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TURQUIE - Inquiétudes sur la santé chancelante d’Ecevit
le 09 mai 2002 à 00h00
Ses mouvements sont raides et presque mécaniques, il a parfois besoin du soutien d’un de ses gardes du corps, et les propos confus qu’il tient souvent en public rajoutent à l’inquiétude sur l’état de santé du Premier ministre turc Bülent Ecevit, 76 ans. Les observateurs soupçonnent que ses médecins le «dopent» aux stéroïdes pour qu’il puisse travailler. Et pourtant, il apparaît indispensable. L’homme malade qui dirige la Turquie représente la continuité et la stabilité à Ankara – deux denrées rares dans la vie politique turque. Mais sa récente hospitalisation le week-end dernier a soulevé une onde de choc et ramené une question lancinante : que se passera-t-il s’il doit démissionner ? À en croire la version officielle, il n’y a aucune raison de paniquer. M. Ecevit a été soigné pour une bénigne infection intestinale et se repose pendant quelques jours. Mais cette explication ne rassure pas vraiment et à l’ouverture des marchés lundi, les cours de la bourse ont chuté et la livre turque a perdu du terrain face au dollar. Un avant-goût de ce qui se passerait si M. Ecevit devenait incapable de gouverner. Présent depuis près d’un demi-siècle sur la scène politique turque, il dirige depuis 1999 la coalition la plus durable de l’histoire de la Turquie. Son autorité est un élément clef de la cohésion entre des membres aussi disparates que son parti de gauche nationaliste, les conservateurs proeuropéens de Mesut Yilmaz et les extrémistes de droite hostiles aux réformes de Devlet Bahçeli. Sans M. Ecevit, la coalition pourrait rapidement éclater, entraînant des élections anticipées, sûre recette pour une nouvelle crise économique. Le fait qu’il soit irremplaçable est aussi lié au fonctionnement peu démocratique des partis politiques turcs. Le Premier ministre considère son parti de la Gauche démocratique (DSP) comme un fan club pour lui et sa femme Rahsan, qui en est la vice-présidente. Il ne tolère aucune opposition et n’a jusqu’ici désigné aucun dauphin. Sans sa bénédiction, nul ne peut se poser en successeur. Or, le chef du gouvernement ne manifeste aucune intention de prendre sa retraite. Il continue donc à exercer son mandat bien qu’il passe pour être gravement malade depuis des années. La presse turque glisse ici ou là qu’il est atteint d’un cancer ou de la maladie d’Alzheimer. Ses médecins assurent qu’il suit un traitement à la cortisone contre la myasthénie, une maladie musculaire liée à un dysfonctionnement dans la transmission des impulsions nerveuses vers le muscle. De toute évidence, M. Ecevit prend des médicaments très forts. Une «vraie torture» pour un homme en mauvaise santé, selon le rédacteur en chef du quotidien de langue anglaise Turkish Daily News. Autrement dit: un «dopage» pour le bien de la République. Pour l’heure, il reste en selle et va peut-être prendre des vacances — il va demander à sa femme, a dit M. Ecevit à sa sortie de l’hôpital. Il est en tout cas franchement douteux qu’il accepte la proposition lancée par son ministre de la Santé Osman Durmus après son séjour en clinique: que tous les dirigeants politiques se soumettent deux fois par an à un contrôle médical approfondi dont les résultats seraient rendus publics.
Ses mouvements sont raides et presque mécaniques, il a parfois besoin du soutien d’un de ses gardes du corps, et les propos confus qu’il tient souvent en public rajoutent à l’inquiétude sur l’état de santé du Premier ministre turc Bülent Ecevit, 76 ans. Les observateurs soupçonnent que ses médecins le «dopent» aux stéroïdes pour qu’il puisse travailler. Et pourtant, il...
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