet une plus grande souplesse », a-t-il dit à Cannes, où il était déjà venu il y a trente ans. « Il y a des mouvements chez les impressionnistes qui n’auraient pas pu exister s’ils avaient travaillé sur un mur à la lueur d’une chandelle, au lieu de sortir au soleil ». « Le numérique permet de faire ce qu’on veut : on peut recréer la Rome antique à un coût raisonnable. Ça démocratise le média. Il y aura moins de contraintes et plus de possibilités pour des films à petit budget ». Le réalisateur de THX 1 138, un court métrage réalisé en 1971 qui a donné son nom au procédé sonore qui équipe aujourd’hui les salles de cinéma, a déclaré qu’après La guerre des étoiles en 1977, il avait décidé de passer la main pour les épisodes suivants (L’Empire contre-attaque et Le retour du Jedi) « pour élever mes enfants. J’ai passé 15 ans à les élever. Ça a été une décision difficile de revenir comme réalisateur. Mais mes enfants avaient grandi et la technologie numérique me permettait de faire ce que je ne pouvais pas faire à l’époque. Et j’en ai repris pour dix ans ». La sortie du troisième épisode de la nouvelle trilogie est prévue en 2005. « Après, je vais me pencher sur les scénarios que j’ai accumulés au cours des années. Ça peut être très différent de ce que j’ai fait, non linéaire. Je peux m’éloigner du cinéma standard et faire des films plus contemporains », a indiqué George Lucas. Le cinéma fait un tour sur la plage À deux pas du fameux tapis rouge, un écran géant se dresse sur la mer, devant une quinzaine de cabines de bains en bois aux rayures multicolores : cette année à Cannes, le cinéma sort du « bunker » et prend ses quartiers sur la plage, dans un décor tout droit sorti de l’univers de Jacques Tati. Pour la première fois dans l’histoire de Cannes, la Salle des sables, inaugurée par le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon et Véronique Cayla, directrice générale du festival, offre tout au long du rendez-vous cinéphilique cannois des projections gratuites sous les étoiles et les pieds dans l’eau. Au programme : un cycle Jacques Tati, mais aussi un hommage à Billy Wilder, avec la projection de Some Like it Hot et la présentation de plusieurs courts métrages en compétition. « Tati, on adore. On a prévu de ne rater aucune séance ! », lancent en cœur Michel et Monique, un couple de Cannois. Installés sur un petit banc au pied d’une des cabines de bains du décor, ils se déclarent ravis que les habitants de la ville « puissent eux aussi profiter du festival ». Pourtant, quelques minutes avant la projection inaugurale, dédiée au cinéaste Yves Robert, décédé le 10 mai, seules quelques dizaines de personnes ont pris place face à l’écran. Les plus jeunes sont assis dans le sable. Deux retraitées ont apporté leurs fauteuils pliants. Christophe, 20 ans, en vacances sur la Croisette, est venu avec quelques copains. « C’est une idée originale et sympa », déclare-t-il. « Essayer de voir un film au Palais, c’est trop galère. Ici, il n’y pas de bousculade », ajoute le jeune homme. À quelques mètres, la foule se presse au pied des marches pour essayer d’apercevoir une star. « Ils sont tous là bas, mais la plupart d’entre eux ne voient rien », se moque Monique. Un membre de l’organisation du festival encourage Cannois et touristes à descendre sur la plage. « Ne restez pas debout, descendez et installez-vous, c’est gratuit », répète-t-il. « Il n’y a rien pour s’asseoir », proteste une dame âgée. Lorsque les premières images de Un éléphant, ça trompe énormément apparaissent sur l’écran, les flâneurs qui déambulent sur la Croisette s’arrêtent. Certains s’assoient sur le muret qui surplombe la plage. Les rires retentissent sur la Croisette. « La nouveauté surprend toujours les gens », relève Véronique Cayla, directrice générale du festival. « Au début, à la Villette (où des projections en plein air sont organisées chaque été), c’était la même chose. Je suis sûr que, dans trois jours, ce sera plein ». Chaplin en DVD Warner Home Video et MK2 ont conclu un accord exclusif pour la distribution