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Actualités - CHRONOLOGIE

Suède Les groupes parlementaires s’interrogent sur la place à accorder à l’extrême droite

Les responsables suédois s’interrogeaient cette semaine sur l’attitude à adopter face à la progression des mouvements nationalistes en Europe et le meurtre du Néerlandais Pim Fortuyn qui ont semblé revigorer, à quatre mois des législatives, une extrême droite cantonnée aux profondeurs électorales et médiatiques. Le président du Parti du peuple (libéral), Lars Leijonborg, a jeté un pavé dans la mare dimanche en affrontant à une heure de grande écoute sur l’antenne de la première chaîne de télévision un ancien député conservateur récemment passé aux Sverigedemokraterna (Démocrates de Suède, SD), la principale formation d’extrême droite suédoise. Avec 5 000 adhérents revendiqués et une poignée d’élus municipaux, SD est quasiment invisible au niveau national et les partis parlementaires de droite et de gauche semblaient s’accorder pour le maintenir dans son image de groupuscule infréquentable, en refusant tout débat public avec ses responsables. Jusqu’à dimanche. Sous la pression des autres partis et des médias, Lars Leijonborg a annoncé qu’il ne rééditerait pas l’expérience. Mais son initiative a suscité une avalanche de réactions sur l’opportunité ou non de débattre, non pas avec l’extrême droite, mais de l’extrême droite, tous les courants représentés au Parlement ayant d’ores et déjà marqué leur refus de partager les plateaux de télévision avec SD. Les centristes ont néanmoins proposé une large discussion au Parlement face au regain des idées nationalistes en Europe. L’idée n’a semble-t-il pas encore rencontré d’écho favorable. Le Premier ministre social-démocrate Goeran Persson est catégorique : rien ne justifie d’offrir une tribune nationale à une formation qui compte ses mandats politiques locaux sur les doigts d’une seule main. Il ne s’agit pourtant pas « de glisser le problème sous le tapis ». Oui à la confrontation des idées, mais au niveau local, là où l’extrême droite est active, préconise-t-il. Un avis largement partagé par le chef de l’opposition conservatrice, Bo Lundgren. À l’autre bout de l’échiquier politique, l’extrême gauche, adversaire historique des groupes fascisants, refuse également le principe de l’échange direct. « Il est hors de question de donner aux démocrates de Suède un statut qu’ils n’ont pas », affirme Lars Ohly, député et membre de la direction du Parti de gauche (Vaenster, ex-communistes). Les perspectives électorales pour l’extrême droite ne sont pas alarmantes à moyen terme, ajoute-il. Selon lui, les formations modérées (centristes et conservateurs) ont toujours absorbé les tendances extrêmes dans le passé. À quelques exceptions près, celles-ci ne sont même plus présentes aujourd’hui au sein de ces partis. Il n’en reste pas moins que les succès électoraux de leurs partis frères en Autriche, au Danemark et en France ont « décomplexé » les démocrates de Suède qui n’hésitent plus désormais à investir les « forums » public et médiatique. Certains s’en inquiètent, qui ne manquent pas de souligner que la stratégie de conquête des jeunes par le SD exige un effort d’explication et de pédagogie. À cet égard, Vaenster a lancé une batterie d’actions de terrain en s’engageant par exemple à répliquer dans les 24 heures aux réunions tenues par l’extrême droite sur les places des villes ou villages ou aux abords des établissements scolaires. Les « fronts démocratiques » locaux, à l’image de ce qui se fait à Karlskrona – une ville du sud-est où l’extrême droite est bien implantée –, pourraient se multiplier dans l’avenir.
Les responsables suédois s’interrogeaient cette semaine sur l’attitude à adopter face à la progression des mouvements nationalistes en Europe et le meurtre du Néerlandais Pim Fortuyn qui ont semblé revigorer, à quatre mois des législatives, une extrême droite cantonnée aux profondeurs électorales et médiatiques. Le président du Parti du peuple (libéral), Lars Leijonborg, a jeté...