Actualités - ANALYSE
Politique monétaire - Duisenberg sceptique quant à une inflation sous les 2 % La Banque centrale européenne maintient son taux d’intérêt directeur à 3,25 %
le 03 mai 2002 à 00h00
La Banque centrale européenne a laissé hier planer la menace d’un resserrement d’ici à quelques mois de sa politique monétaire en raison d’un reflux moins rapide que prévu de l’inflation, mettant notamment en garde les syndicats à la veille d’une grève en Allemagne. Lors de sa réunion mensuelle à Francfort, le conseil des gouverneurs a maintenu sans surprise son taux d’intérêt directeur à 3,25 %, niveau auquel il est fixé depuis le 8 novembre. Mais le président de l’institut, Wim Duisenberg, a assez nettement durci son discours lors de la conférence de presse qui a suivi. «Les perspectives concernant la stabilité des prix semblent être assez moins favorables qu’à la fin de l’année dernière», a prévenu le Néerlandais, en parlant d’«incertitudes plus grandes que jamais» sur le front des prix. Fait notable : il a pour la première fois, aussi clairement, émis des doutes quant à la possibilité de voir le taux d’inflation de la zone euro, mesuré chaque mois en glissement annuel, revenir rapidement sous le seuil de 2 %, limite maximale souhaitée par l’institut monétaire. Ce taux, que la BCE a pour mission première de contenir, est ressorti à 2,2 % en avril, selon une récente estimation d’Eurostat, contre 2,5 % en mars. «Sur la base des informations actuelles, il est encore possible que les taux d’inflation reviennent sous les 2 % dans les prochains mois. Néanmoins, cela est fortement dépendant de l’évolution des prix du pétrole», a fait valoir M. Duisenberg, en parlant de «déceptions» dans ce domaine. Autre hypothèque aux yeux de la BCE, le risque d’un dérapage des augmentations de salaires consenties à la suite de la flambée des prix énergétiques, de nature à nourrir une nouvelle spirale inflationniste. «L’issue de négociations salariales en cours dans certaines régions de la zone euro pourrait devenir une source de préoccupation», a-t-il averti. M. Duisenberg s’exprimait juste après que le syndicat allemand de la métallurgie, IG Metall, eut annoncé le déclenchement, dès lundi, d’une grève dure dans la première économie de la zone euro pour soutenir une revendication de revalorisation salariale d’au moins 4 %. «La BCE a voulu mettre en garde les syndicats, et en particulier IG Metall, pour lui dire que s’il campe sur une position dure, elle pourrait également faire preuve de fermeté» en remontant ses taux pour la première fois depuis octobre 2000 pour contenir les prix, analyse Rainer Guntermann, économiste de Dresdner Kleinwort Wasserstein. «Je crois qu’elle a voulu dire qu’elle était prête à défendre la stabilité des prix, même si la croissance n’est pas encore pleinement repartie», ajoute-t-il. «M. Duisenberg a paru davantage préoccupé par les perspectives d’inflation. Tout dépend à présent de l’issue de négociations salariales avec IG Metall», renchérit Guillaume Menuet, de l’institut 4Cast. Si elle est inquiète, la BCE ne paraît pas toutefois ouvrir la porte à un relèvement imminent de ses taux, dès sa prochaine réunion, début juin, par exemple. Même si d’autres banques centrales, celles du Canada, de Nouvelle-Zélande et, en Europe, de Suède, ont déjà emprunté ce chemin. Dans la zone euro, la croissance est encore trop balbutiante et l’évolution du prix du pétrole encore trop incertaine. La banque ne veut pas prendre le risque de tuer dans l’œuf la reprise, après avoir été continuellement accusée l’an dernier de réagir trop tardivement au ralentissement économique. Mais elle semble vouloir prendre date. «Le pronostic à présent est de voir un relèvement des taux avancé d’un ou de deux mois», estime M. Menuet. Il devrait intervenir «plutôt au troisième trimestre, qu’au quatrième», ajoute M. Guntermann.
La Banque centrale européenne a laissé hier planer la menace d’un resserrement d’ici à quelques mois de sa politique monétaire en raison d’un reflux moins rapide que prévu de l’inflation, mettant notamment en garde les syndicats à la veille d’une grève en Allemagne. Lors de sa réunion mensuelle à Francfort, le conseil des gouverneurs a maintenu sans surprise son taux...
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