Quatrième roman d’un chirurgien qui manie la plume aussi adroitement et facilement que le scalpel ou le bistouri. Mohammed Taan, depuis 1997 où il a publié son premier livre Arachide, suivi de près par Nostalgie (1999) et L’été du chirurgien (2001), vient aujourd’hui de lancer, dans les devantures des librairies, un nouveau roman intitulé Khawaja (176 pages-L’Harmattan-Écritures Arabes). Ce «monsieur», justement désigné par «Khawaja», ramène le lecteur au cœur des évènements du Liban en 1980. Le conflit confessionnel était alors à son paroxysme. Dans un abri de Beyrouth, un médecin rencontre un vieil homme, ce «khawaja», au passé mystérieux et qui rêve de récupérer une maison dont il a été chassé. Une amitié naît alors entre les deux hommes. On écoute dès lors l’étrange histoire de ce «khawaja» confronté à un destin que la guerre semble menacer. Dédié aux «volontaires de la Croix-Rouge libanaise et à tous ceux de la Croix-Rouge à travers le monde», cet ouvrage de fiction qui prend racine dans la réalité narre avec une écriture sobre et retenue, sur un rythme de conte oriental et de stridente modernité, une tranche de vie d’un pays dont l’avenir est à réinventer. Un pays où se côtoient, se frottent, s’affrontent des femmes et des hommes chrétiens, musulmans, druzes, miliciens ou pacifistes, tous tour à tour acteurs et victimes d’une guerre terrible, absurde, dérisoire, injustifiable. Avec force et pudeur, l’auteur entreprend une courageuse plongée dans «la guerre des confessions» dont il devient malgré lui un acteur à part entière.