Les 34 000 habitants d’Esperantina, une petite ville du nord du Piauï (nord-est du Brésil), l’un des États les plus pauvres du pays, ont fêté hier jeudi le « Jour de l’orgasme », institué il y a un an à l’unanimité par les conseillers municipaux. «Un débat sérieux permet de trouver des moyens d’améliorer le plaisir sexuel des couples et surtout celui des femmes d’Esperantina qui se disent pour la plupart (73 %) insatisfaites», affirment les conseillers municipaux. Pour les élus, l’insatisfaction des femmes a entraîné des crises conjugales, des séparations et des trahisons et constitue un problème social dans la ville, même si aucun d’entre eux n’admet être concerné directement par le problème. La prostituée la plus célèbre d’Esperantina, Raimunda Alves, 63 ans, était la vedette de la journée. Encadrée de sociologues et sexologues, elle a raconté les préférences sexuelles masculines des quelque 5 000 hommes qu’elle a connus en quarante-sept ans de profession, rapporte le Jornal do Brasil. Le propriétaire du seul motel de la ville avait misé sur les festivités pour augmenter sa clientèle et avait acheté la première baignoire de l’établissement qui comprend cinq chambres à 2,50 dollars l’heure et où les clients arrivent à vélo. La vente de préservatifs a augmenté pour la circonstance, selon le pharmacien de la ville, Edson da Silva, mais les ventes de Viagra sont restées stables. Le curé de la paroisse, Carlos Seixas, a déclaré à la presse « ne pas être opposé à la célébration du jour de l’orgasme ». « Ce sera une occasion de discuter avec les paroissiens », a-t-il jugé. L’idée d’instituer un jour de l’orgasme est venue d’un ancien conseiller municipal du Parti des travailleurs (PT-gauche), Arimatéia Dantas, aujourd’hui en poste à Brasilia. Seule note discordante, le maire de la ville, José Ivaldo Franco, qui avait refusé de se prononcer sur le thème : « J’ai honte! », a-t-il avoué.