Actualités - ANALYSE
Le Premier ministre israélien a fini par céder aux injonctions US Sharon découvre les limites de sa liberté d’action face aux États-Unis
le 01 mai 2002 à 00h00
L’acceptation forcée par le Premier ministre israélien d’un plan américain pour lever le siège de Yasser Arafat à Ramallah illustre les limites de la liberté de manœuvre d’Ariel Sharon vis-à-vis de Washington qui lui avait jusqu’alors donné plus ou moins carte blanche. «Tout Premier ministre israélien tient un bout de corde dont l’autre extrémité est tenue par le président des États-Unis», expliquait l’éditorialiste du quotidien israélien Yediot Aharonot, Nahum Barnea. «La corde est longue. Elle peut être tirée ou relâchée. Le grand mystère consiste à savoir quand le jeu est terminé et quand le moment est venu de baisser la tête et de se soumettre», poursuivait-il. Pour M. Sharon, ce moment s’est semble-t-il produit ce week-end, lorsque le président George W. Bush l’a appelé pour lui proposer un compromis difficile à refuser afin de mettre fin au siège de la Moukataa, le quartier général du leader palestinien à Ramallah, et rendre à ce dernier sa liberté de mouvement, dont il est privé depuis le 3 décembre. «Céder au président des États-Unis n’est peut-être pas glorieux, mais cela fait partie de l’héritage», ajoutait M. Barnea, dans une allusion à certains prédécesseurs de M. Sharon qui ont, eux aussi, dû abdiquer face aux intérêts stratégiques américains. Le fait que M. Sharon ait «cédé au diktat américain reflète les limites de la marge de manœuvre d’Israël», a déclaré Shlomo Slonim, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem. C’est la première fois que l’Administration du président George W. Bush exerçait des pressions aussi fortes et visibles sur M. Sharon. Depuis que M. Sharon a accédé au pouvoir, en mars 2001, et jusqu’à ce week-end, la Maison-Blanche avait, en effet, évité de lui forcer la main, provoquant des protestations du monde arabe. M. Bush lui avait certes personnellement demandé début avril de mettre fin «sans délai» à l’offensive militaire israélienne dans les Territoires, mais le chef du gouvernement israélien avait ignoré cet appel et fait traîner les choses. Le secrétaire d’État Colin Powell avait ensuite effectué une visite en Israël et dans les Territoires pour tenter d’amener les deux parties à conclure un cessez-le-feu, mais avait échoué, le refus de M. Sharon d’ordonner un retrait de l’armée des villes autonomes palestiniennes réoccupées rendant cela impossible, selon ses propres dires. Le tournant semble avoir été la visite la semaine dernière aux États-Unis du prince héritier saoudien Abdallah ben Abdel-Aziz. L’un de ses conseillers avait alors averti qu’en refusant de faire pression sur M. Sharon pour l’amener à retirer ses troupes et en continuant à le soutenir aveuglément, Washington risquait de voir ses intérêts stratégiques profondément affectés dans la région. Le message a visiblement été reçu. Admettant que «la pression sur Israël s’est certainement accrue en raison de la visite du prince héritier d’Arabie saoudite aux États-Unis», M. Slonim souligne cependant que «la sympathie du président Bush et ses sentiments à l’égard d’Israël n’ont pas diminué». L’injonction américaine à M. Sharon de mettre fin au siège de la Moukataa constitue simplement, selon lui, «un reflet de l’urgence avec laquelle les États-Unis envisagent leurs futures options concernant l’Irak». «Je ne vois pas de crise», poursuit M. Slonim, qui préfère parler d’«ajustement dans les relations» entre les États-Unis et Israël. Comme beaucoup en Israël, il se déclare en outre persuadé qu’accepter le compromis américain était amplement justifié par le bénéfice que M. Sharon espère en retirer sur un autre plan, celui de son bras de fer avec l’Onu à propos de la mission onusienne sur le camp de Jénine et le soutien qu’il escompte de Washington sur ce sujet Le gouvernement israélien a maintenu mardi son veto à la venue de cette mission, malgré le risque d’une crise avec l’Onu.
L’acceptation forcée par le Premier ministre israélien d’un plan américain pour lever le siège de Yasser Arafat à Ramallah illustre les limites de la liberté de manœuvre d’Ariel Sharon vis-à-vis de Washington qui lui avait jusqu’alors donné plus ou moins carte blanche. «Tout Premier ministre israélien tient un bout de corde dont l’autre extrémité est tenue par le président...
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