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Actualités

Mondial 2002 La Coupe du monde, seul espoir d’une Argentine en crise

Vêtu d’une réplique du maillot de Maradona et de sous-vêtements aux couleurs d’un des plus grands clubs argentins, Pablo espère comme tout un pays que la Coupe du monde de football lui permettra d’échapper un instant à la grave crise économique et sociale que traverse actuellement l’Argentine. « Quand l’équipe nationale joue, je mets mon maillot de Maradona et je me sens en sécurité, explique cet éleveur de 34 ans. J’avoue ma honte de dire que mes sous-vêtements sont aux couleurs de River Plate. Mon âme appartient à River mais mon cœur appartient à l’Argentine. Sans ces (vêtements), je me sens démuni. » Comme pour tous les Argentins, l’approche de la Coupe du monde redonne un peu de joie à Pablo. Avec des joueurs comme Juan Sebastian Veron, Gabriel Batistuta ou Hernan Crespo, l’Argentine pourrait remporter une troisième Coupe du monde après les succès de 1978 et 1986. De la frontière avec la Bolivie, au Nord, jusqu’à la Terre de feu au Sud, tout le pays vit et respire pour le football. Dans le moindre village, des façades de maison sont repeintes aux couleurs du club local ou du blanc et bleu ciel de l’équipe nationale. Le long des routes des provinces du Sud, des automobilistes superstitieux accrochent des pendentifs de football comme autant d’anges gardiens sur de petits sanctuaires poussiéreux. L’Argentine cherche désespérément une occasion de se réjouir. Les entreprises font faillite les unes après les autres, les employés ne perçoivent plus de salaires et la moitié de cette population qui comprenait auparavant la plus importante classe moyenne d’Amérique du Sud n’a plus les moyens de se payer la nourriture et les vêtements de première nécessité. « Nous attendons tous la Coupe du monde pour ne plus avoir à penser au désordre économique », soupire Marisa Gorordo, une étudiante de 23 ans, « née » supportrice de River Plate, ou plutôt, commme c’est souvent le cas en Argentine, inscrite dès son plus jeune âge par son père dans un club de supporters de River Plate. Cette passion pour le football a déjà été utilisée dans les périodes sombres de l’histoire argentine. En 1978, le pays a organisé et remporté une Coupe du monde dont s’est servie la dictature militaire au pouvoir à l’époque pour détourner l’attention de ses enlèvements et de ses crimes à l’encontre des opposants. Dans ce pays catholique, les matches de championnat disputés le dimanche ont donné au football une dimension quasi religieuse. « Se rendre au stade le dimanche est un acte presque religieux », explique Marisa. « C’est comme une thérapie, comme si le seul jour de la semaine était le dimanche », ajoute-t-elle, même si la violence dans les stades argentins lui fait peur. En Argentine, les quotidiens consacrent des cahiers entiers à l’actualité des clubs et les taxis arborent les couleurs de leurs équipes préférées. Une femme a même récemment déclaré à la télévision qu’elle ne pourrait pas fréquenter un homme qui soutiendrait un club rival du sien. La passion de l’Argentine pour la Coupe du monde contraste avec l’apathie régnant au Brésil, l’autre géant du football en Amérique latine, où le sport, longtemps exutoire à la pauvreté et à la violence, est aujourd’hui rongé par les scandales. Mais certains Argentins préviennent leurs compatriotes qu’une victoire au Mondial ne pourra pas voiler bien longtemps les problèmes de leur pays. « La Coupe du monde est une lumière au bout du tunnel, mais il n’a jamais paru aussi clair (aux Argentins) que cette lumière était purement imaginaire », analyse Pablo Alabarces, professeur de sociologie à l’Université de Buenos Aires. « Les gens savent bien qu’un triomphe de l’équipe nationale (...) n’aurait aucune conséquence concrète. L’Argentine aurait beau être la meilleure équipe de football du monde, elle demeurerait un désastre (économique et politique) », ajoute-t-il. Le milieu de terrain et ancien capitaine de la sélection, Diego Simeone, a également prévenu récemment : « Une bonne Coupe du monde remonterait le moral de l’Argentine. Mais nous devons faire attention, les triomphes ou les frustrations d’une Coupe du monde ne changeront rien aux problèmes du pays. »
Vêtu d’une réplique du maillot de Maradona et de sous-vêtements aux couleurs d’un des plus grands clubs argentins, Pablo espère comme tout un pays que la Coupe du monde de football lui permettra d’échapper un instant à la grave crise économique et sociale que traverse actuellement l’Argentine. « Quand l’équipe nationale joue, je mets mon maillot de Maradona et je me sens en...