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THÉÂTRE - « La peau d’Élisa » de Carole Fréchette dans une mise en scène de Joe Kodeih Une femme en danger d’elle-même(photos)
Par GEMAYEL Diala, le 16 mai 2002 à 00h00
La Québécoise Carole Fréchette tient en ce moment le haut de l’affiche théâtrale. En effet, après Le collier d’Hélène présenté il y a quelques semaines au Théâtre de Beyrouth, une autre de ses œuvres dramatiques, La peau d’Élisa, se joue à la salle Montaigne du CCF de Beyrouth (*), dans une mise en scène de Joe Kodeih. Une femme, Élisa, est atteinte d’un mal étrange : sa peau s’épaissit chaque jour un peu plus. Elle rencontre un homme qui lui donne un remède : raconter des histoires d’amour de manière à toucher son auditoire au plus profond de lui-même. Seul ce trouble arrêterait le processus inexorable qui sépare peu à peu Élisa de sa personne d’origine. Sauver sa peau d’une maladie de peau Ce texte dense pour deux acteurs a été traduit en majeure partie en arabe. Sur scène, Mirna Mkarzel et Emmanuel Labrande, qui tient ici un rôle mineur avec justesse et talent. L’interprétation principale, quant à elle, est remarquablement donnée par Mirna Mkarzel, qui se glisse avec une aisance presque naturelle dans la peau distendue et envahissante d’Élisa. Celle-ci, faisant face à public volontairement très réduit et installé sur la scène du théâtre, se recroqueville dans un fauteuil juché sur une estrade. Un tissu pourpre immense descend du siège comme une traîne vers les chaises vides de la salle inoccupée. La jeune femme, pieds nus et le corps soigneusement caché dans une ample chemise de nuit blanche, interpelle les spectateurs, les yeux hagards, avides : «Est-ce que je l’ai bien racontée, mon histoire ? Regardez mes genoux et dites-moi : ils ne sont pas moins épais ? ». Élisa raconte des histoires de tout son cœur pour sauver sa peau d’une maladie de peau. De toute sa personne, elle recrée la romance passionnée qu’elle n’a pas vécue et qu’elle s’est appropriée pour provoquer l’émotion libératrice. Toute la difficulté du rôle tient évidemment dans le rendu exact de cette tension extrême qui habite une femme en danger d’elle-même. Mirna Mkarzel, grâce à une interprétation très intériorisée – d’ailleurs assez déstabilisante au début du spectacle – et très vraie, passe l’épreuve avec beaucoup de bonheur. La mise en scène «rapprochée» de Joe Kodeih, dans laquelle le spectateur a l’impression constante d’une Élisa vue en gros plan, répond de manière formelle au fond du beau texte de Carole Fréchette : la curiosité malsaine pour une maladie déformante, le besoin inextinguible de belles histoires d’amour et, surtout, l’impression sourde qu’Élisa, dans sa solitude et sa folie, est un double de soi, de celui aperçu à la dérobée dans un miroir vieilli, solitaire, avec pour seul compagnon son imaginaire. Une pièce à ne pas manquer. Diala GEMAYEL (*) La peau d’Elisa de Carole Fréchette. Mise en scène de Joe Kodeih. Jusqu’au 8 juin, du jeudi au samedi, à 20h30 précises (sauf le 24 mai). Renseignements et réservations : 01/420 230.
La Québécoise Carole Fréchette tient en ce moment le haut de l’affiche théâtrale. En effet, après Le collier d’Hélène présenté il y a quelques semaines au Théâtre de Beyrouth, une autre de ses œuvres dramatiques, La peau d’Élisa, se joue à la salle Montaigne du CCF de Beyrouth (*), dans une mise en scène de Joe Kodeih. Une femme, Élisa, est atteinte d’un mal étrange : sa...
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