en DVD dans le monde entier de 18 classiques de Charlie Chaplin entièrement remasterisés, ont annoncé à Cannes, en marge du festival, les présidents des groupes respectifs, Warren Lieberfarb et Marin Karmitz, en présence de l’actrice Géraldine Chaplin, fille du génial « Charlot ». L’an dernier, MK2 avait annoncé à Cannes l’acquisition, auprès de la famille, du mandat de vente mondiale du catalogue Chaplin, a rappelé M. Karmitz devant la presse. « Notre objectif est de permettre à celui qui est sans conteste un des artistes majeurs du XXe siècle de retrouver sa place dans le cinéma et de faire redécouvrir aux jeunes générations une œuvre qui reste encore moderne aujourd’hui », a-t-il expliqué. « Restaurée et numérisée, l’œuvre de Charlie Chaplin sera ainsi sauvée pour toujours », a souligné de son côté M. Lieberfarb. La publication en DVD de la Chaplin Collection, qui va de La ruée vers l’or (1925) à Un roi à New York (1958), débutera par Le dictateur (1940), dont la sortie est prévue en novembre, ont précisé les partenaires. La collection repose sur un « important travail d’édition que nous réalisons, en association avec Warner Home Video », a ajouté M. Karmitz. Ainsi, MK2 produira plusieurs documentaires d’environ une demi-heure qui accompagneront chacun des longs-métrages. Un documentaire de 26 minutes, dans lequel des réalisateurs du monde entier, de Martin Scorsese à Nanni Moretti en passant par Claude Chabrol, exposent leur vision du cinéma de « Charlot », est actuellement en cours de réalisation, a précisé Marin Karmitz. La collection sera également enrichie de nombreuses images rares, voire inédites. La sortie de cette collection prestigieuse sera précédée par la reprise en salles du Dictateur, le 16 octobre. « Pour l’occasion, plusieurs centaines de copies seront disponibles. Presque autant que pour un Disney », s’est réjoui Marin Karmitz. Un écrivain derrière la caméra Originaire de Nantes, le jeune romancier Christophe Honoré, 32 ans, signe avec 17 fois Cécile Cassard, présenté dans le cadre de la sélection officielle Un Certain regard, un drame aussi singulier que son titre, avec Béatrice Dalle dans le rôle d’une jeune mère placée face à la brusque disparition de son mari. Film qui se revendique du Fassbinder de Querelle, du Hitchcock de Vertigo et du Jacques Demy de Lola, 17 fois Cécile Cassard frappe par sa maîtrise de l’image et un soin pour l’esthétique qui rappelle à certains égards François Ozon (Sitcom, Sous le sable, 8 femmes). La musique (signée par un nouveau venu, Alex Beaupain) occupe une place essentielle dans ce film aux accents de pop art. Ancien élève dans une école de cinéma de Rennes, Christophe Honoré déclare qu’il a fait de premier film « à l’arraché ». Un budget modeste (1,5 million d’euros) et une équipe de comédiens «qui ont joué le jeu en me faisant confiance». « Le film s’est parfois tourné d’une manière un peu clandestine, ce n’est pas un film confortable », déclare le réalisateur dans un entretien avec l’AFP. Christophe Honoré a voulu plonger au cœur du sentiment amoureux. « J’ai essayé de questionner les valeurs morales, celles de la famille, les rapports d’amour, de séduction ». 17 fois Cécile Cassard pourrait aussi se lire comme la peinture d’enfants du siècle, trentenaires déboussolés par la perte des repères traditionnels et qui tentent d’en inventer d’autres à coup de tâtonnements et d’erreurs. Honoré n’a cure du réalisme : « L’image n’est pas là pour faire joli ». Il avance avec force ellipses, sans craindre le désarroi du spectateur. Échos de Cannes – Copies pirates de « Star Wars » – Les internautes fans de Star Wars qui naviguent sur la toile à la recherche de L’Épisode II, L’attaque des clones, risquent d’en être pour leurs frais. George Lucas, le créateur de La guerre des étoiles, a affirmé à Cannes, où il présente le dernier chapitre de sa saga, qu’à la date du 15 mai, il n’« y en avait pas ». « Quelqu’un a téléphoné au Los Angeles Times en disant qu’il avait une copie vidéo et qu’il allait la mettre sur Internet, mais personne