Actualités - ANALYSE
Pakistan - L’absence de listes électorales a laissé le champ libre aux votes multiples Faible participation au référendum sur le maintien de Musharraf au pouvoir (photo)
le 01 mai 2002 à 00h00
Les Pakistanais ont voté mardi sur le maintien au pouvoir pour cinq ans du général Pervez Musharraf, dans un référendum marqué par de nombreux cas de fraude, votes multiples par exemple, et dont la participation, très faible selon l’opposition, constitue l’unique enjeu. Le général Musharraf, qui s’est emparé du pouvoir par un coup d’État en octobre 1999, espère par cette consultation renforcer son emprise sur le pays et s’assurer un soutien populaire dans la perspective des élections législatives qu’il a promis d’organiser en octobre. Mais l’opposition, qui avait appelé au boycottage, a immédiatement crié victoire, annonçant une participation ridiculement basse et demandant «la démission du général Musharraf». Dans les grandes villes, comme Karachi (sud) ou Lahore (est) et dans plusieurs bureaux de vote d’Islamabad, la capitale, pavoisée à l’effigie du général, peu d’électeurs semblaient avoir répondu à l’appel, selon des correspondants de l’AFP. À l’exception des bâtiments gouvernementaux où le vote des fonctionnaires avait été minutieusement organisé. En différents endroits du pays, des journalistes ont constaté des cas de fraude avérée, comme à Karachi, où un homme a raconté qu’il avait voté huit fois, effaçant à chaque fois l’encre en théorie indélébile marquant le pouce de chaque électeur. «J’ai voté huit fois, ce n’était pas très difficile d’enlever l’encre. C’était vraiment drôle», a raconté cet électeur, Nawaz Bhutto. Pour seule garantie de transparence, des observateurs gouvernementaux étaient postés dans les bureaux de vote, où les électeurs, la plupart visiblement acquis au général, pouvaient voter sur présentation de n’importe quel document, la carte d’identité n’étant pas requise. Mais un étudiant de Karachi, Javed Ahmed, âgé de 17 ans et donc trop jeune, a déclaré avoir voté deux fois. «J’ai pris le risque pour m’amuser et ils ne m’ont même pas demandé ma carte d’identité ou toute autre pièce», a-t-il raconté. Musharraf « confiant » Se disant «plein d’espoir», «confiant», le général Musharraf, en tenue décontractée, a déposé son bulletin à Rawalpindi, ville de garnison près d’Islamabad. Le chef de l’État, militaire à la brillante carrière, âgé de 58 ans, reconverti en politique après le coup d’État du 12 octobre 1999, autoproclamé président en juin 2001, a estimé que l’opposition n’avait pas la capacité de mobilisation capable de le mettre en danger. Pour encourager la participation des 70 millions d’électeurs de plus de 18 ans – un Pakistanais sur deux – le gouvernement avait installé 87 000 bureaux de vote dans les écoles, les bâtiments publics, les usines, les gares et les aéroports, qui ont fermé vers 19h00, dans l’attente des premiers résultats aujourd’hui. Mais l’opposition s’est insurgée contre les méthodes employées : absence de listes électorales laissant le champ libre aux votes multiples et truquages de chiffres, mobilisation forcée de fonctionnaires, campagne menée sur fonds publics pendant que les partis opposés au régime n’ont pas le droit de réunion publique. Principale figure de l’opposition, en exil et accusée de corruption, l’ancien Premier ministre Benazir Bhutto a néanmoins annoncé dans un entretien à la presse pakistanaise publié mardi qu’elle comptait faire son retour politique et se présenter aux législatives d’octobre, même si elle devait être arrêtée. Mardi soir, son parti, le Parti du peuple pakistanais (PPP), avançait un chiffre de «six pour cent» de participation. «Risible», a rétorqué le ministre de l’Information Nisar Memon, alors que les autorités espèrent une participation de 30 % en signe de soutien au général Musharraf, et que l’absence de tout registre officiel rend les chiffres invérifiables. «Partout, même dans les régions les plus éloignées, les gens ne sont pas allés voter. Seuls les fonctionnaires et les prisonniers ont été obligés de voter», a affirmé Nawabzada Nasrullah Khan, chef de l’Alliance pour la restauration de la démocratie (ARD), qui rassemble les principaux partis opposés au régime.
Les Pakistanais ont voté mardi sur le maintien au pouvoir pour cinq ans du général Pervez Musharraf, dans un référendum marqué par de nombreux cas de fraude, votes multiples par exemple, et dont la participation, très faible selon l’opposition, constitue l’unique enjeu. Le général Musharraf, qui s’est emparé du pouvoir par un coup d’État en octobre 1999, espère par cette...
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