Actualités - CHRONOLOGIE
Un gouvernement avec ou sans l’extrême-droite ? Un assassinat qui bouleverse la donne électorale des prochaines législatives
le 11 mai 2002 à 00h00
L’assassinat du dirigeant de la droite populiste néerlandaise Pim Fortuyn bouleverse la donne politique avant les élections législatives du 15 mai qui pourraient déboucher sur une période d’instabilité aux Pays-Bas. Après la mort de Fortuyn, assassiné de cinq balles lundi dernier à Hilversum (centre), le principal enjeu du scrutin devient le score que fera son parti, la Liste Pim Fortuyn (LPF), à présent décapité. En l’absence de sondages, suspendus avec la campagne électorale après le meurtre, il est difficile de prendre la mesure exacte de l’opinion. « Je m’attends à une situation assez chaotique. Je pense que la LPF deviendra le premier parti aux élections. La situation risque d’être instable. Les membres de sa liste n’ont aucune expérience politique », dit Han Entzinger, un professeur de sciences sociales à l’Université Érasme de Rotterdam. Le parti d’extrême droite de Fortuyn avait été formé il y a trois mois pour affronter les élections. Propulsée en quelques semaines sur le devant de la scène politique par le charisme de son chef, la LPF n’a pas d’enracinement géographique et ses cadres sont des novices. Son programme, encore en gestation, est fragmentaire. Les points les plus saillants en sont l’arrêt de toute nouvelle immigration et la « tolérance zéro » en matière de délinquance. C’est en défendant ces idées, cristallisées autour d’une formule choc « les Pays-Bas sont pleins », que Pim Fortuyn a remporté plus du tiers des votes dans la grande cité portuaire de Rotterdam aux municipales en mars dernier. Après son assassinat, un militant de la cause animale, dont on ignore les motivations, a été arrêté et mis sous les verrous. Un coup de théâtre L’ascension fulgurante de ce professeur de sociologie, toujours tiré à quatre épingles, et qui affichait sans complexe son homosexualité, a eu les allures d’un coup de théâtre sur une scène politique plutôt terne où le pouvoir est traditionnellement monopolisé par les mêmes partis : les travaillistes, les chrétiens-démocrates et les libéraux. Depuis 1994, les Pays-Bas sont gouvernés par une coalition de centre-gauche, baptisée « coalition pourpre » – qui regroupe le Parti travailliste (PvdA), dont est issu l’actuel Premier ministre Wim Kok, les libéraux (VVD) et un petit parti réformateur (D66). Les chrétiens-démocrates du CDA, qui avaient participé à pratiquement toutes les coalitions du XXe siècle jusqu’en 1994, espèrent bien faire leur retour au pouvoir à l’occasion de ces élections. Compte tenu du mode de scrutin, un système proportionnel intégral – qui favorise la représentation des petits partis et l’émiettement des voix –, les Pays-Bas seront comme par le passé gouvernés par une coalition. Plusieurs configurations sont possibles. L’une des plus fréquemment envisagées consisterait dans une alliance de centre-droit incluant le parti de Fortuyn, le VVD et les chrétiens-démocrates. Autre possibilité : un cabinet d’« Union nationale » qui regrouperait les démocrates-chrétiens et la coalition pourpre sans la liste Fortuyn. Pour M. H. Daemen, professeur de sciences de l’administration à l’Université Érasme (Rotterdam), les deux options sont porteuses d’instabilité : « La meilleure configuration serait la convocation de nouvelles élections où la LPF serait décimée », estime ce professeur cité par le quotidien De Volksrant (centre-gauche). En tout état de cause, le vainqueur des élections ne sera pas connu au soir du 15 mai et encore moins le nom du nouveau Premier ministre. Les résultats refléteront les rapports de force entre les différentes formations politiques. Il appartiendra ensuite aux partis de dégager entre eux, sous la tutelle d’un « formateur » désigné par la reine, un programme commun de gouvernement qui permettra de former une nouvelle coalition.
L’assassinat du dirigeant de la droite populiste néerlandaise Pim Fortuyn bouleverse la donne politique avant les élections législatives du 15 mai qui pourraient déboucher sur une période d’instabilité aux Pays-Bas. Après la mort de Fortuyn, assassiné de cinq balles lundi dernier à Hilversum (centre), le principal enjeu du scrutin devient le score que fera son parti, la Liste Pim Fortuyn (LPF), à présent décapité. En l’absence de sondages, suspendus avec la campagne électorale après le meurtre, il est difficile de prendre la mesure exacte de l’opinion. « Je m’attends à une situation assez chaotique. Je pense que la LPF deviendra le premier parti aux élections. La situation risque d’être instable. Les membres de sa liste n’ont aucune expérience politique », dit Han Entzinger, un professeur de sciences...
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