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Actualités - CHRONOLOGIE

Le président palestinien parle de réformes sans s’engager sur leur contenu ni sur un calendrier Pressé de toutes parts, Arafat promet « une refonte totale » de l’Autorité(photos)

Confronté à des pressions croissantes de l’étranger comme de son propre peuple, le président Yasser Arafat a promis hier des réformes en profondeur de l’Autorité palestinienne, mais sans s’engager ni sur leur contenu concret, ni sur un calendrier. « Je suis déterminé à présenter une refonte totale (...) de l’Autorité, de ses administrations, de ses ministères et de ses services de sécurité pour que nous puissions commencer à rebâtir sur des bases plus solides qui nous permettent de réaliser nos aspirations nationales à l’indépendance et à la liberté », a déclaré M. Arafat devant le Conseil législatif (Parlement) palestinien (CLP), réuni à Ramallah en séance extraordinaire. Depuis la levée du siège de M. Arafat par l’armée israélienne, le 1er mai, les États-Unis, l’Union européenne, mais aussi Israël ont appelé de manière répétée à la mise en œuvre de réformes du mode de fonctionnement de l’Autorité palestinienne. Sur le plan interne, de nombreuses voix se sont également élevées, y compris dans l’entourage de M. Arafat, pour réclamer de telles réformes. « J’appelle à un réexamen de la composition de nos administrations, nos ministères et nos services de sécurité après l’apparition de défaillances qui ne peuvent être dissimulées à l’opinion publique », a dit M. Arafat devant le CLP. « C’est l’heure du travail, de la construction, du changement et de la réforme », a ajouté M. Arafat, dont le discours était transmis en direct à la télévision palestinienne. Le CLP « doit se transformer en un atelier de travail (...) chargé de rebâtir notre système politique sur des bases plus solides de démocratie, d’État de droit et d’indépendance de la justice », a-t-il ajouté. La première réaction israélienne à ce discours a été négative, le porte-parole du Premier ministre israélien Ariel Sharon, Raanan Gissin, estimant qu’il ne contenait « rien de nouveau ». M. Sharon avait affirmé mardi que des négociations entre Israël et les Palestiniens étaient conditionnées par une transformation radicale de l’Autorité, qu’il avait qualifiée de « régime dictatorial, corrompu et tyrannique ». M. Arafat a, en outre, demandé aux 88 membres du Conseil législatif, élu en 1996, de préparer « rapidement » de nouvelles élections « à tous les échelons officiels et populaires », mais là encore, sans donner aucune indication de date. Il a également appelé au respect des droits de l’homme et « du principe de la séparation entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ». Mardi soir, la direction palestinienne avait annoncé que M. Arafat avait promulgué une loi sur l’indépendance de la justice. M. Arafat a aussi, pour la première fois, admis avoir commis des « erreurs », notamment dans le cadre des accords conclus avec Israël pour mettre fin au siège de son quartier général de Ramallah et de la basilique de la Nativité à Bethléem. En vertu de ces deux accords, six Palestiniens sont emprisonnés sous supervision américaine et britannique, et 13 autres ont été bannis à l’étranger, deux mesures mal reçues dans les Territoires. « Il nous faut maintenant réévaluer d’urgence notre politique et nos plans afin de corriger les erreurs », a-t-il déclaré. Dans ce discours, qui coïncidait avec la commémoration de la « Nakba », la « catastrophe » que fut pour les Palestiniens la création, en 1948, de l’État d’Israël, M. Arafat a réaffirmé que la paix restait un « choix stratégique » et a répété qu’il condamnait les attentats « contre les civils israéliens », estimant que « ces opérations, non seulement ne servent pas nos objectifs, mais dressent contre nous une grande partie de la communauté internationale ». L’Onu pourrait se substituer à l’Autorité palestinienne, affirme Roed-Larsen Le coordinateur de l’Onu au Proche-Orient, Terjé Roed-Larsen, a évoqué hier à Oslo la possibilité que les Nations unies se substituent à l’Autorité palestinienne si cette dernière ne parvenait pas à rétablir la sécurité dans la région. « Si la fonction de police (de l’Autorité palestinienne) continue d’être érodée (...), ce vide devra être comblé et c’est probablement