jusqu’à présent ne l’a trouvée ». Cependant, il a reconnu que les petites caméras digitales rendaient le piratage très facile. – De Lucas à... Jean-Pierre Darroussin – Tout en foulant le tapis rouge, Jean-Pierre Darroussin, qui montait les marches pour la projection officielle de Marie-Jo et ses deux maris de Robert Guediguian, filmait avec une petite caméra numérique. Son casting : ses partenaires et amis, Ariane Ascaride, l’épouse du réalisateur de Marius et Jeannette, Gérard Meylan, Julie-Marie Parmentier, etc. Également sur les marches pour la présentation de ce premier candidat français à la Palme : Adriana Karembeu, Zabou Breitman et le trio d’« ambassadrices » de L’Oréal, Milla Jovovich, Noémie Lenoir et Virginie Ledoyen (téléphoto AFP), qui officiait la veille comme maîtresse de cérémonie. – 11 films sur le 11-09-01 – Onze réalisateurs, dont le Français Claude Lelouch, l’Égyptien Youssef Chahine, l’Israélien Amos Gitaï, l’Américain Sean Penn, vont réaliser onze films de onze minutes sur le 11 septembre, produits par StudioCanal. L’acteur-producteur Jacques Perrin, réalisateur du Peuple migrateur, assurera la production exécutive de ces films qui seront projetés le 11 septembre. Parmi les autres cinéastes enrôlés dans cette initiative figurent le Japonais Shohei Imamura, le Britannique Ken Loach, le Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, l’Iranienne Samira Makhmalbaf, le Burkinabé Idrissa Ouedraogo. Les recettes iront aux victimes du terrorisme. – Plongeon en anglais – François Ozon, le réalisateur de Huit femmes, va retrouver Charlotte Rampling, son actrice de Sous le sable, et Ludivine Sagnier (Gouttes d’eau sur pierre brûlante et Huit femmes) pour The Swimming Pool qu’il tournera en anglais. L’actrice britannique Charlotte Rampling y incarnera un auteur à succès et Ludivine Sagnier sera sa fille, selon le quotidien Variety. Les préventes pour l’étranger du film, qui en est au stade de l’écriture, sont assurées par Celluloïd Dreams, qui représente aussi le prochain film de Jacques Rivettes, Marie et Julien, avec Emmanuelle Béart et le Polonais Jerzy Radziwilowicz. – Un film d’aventures pour Régis Wargnier – Régis Wargnier (Est-Ouest) travaille à la préparation d’un film d’aventures dont l’adaptation en anglais sera signée par le romancier William Boyd. Man to Man racontera l’histoire de savants écossais qui, à la fin du XIXe siècle, ramènent en Europe deux Pygmées pour en faire des bêtes de foire. « Ce qui m’intéressait, c’est le thème du chaînon manquant, de la différence, abordés à travers un film d’aventures », explique le cinéaste. Le tournage de ce film international avec un budget annoncé de 30 millions d’euros et un « casting important » se déroulera en Écosse l’été prochain. – Breillat n’arrête pas – Présente à Cannes où son dernier film SeX Is Comedy a fait l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs, Catherine Breillat est une cinéaste très occupée. Son producteur Jean-François Lepetit annonce que son prochain film sera probablement l’adaptation de son propre roman, Pornocratie, dont le tournage pourrait débuter en octobre. En attendant, Breillat travaille aussi sur Une vieille maîtresse, d’après Barbey d’Aurevilly, « un gros montage financier et sans doute un tournage en anglais, avec une comédienne anglo-saxonne », selon Lepetit. Ce dernier s’était « préparé » à ce que SeX Is Comedy soit retenu en compétition mais ne regrette pas qu’il n’ait pas été finalement sélectionné. « Le producteur que je suis fait des films d’abord pour le public. Cannes n’est donc pas une fin en soi », déclare-t-il dans l’édition quotidienne du Film français publiée pendant le festival.
Le Proche-Orient reste au cœur du Festival de Cannes où deux films parlent, l’un de la reconstruction de Beyrouth et des vies brisées dans l’après-guerre au Liban et l’autre, palestinien, de la vie et de l’amour en suspens en temps de guerre, à Jérusalem aujourd’hui. Terra Incognita de Ghassan Salhab, Libanais né au Sénégal, et Le mariage de Rana (Rana’s Wedding) du...