l’Onu qui est la mieux placée pour le combler », a déclaré M. Roed-Larsen, lors d’une intervention donnée à l’Institut Nobel. « Si cela continue à se détériorer, il faut faire quelque chose », a-t-il dit, en soulignant la nécessité pour l’Autorité palestinienne de se réformer. M. Roed-Larsen a fait état d’un « large consensus » sur ce point, les États-Unis, l’Union européenne, les Nations unies et la Russie étant, selon lui, tous d’accord sur la nécessité de cette réforme. « C’est un fait que l’Autorité palestinienne a échoué à contrôler le terrorisme et nous n’avons eu de cesse de critiquer cela », a expliqué M. Roed-Larsen. Le haut responsable de l’Onu a toutefois souligné qu’il n’était pas question de placer les territoires palestiniens sous mandat, ni de déchoir M. Arafat, « dirigeant palestinien démocratiquement élu ». Il a également indiqué que l’Onu jouait déjà un rôle prépondérant dans la gestion des territoires palestiniens, via son Agence pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) qui assure le fonctionnement de la moitié des écoles et des établissements de santé locaux. M. Roed-Larsen s’exprimait dans la salle même où avait été annoncée en 1994 l’attribution du prix Nobel de la paix à M. Arafat, au Premier ministre israélien d’alors Yitzhak Rabin et au chef de la diplomatie de l’État hébreu, Shimon Peres. Incursion de l’armée israélienne dans le sud de la bande de Gaza L’armée israélienne a mené pendant cinq heures hier une incursion dans le secteur palestinien autonome de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où elle a détruit trois maisons, a-t-on appris de source sécuritaire palestinienne. Des soldats, appuyés par quatre chars et un bulldozer, sont entrés jusqu’à environ 200 mètres à l’intérieur de Rafah et ont procédé à des perquisitions, selon les mêmes sources. Ils ont également détruit trois maisons palestiniennes et endommagé plusieurs autres, a-t-on ajouté. La veille, deux Palestiniens avaient été légèrement blessés par des tirs israéliens dans le secteur de Rafah, ville frontière avec l’Égypte. Un porte-parole de l’armée israélienne a de son côté fait état de tirs palestiniens contre la colonie juive de Névé Dekalim, proche de Rafah, qui n’ont pas fait de blessé. Selon une source militaire, deux obus de mortier ont d’autre part été tirés mardi soir contre le bloc de colonies du Goush Katif, toujours dans la même région, endommageant une maison. L’armée israélienne a en outre découvert à Rafah un tunnel creusé à la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza servant notamment au trafic d’armes et de drogue, toujours selon la même source. Un photographe palestinien de l’AFP détenu depuis trois semaines Un photographe palestinien travaillant pour l’Agence France-Presse en Cisjordanie était toujours détenu hier, trois semaines après son arrestation par l’armée israélienne, sans avoir été inculpé. Outre ce photographe, Hossam Abou Alan, 47 ans, qui réside à Hébron (sud de la Cisjordanie) et travaille pour l’AFP depuis six ans, un caméraman de l’agence britannique Reuters, Jousri al-Jamal, est détenu dans les mêmes conditions depuis le 30 avril. M. Abou Alan a été arrêté le 24 avril au barrage de Beit Einun (nord-est d’Hébron) en compagnie d’un autre journaliste palestinien, Mazen Dana, caméraman de Reuters, alors qu’ils se rendaient dans la localité voisine de Bani Naïm pour y couvrir les funérailles de deux Palestiniens tués par l’armée israélienne. Une porte-parole de Tsahal avait d’abord affirmé à l’AFP que M. Abou Alan avait été arrêté parce qu’il se trouvait dans une zone placée sous contrôle civil et militaire total d’Israël et où les Palestiniens n’ont pas le droit de se trouver en raison du blocus des villes palestiniennes, et parce qu’il n’avait pas de carte de presse délivrée par le Bureau de presse du gouvernement (GPO). Le GPO a refusé au début de cette année de renouveler les cartes de presse des journalistes palestiniens travaillant pour les médias étrangers, à quelques exceptions près, invoquant un risque sécuritaire. M. Dana avait été remis en liberté quelques heures plus tard, mais M. Abou Alan avait été emmené par les soldats vers une destination inconnue et apparemment remis au Shin Beth (service de sécurité intérieure).
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